mardi, 21 avril 2009

Des Abacos (Bahamas) à St-Thomas (USVI) le 21 avril 2009

Salut à tous,

Une fois notre entrevue avec Brigitte, l’officier d’immigration de Green Turtle et les formalités terminées, nous pouvons profiter d’aller et venir dans les îles sans soucis en cas de contrôle. Un saut au bureau de poste (dans le même bâtiment), pour renvoyer nos cartes d’immigration US afin d’attester notre sortie du territoire américain. Nous sommes en règle.

Green Turtle est une jolie petite bourgade aux maisons colorées. Des golfs cars arpentent les ruelles, sans bruit, sans pollution. C’est agréable. Les habitants sont tout sourire et prêts à entamer un brin de discussion. Il y a trois minis-market, on y trouve de tout, mais vaut mieux connaître et contrôler ses prix avant les achats. Certains produits sont trop chers, spécialement les fruits et légumes, le pain, d’autres sont tout à fait raisonnables, pas plus chers que dans les Caraïbes. Le rhum quant à lui ne coûte que 8$ la bouteille. Incroyable, le Coca-Cola est presque plus cher ! Le capitaine va-t-il se mettre à boire du rhum ? J’en doute !



Des cris d’enfants dans la rue, chouette Marvin se réjouit déjà. Sur la place du village, un groupe de gamins locaux (des grands) font une partie de basket-ball. Trois plus petits sont en bordure de terrain, tapent eux aussi dans un balle. Ce sont certainement des américains en vacances car, ils sont aussi blancs qu’un verre de lait. On s’assied sur un banc, laissant le temps à notre moussaillon de prendre la température et d’aller au devant d’un petit gars de son âge.

- « You want to play with me ? » lui demande-t-il gaillardement.
Et le petit gars de lui répondre :
- « No »
Voyant ma mine surprise le petit gars me dit :
- « I think, I didn’t understand what he said »
Je répète donc juste les paroles de Marvin en lui disant qu’il voudrait bien jouer au ballon avec lui.
La réponse ne tarde pas :
« It’s not my ball and I don’t want to play with him anyway !»

Marvin est bien déçu vous pouvez l’imaginer. On reste encore un moment laissant le temps aux enfants de faire connaissance, mais rien n’y fait. Allez, on continue notre balade, on trouvera bien des enfants plus sympas ailleurs.

C’est déjà la fin de l’après-midi, on retourne à bord en se disant que demain sera propice à de nouvelles rencontres.

Mais le lendemain on apprend en écoutant la VHF qu’un front passera sur les Bahamas dans la nuit et se poursuivra jeudi. Un autre front suit pour la fin de semaine. Une vingtaine de miles nous séparent de Marsh Harbour, nous décidons donc de partir de Green Turtle, de passer le Whale Passage avant les fronts - car ce passage n’est pas praticable si la mer est formée – pour aller à Marsch Harbour qui est une ville plus grande avec plus d’activités. Si nous devons être bloqués quelques jours, autant l’être là-bas.

Notre tirant d’eau ne nous permet pas de rester sous le vent des îles pour nous y rendre, nous devons sortir sur la côte au vent, pour éviter deux hauts-fonds. Cette sortie n’est pas longue, juste 3 miles, mais vaut mieux l’entreprendre par bonnes conditions. La mer déferle rapidement dans le Whale Passage, puisque tout l’océan s’y engouffre et que les fonds remontent de plus de 200 m. à 5 ou 6 m. Cette passe n’est pas impraticable par fort vent d’Est c’est certain.



Partis et arrivés dans la même journée à Marsh Harbour, nous ancrons dans la baie principale où une quarantaine de bateaux sont venus se protéger au vu des conditions météo annoncées.

La « ville » est plus grande, on y trouve de tout, ça circule (à gauche), il y a même un carrefour avec des feux de signalisation ! Une laverie, un gros supermarché Price Right, quelques superettes locales, des magasins d’hardware, dépôt de boissons (hors taxe pour l’alcool, le Coca-Cola lui est 30% plus cher) poste, librairie, photocopieur grand format (pour les cartes marines) chez Key architectes au Dove Plaza, restaurants, bars, marinas, hôtels, aéroport, etc, tout y est.



