lundi, 21 avril 2008

Trajet San Blas/Providencia + Providencia (renseignements pratiques) 22.4.08

Salut les amis,

Lundi 31 mars, à 10h00 nous levons l’ancre, nous quittons les îles San Blas pour Providencia, distante de 275 miles. Les copains s’activent sur leur pont pour nous dire bye bye. On retrouvera certains plus loin, mais pour d’autres c’est nettement moins sûr car nos routes se séparent. Il y aura toujours internet, la BLU et les moyens de communication modernes pour suivre les aventures des uns et des autres.

En cette première journée de navigation, les vents sont plutôt nord-nord-est, ce qui nous fait faire un prés très serré, la mer est encore houleuse, le bateau avance lentement, Bébék Tutu est fidèle au poste, il barre à merveille New Life. Pour l’instant l’allure n’est pas franchement confortable, mais ça ira mieux d’ici quelques heures. Il nous faut reprendre le rythme du large. La ligne est à l’eau. En fin de journée, elle se déroule rapidement, Thierry a de la peine à la remonter, la prise est grosse. Marvin se met à pleurer en pensant qu’on a attrapé un requin. Nous tirons la bête une bonne dizaine de minute afin de la fatiguer et éviter que la ligne ne casse lorsque nous la sortirons. Puis à l’aide du harpon Thierry s’aide pour remonter sur le pont un wahoo de 90 cm. On sait ce qu’on va manger ces prochains jours !



Ce soir par contre personne n’a envie de poisson, nos estomacs sont quelques peu barbouillés et on se rabattra sur une demi boîte de cassoulet, qui n’a même pas un succès énorme, puisqu’il en restera pour le lendemain à midi accompagné de darne de poisson cette fois-ci. Les vents ont tournés nord-est, la mer s’est un peu calmée, on a des creux de 2m maintenant, le bateau plonge moins et on avance mieux. Au souper riz et poisson… bon vous aurez compris vu sa taille on va en manger à chaque repas.

Nous naviguons parmi des milliers d’étoiles, le ciel est magnifique, la mer scintille de partout avec le plancton fluorescent qui s’allume sur le passage du bateau, c’est féérique.

Mardi, c’est le 1er avril, ce n’est pas un gag, Roi Soleil et Stélie 4 sont également partis, nous avons une vacation BLU matin et soir afin de suivre l’avancée de chacun. On se retrouvera à Providencia.

La nuit dernière (mardi à mercredi) n’a pas été de tout repos, nous avons traversé un orage, des coups de vent jusqu’à 30 nœuds ont accompagné la pluie, cela nous a obligé à réduire de la toile, 2 ris dans la grand-voile et un demi génois. Puis plus de vent du tout, que de la houle, on ressort le génois au complet, puis un nouveau coup de vent avec de la pluie oblige le capitaine à rouler à nouveau le génois, puis plus rien, il ressort le tout, puis un nouveau coup de vent… etc. etc., toute la nuit, on est un peu cassé au réveil le lendemain matin, mais le soleil est là, la mer s’est calmée, Marvin émerge avec son cri de guerre : maman, j’ai faim, c’est reparti pour une belle journée, chacun ayant retrouvé son rythme de croisière.

Encore de belles rafales pour terminer à quelques miles au sud de Providencia au moteur car il n’y a plus un souffle d’air… c’est la dure loi de la navigation, personne ne me contredira sur ce point !


Nous remontons l’île par sa côte sous le vent, jusqu’aux bouées qui indiquent l’entrée du chenal de la baie de Catalina. Nous avons le soleil de face, ce qui ne facilite pas la visibilité, mais une fois le balisage du chenal repéré – ici aussi il est inversé, on laissera donc la bouée rouge (babord) sur notre tribord – nous rentrons dans la baie et ancrons devant le village de Santa Isabel.