Découvrant les environs, nous visitons notamment la boutique de Donald Wood, un ancien navigateur, original, qui s’est installé ici il y a quelques années de cela. Sculpteur, graveur, créateur de bijoux, il vit de son art. Don, nous donnera quelques conseils - en laissant parler ses souvenirs - pour fabriquer quelques objets simples et les vendre afin d’ « abreuver » la caisse du bord, ce qu’il faisait avant de perdre son bateau dans la baie, lors du passage du cyclone Floyd.



Il ne fait pas très chaud, les fronts passent en nous emmenant de belles bourrasques de vent (25/30 nœuds) ainsi que de la pluie, qui est une aubaine pour les îliens qui n’avaient pas vu une goutte depuis près de 5 mois. Nous en profitons aussi pour faire le plein grâce à une bâche que l’on étend sur le cockpit. L’eau récupérée passe à travers un filtre 30 microns et se déverse directement dans les réservoirs.



Il faut à peine 3 heures pour capter 100 litres d’eau. On sort tous les récipients possibles baquets, les bidons, etc. Quand ça tombe, ça tombe !

Comme il pleut des cordes, que tout est plein à bord, on laisse l’eau s’écouler dans les éviers de la cuisine, ça me fait de l’eau courante pour la journée, je ne me prive pas de faire ce qu’on appellerait chez nous les « nettoyages de printemps ».

Le lendemain, il ne fait pas très chaud, mais le soleil est à nouveau de la partie. Nous partons en balade, sommes accompagnés, au plus grand plaisir de Marvin, par un gentil toutou.



Sur la route, un panneau tout-à-fait insolite nous laisse perplexe. Fermez les yeux une minute, imaginez, la mer turquoise,…


… une plage de sable chaud, bordée de cocotiers,…



… et ce panneau ! ça ne vous fait pas sourire, vous qui avez eu un hiver rude ?



Nous passons encore quelques jours à Marsh Harbour, puis nous retournons à Manjack pour dire au revoir à nos amis de Roi Soleil, de Maïlys, ainsi qu’à Bill et Leslie qui nous on accueilli si sympathiquement sur leur île.



Bill, qui avait aidé Marvin à attirer des petits oiseaux dans sa main, …



… a cette fois-ci, installé un toboggan pour qu’il puisse s’en donner à cœur joie depuis leur ponton. Il aura fallu quelques essais – en étant sûr qu’ils seraient arrêtés par maman - avant que notre petit gars ne s’élance dans l’eau, papa quant à lui étant prêt à le réceptionner après le saut avec le bateau de Bill, vu la hauteur pour rejoindre le ponton. Une belle partie de rigolade pour tous.



Avant de quitter Manjack, il nous faut aller encore une fois – c’est trop beau - nous balader sur la côte au vent. Pendant que nous humons à plein poumons l’iode et apprécions les couleurs,…



… Marvin lui s’invente toutes sortes d’aventures; prétendant qu’il est un tigre au repos après un succulent repas dans la jungle ou s’installant confortablement devant un poste de TV échoué sur la plage, quelques boissons à portée de main, regardant un film avec ses héros préférés.



Un petit abri nous invite au repos. Nous contribuerons à la « déco » locale en amenant deux casques de chantier, une balise, et quelques bouteilles ramassées sur la plage lors de notre balade.



Lundi 30 mars nous quittons la joyeuse compagnie de Manjack pour retourner à Marsh Harbour afin d’être prêts à faire feu, dès que les vents tourneront N pour continuer notre route vers le sud, destination Curaçao pour y travailler et refaire une caisse de bord. Nos soucis d’inverseur nous ont trop coûté, nous n’avons pas trouvé de travail aux USA et nous en trouverons encore moins ici. Nos doutes se confirment, nous sommes trop tard dans la saison, une grande partie des navigateurs commencent à remonter aux USA, Canada, pour le printemps et l’été profitant du régime de vent SE.
De plus, cette année il y a 40 à 50 % moins de navigateurs aux Bahamas que les années précédentes. Les marinas sont loin d’être pleines. Vous me direz qu’avec la crise et les prix pratiqués par certaines : 100$ la nuit + eau et électricité ou encore 2$85 le pied, cela se comprend. De plus ceux qui s’offrent ce luxe, peuvent sans soucis payer les services disproportionnés des artisans locaux.

Le hic et le gros dilemme à bord, c’est faire route au large, en partant avec les fronts en profitant des vents soutenus S-SW au devant du front, virant ensuite W-NW et gagner du terrain à l’Est ou continuer à descendre par les îles sur les Exumas, les Turks and Caïcos, la République Dominicaine, Puerto Rico afin de rejoindre Curaçao en empruntant le Mona Passage. Le capitaine penche pour le large, je suis bien évidemment pour le contraire, voulant profiter de visiter les Bahamas tant qu’à faire, puisqu’on y est enfin !

Bref ce n’est pas simple. On a beau consulter les « Pilots Charts », lire Passage Sud, s’enrichir des expériences des uns et des autres, il faut l’admettre la météo cette année est bizarre, l’eau est froide, on supporte une « petite laine » à partir de 17h00 et le duvet la nuit, c’est tout dire ! De plus, on ne devrait pas avoir de si longues périodes de vent SE. En avançant dans la saison, les fronts se feront plus rares, donc encore moins d’opportunités. Mais bon, on peut penser positivement et croire que ça changera dans les semaines à venir, tout en avançant par sauts de puce. Le capitaine lui, est plus sceptique.

Je commence à souffrir sérieusement d’inaction, jour après jours les mêmes discussions, sans qu’une décision ne soit prise. On visite d’autres îles ? On part ? On prend une décision ? Allez il faut qu’on se bouge !

Par chance nous rencontrons un sympathique couple, avec leur neveu Maxwell, qui ont envie de faire un tour dans la baie, histoire de monter une fois sur un voilier. Un petit copain pour Marvin et quelques bords dans la baie en leur compagnie jusqu’à Man-of-War, Great Guana et retour dans l’après-midi. On a fait quelque chose aujourd’hui, ouf, c’était le moment !


Martine et Philippe, sur Azalée, juste à côté de nous au mouillage, vont faire route sur St-Martin, ils pensent partir en tirant un grand bord jusqu’à Rum Cay (180 miles), ensuite faire route directe vers St-Martin. On passe quelques soirées, en laissant passer le front suivant, à parler tactiques et routes à suivre en cette saison. On pourrait éventuellement faire un bout de chemin ensemble, en tout cas jusqu’à Rum Cay, Turks and Caïcos. Ensuite nos routes divergeraient, j’aurais bien envie de m’arrêter - puisque c’est sur notre route – à Lùperon en République Dominicaine afin de retrouver une ambiance, plus cool, plus latino, rythmée de Salsa, l’américano commençant à me chauffer les oreilles !

Ce soir, c’est branle bas de combat à bord : Marvin vient de perdre sa première dent. Il en fait un tel drame que je chope un fou rire, je n’arrive plus à me ravoir. J’ai beau lui dire que la petite souris ou la fée des dents passera dans la nuit, rien n’y fait, il redouble de pleurs, il voulait garder sa petite dent.



Vendredi, lors du passage du front les vents sont montés d’un seul coup à 35 nœuds, c’est la panique au mouillage (plus de 70 bateaux dans le lagon). Deux bateaux devant nous, un énorme yacht à moteur drague son ancre et dérive. On est, tout comme d’autres, dans sa trajectoire. Je lance un appel de SECURITE à la VHF, Thierry lance le moteur, allume le guindeau, prêt à faire feu. S’il nous arrive dessus, ça va faire du dégât, il part à une vitesse grand V avec ses trois étages de fardage. Les propriétaires arrivent à bord juste à temps pour lancer les moteurs et retenir le canot. Tout le monde est sur ses gardes car il fait des embardées plein pot, zigzagant entre les bateaux, le temps de remonter son ancre qui s’est emmêlée dans un bout, impossible d’accès depuis le pont.