Nous avons profité du trajet pour nous instruire un peu. L’île de Providencia le long de la côte du Nicaragua, tout comme celle de San Andrés sont sous souveraineté colombienne. Les hollandais ont été les premiers à découvrir ces îles au 16ème siècle. Ils en ont été chassés par les anglais quelques années plus tard, qui ont fait venir des esclaves noirs de la Jamaïque afin de débuter les cultures de tabac et de coton. Les espagnols, irrités par le succès britannique les en ont chassé et ont envahi les îles en 1635. Le célèbre pirate Henry Morgan a établi sa base sur l’île de Providencia en 1670. Vu son point géographiquement stratégique, il était aux premières loges pour arraisonner les navires qui croisaient dans les parages et prendre possession de leur cargaison d’or et de pierres précieuses lorsqu’ils remontaient du Panama. La légende dit que certains de ses butins sont encore enterrés dans l’île. La chasse aux trésors est donc ouverte !


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Tarif des formalités d’entrée et renseignements pratiques

Cruising permit 60 jours incluant la commission de l’agent: 50 US$
Immigration : 20 US$ par passeport

M. Bush, est l’agent maritime en charge à Providencia, il s’occupe des formalités et se déplace à bord avec l’immigration ou on lui rend visite à son bureau. Il est atteignable par VHF canal 16.

Il est possible de faire son entrée à San Andrès, et sa sortie à Providencia. Les 20 US$ par passeport (taxe gouvernementale) ne seront à payer qu’une seule fois, par contre la commission de l’agent sera à payer dans les deux îles.

- Possibilité de remplir les bouteilles de gaz en passant par Mr Busch (bouteilles américaines). Pour les camping-gaz bleues, même en fournissant le bon embout, ce n’est pas possible de les remplir.
- Possibilité de faire du fuel également, en se rendant à la station sur la route principale. Il faut bidonner.
- Possibilité de faire de l’eau en demandant au bar qui fait l’angle à droite du ponton à dinghis. Là aussi il faut bidonner.

A gauche du ponton à dinghis, retraits possibles au distributeur avec cartes bancaires. Deux banques en ville, plusieurs supermarchés, certains acceptent les cartes de crédit, cybercafés, ou wifi sur la place en prenant son portable.

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La partie officielle terminée, nous avons tout le loisir pour découvrir l’île de la Providence. Dès nos premiers pas à terre, nous sommes complètement déboussolés et saoulés ; on ne sait plus où regarder, ça circule, ça bouge de partout, les motos et scooters pétaradent, les voitures klaxonnent, les marteaux piqueurs sont en pleine action, une canalisation a sauté et tout le monde s’active pour la réparer et refaire la route. Que de bruit ! Nous avions perdu l’habitude de la civilisation dans nos îlots des San Blas ! On s’assied vite sur une terrasse, il est urgent de prendre un pot et de simplement regarder ce qui se passe alentours.



Arrivés, ce matin, nous avons eu toute la journée pour nous reposer, lorsque nous voyons Roi Soleil et Stélie pointer leurs étraves à l’horizon en fin de journée, nous les appelons en VHF et leur proposons de souper à bord, il y a encore du wahoo que je vais cuisiner en ratatouille avec du riz. Roger et Christine trop fatigués et encore un peu barbouillés préféreront aller se coucher, Gigi et Lulu seront tout heureux de mettre les pieds sous la table. Ils ont essuyé des grains et des coups de vent encore toute la journée, rendant pénible leur trajet. C’est vrai que, bien ancrés, nous avons pensé à eux aujourd’hui en voyant le temps maussade et les rafales qui s’en donnaient à cœur joie. On a eu cette fois-ci une longueur d’avance et avons subi cette mauvaise météo qu’une nuit, mais il faut dire qu’on était parti un jour plus tôt.

Marvin est tout content, il peut enfin utiliser la trottinette que le Père Noël lui avait apportée, il se régale de glaces, de chocolat et de bonbons.



Le samedi une des attractions de l’île c’est la course de chevaux. Nous nous rendons à Pueblo Viejo pour assister à l’une de ces compétitions. 5 ou 6 chevaux étaient présents (c’est loin d’être Longchamp), mais la distraction était agréable. Les chevaux, montés à cru, s’élancent, seuls ou à deux le long des plages, au plus grand amusement des islois qui font quelques paris.



Nous quitterons la plage après les courses, en voyant arriver plusieurs pitbulls que leurs propriétaires s’empressent de montrer leurs exploits. Un de ces chiens a décortiqué une noix de coco dans sa boque en moins de 30 secondes, avec la seule force de ses mâchoires, puis son maître, le fait grimper à un arbre. Fier des capacités de sa bête, il n’hésite pas à provoquer un autre pitbull, sous les encouragements des personnes présentent afin qu’il la laisse aller pour le combat. Nous ne voulons pas assister à ce genre de spectacle ni savoir si combat de chiens il y a, nous préférons nous retirer,…



… rentrant à pied, afin d’admirer les habitations colorées, style créole du coin.



La vie est « cool » à Providencia. Les gens sont super accueillants et toujours prêts à rendre service, à nous renseigner en entamant un brin de causette, à nous offrir un lift en voiture jusqu’à leur destination. Aucune agressivité, le temps coule comme un long fleuve tranquille et personne ici ne se prend la tête. L’espagnol et l’anglais sont appris dès le plus jeune âge ce qui fait que tout le monde ici est bilingue, voire tri, car il faut y ajouter le créole du coin, ce qui donne un mélange d’anglo-espano-créole, qui est difficile à capter, mais on se débrouille très bien avec les deux autres langues.

Depuis une quinzaine que nous sommes dans les parages, les gens commencent à nous reconnaître et c’est des poignées de mains dans la rue, des signes amicaux ou des bavardages à chaque occasion qui se présente. Pour visiter l’île, qui n’est pas très grande, on se déplace en « collectivo » gros 4x4 avec pont arrière ouvert qui nous emmène où on le souhaite pour 2'500 pesos (1,25 US$) quelque soit la longueur ou la durée de la course (ils ne prennent pas beaucoup de risque puisque l’île ne fait que 16 km dans sa longueur !). Il suffit de sauter à l’arrière et cheveux au vent de se laisser vivre, la musique du pick-up diffusant à plein volume du Bob Marley.

Un jour nous enfourchons des motos, avec chauffeur, Marvin et son papa comme passagers d’une moto et moi d’une autre où j’ai tout juste la place pour m’asseoir tant ma conductrice a de l’embonpoint. Il est fréquent de voir passer des motos ou scooters avec 3 ou 4 personnes à dessus, le port du casque n’est pas obligatoire, de toute manière il fait trop chaud. Nous nous retrouverons à la plage de Manzanillo au sud de l’île où Marvin s’en donnera à cœur joie avec un pneu attaché à un cocotier, que son papa élance à la surface de l’eau.



L’école le matin, internet ensuite, afin de mettre à jour le blog et de répondre aux 160 e-mails qui nous attendaient dans la boîte aux lettres, je passe quelques heures assise sur un coin de trottoir pour bénéficier du wifi qui selon les jours passe plus ou moins bien. On en profite pour contrôler la météo et nous décidons de lever l’ancre d’ici 2 jours. Nous l’annonçons aux copains. Lulu, nous dit, tu fais comme tu veux, nous on ne bouge pas, as-tu vu le front froid qui descend ? Nous ne l’avions pas remarqué sur les cartes météo et mal interprété ces dernières. Nous changeons d’avis préférant écouter la voix de la sagesse. Bien nous a pris, puisque ce front froid avec du vent soutenu nord-est et une houle importante, descend jusqu’à Panama. Nous sommes dans sa trajectoire.

De la pluie et un temps gris ne suffiront quand même pas à faire le plein de nos réservoirs, il nous faut bidonner. Le capitaine se bloque le dos en faisant un faux mouvement en montant l’eau à bord avec les jerricans, il est HS depuis deux jours et se repose. Le soleil pointant à nouveau son nez on décide avec le moussaillon d’aller faire une balade en forêt, sur l’île de Catalina,



histoire de voir le mouillage d’en haut, de cueillir quelques fruits en forêt, de se dégourdir les jambes…



… chemin faisant nous apercevons de beaux épineux, une termitière énorme, une araignée pas triste non plus, ainsi que quantité de lézards et d’iguanes,



pour ce qui est des fruits, nous rentrons bredouilles. Qui sait la prochaine fois serons-nous plus chanceux.

Roger et Christine lancent l’idée d’un barbecue viande cette fois-ci pour changer du poisson. Tout le monde est partant et on se retrouve sur la plage.



Une balade à Aguadulce nous fait rencontrer Maria ; une française, bourlingueuse, qui a décidé de poser son sac dans cette île paisible avec son mari il y a quelques années. Veuve depuis peu, elle continue à exploiter sa petite boutique de souvenirs, d’artisanat local, elle fait également librairie, échange de bouquins (en français notamment), ce qui nous permet de refaire un plein de lecture nouvelle.



Nos narines sont attirées tout à coup par une odeur que nous décidons de suivre. Au milieu d’Aguadulce, de la canne à sucre est broyée, puis chauffée dans de grandes bassines, écumée, réduite, mélangée à de la coco, elle fera d’excellents petits gâteaux. Nous suivons le procédé avec intérêt en goutant, avant qu’il ne soit chauffé, de ce jus succulent avec des glaçons. Vu la couleur du gobelet qui nous est offert, Marvin préfère s’en passer en disant qu’il n’a pas vraiment soif.



Nous profitons de refaire un plein du bateau avec des denrées qui commençaient à manquer. Quelques gros chargements de boissons et de boîtes. Je refais un peu de conserves de viande. Il est toutefois difficile de refaire un plein de fruits et légumes frais car leur fraîcheur laisse souvent à désirer. Tout est conservé dans des réfrigérateurs, ils sont hors de prix et personne n’en achète vraiment ou par petite quantité, ce qui fait qu’il n’y a pas de tournus. Quant au respect de la chaîne du froid pour les charcuteries, il nous laisse sceptique lorsqu’on voit des paquets de jambon prêts à éclater tant ils sont bombés.

Partant pour une balade, hier nous apprenons qu’une fête de la musique et de la culture est organisée au village de Casabaja. L’hésitation n’est pas longue, nous changeons nos plans, avertissons les copains restés à bord et sautons dans un collectivo pour nous rendre à Casabaja…

Arrivés sur place, c’est un petit concert, sans prétention aucune où des groupes musicaux se succèdent dans une ambiance bon enfant. Nous passons un super moment et découvrons un nouvel instrument : la mâchoire de cheval. On en joue en frottant une baguette de bois afin de faire résonner les dents. Chacun se laisse emporter par la musique, les pieds tapent la mesure, le rythme est bon, certains s’élancent pour quelques pas de danse…



…puis c’est le silence total lorsque le « papi », qui était assis dans un coin, sa guitare en main, prend place au milieu de la salle et gratte quelques morceaux. C’était tout simplement émouvant.



Samedi 19 avril, l’île est en effervescence, un cruising line a jeté l’ancre au large, les chaloupes y emmènent leur lot de touristes. Des étales avec l’artisanat local sont montés, des peintres sont installés un peu partout, les collectivos et taxis attendent en file indienne pour embarquer du monde et leur faire visiter l’île. Dans un petit resto, près du point de débarquement, les groupes musicaux de la veille sont venus eux aussi faire découvrir leurs rythmes endiablés… malheureusement dans la plus grande indifférence de ces touristes trop pressés pour apprécier leur voyage à sa juste valeur.

Le lendemain, nous partons à 3 dinghis (par mesure de sécurité car la mer est houleuse sur la côte au vent) pour faire le tour de l’île de Catalina et monter à travers la végétation luxuriante Au tournant de la première pointe, un rocher à visage humain…



…dans une autre baie, nous laissons les dinghis sur ancre et partons en balade, jusqu’à la maison du « mafioso ». Un trafiquant de drogue qui s’était fait construire une belle demeure, avec piscine, tout en haut de Catalina. Il s’est fait prendre pour trafic il y a une vingtaine d’année et sa maison est à l’abandon depuis.




Depuis deux jours les prévisions météo s’améliorent et seront calmes pour la semaine en cours. Nous lèverons l’ancre demain matin le 22 avril pour Guanaja, au Honduras. C’est de là que je vous retrouverai et vous donnerai d’autres infos.

Mais d’avance merci de ne pas envoyer des dizaines de courriers si vous n’avez pas de nos nouvelles immédiatement. Le trajet peut durer 4 jours comme une semaine, voire plus, si nous nous arrêtons en route sur les cayos Vivorillo ou Cojones et décidons d’y prendre du bon temps. Tout dépendra du vent favorable ou des conditions de navigation que nous aurons. Tout comme moi vous connaissez le dicton : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

Avec nos meilleures pensées à tous. Les New Life en balade

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