C’est une annexe d’un autre bateau qui vient à leur rescousse en démêlant le bout coincé dans la chaîne à la hauteur de l’eau. Puis c’est au tour de leur guindeau de faire un caprice. Les propriétaires ont beau s’activer, rien n’y fait. La femme lance un appel, impossible pour elle de remonter l’ancre à la main, seule. Heureusement que la solidarité existe entre marins et qu’une troisième personne monte à bord pour l’aider pendant que le capitaine maintient son bateau le mieux qu’il peut durant la manœuvre. On perçoit un soulagement général alentours lorsqu’on le voit s’éloigner sans qu’il y ait eu de dégât. Nous avons eu un bon coup d’adrénaline mais eux ont dû avoir le « trouillomètre » à zéro.

L’événement de la veille nous aide à prendre une décision. Thierry ne veut en aucun cas revivre un coup de vent dans ce lagon surpeuplé. Le front suivant est annoncé pour lundi soir/ mardi matin. Martine et Philippe – qu’on retrouvera certainement plus tard - ne sont pas encore prêts à partir, un dernier coup d’œil à la météo, nous, on lève l’ancre ce samedi 4 avril 2009 afin d’avoir deux jours de navigation pour nous amariner avant le front, qui est annoncé en « avis de coup de vent fort ». On le sait, on se préparera donc en conséquence le moment venu, mais au moins on va bénéficier de vents S-SW au devant du front et de W-NW à l’arrière du front, on avancera dans la bonne direction et sous voiles cette fois-ci.

En empruntant la passe au nord de Man-of-War, on se prend un grain,…



… rien de bien méchant, juste quelques goutes. Une fois passé on retrouve un soleil radieux avec une mer agréable.



Les vents sont SW 10 nœuds, on avance « pépère » à 3,7 nœuds sous grand-voile et génois. Bébek Tutu (notre pilote aérien, un Ariès) a de la peine à tenir le bateau lorsque les vents sont légers alors le capitaine est à la barre, tout content. En fin d’après-midi, Thierry repasse la main à Bébek Tutu qui semble vouloir faire son boulot correctement depuis qu’il lui a rajouté un bout de carton en haut de la pâle afin que le vent ait une plus grande surface d’appui. Loin de nous l’idée de faire de la pub ! A la première occasion qui se présentera la pâle sera rallongée à l’époxy.



La vie à bord s’organise comme pour une traversée longue durée, d’autant plus qu’on ne sait pas jusqu’où on va aller, à l’Est par le large dans un premier temps, ensuite au sud, mais jusqu’où ? Le débat reste ouvert. Nous prenons donc nos quarts à tour de rôle, en fonction de l’occupation, du degré de fatigue de chacun et de notre moussaillon, qui n’échappe pas à son école journalière, adaptée selon les conditions de navigation bien entendu.
Dès le deuxième jour nous sommes sur la route des cargos, alors l’œil veille, on ne voudrait pas se frotter de trop près à ces monstres d’acier.



Lundi matin c’est « pétole » plus un souffle d’air, on lance le moteur, en relayant Bébék Tutu par le pilote électrique. On profite de la journée pour se reposer et jouer, sachant que le front est annoncé pour cette nuit. La navigation sera du coup moins relax. En fin de journée le vent souffle S à 15 nœuds, Békek relève l’électrique, Thierry se prépare déjà pour la nuit, il prend en avance deux ris dans la grand-voile. De mon côté, la cambuse est rangée, câlée, rien ne traîne. Marvin se couche normalement avec une belle histoire pour s’endormir.

22H00 pile poil, on dirait que le réveil a sonné. Le vent monte S 20/25 nœuds, puis 30 avec des rafales à 35 nœuds, c’est le devant du front. Grand-voile réduite d’avance, génois à demi on avance à 4/5 nœuds. La mer se forme, le bateau plonge, le programme de la machine à laver s’enclenche. Nous voilà ballottés, chahutés pour quelques heures, Marvin quant à lui continue sa nuit bien tranquille, calé dans sa couchette, ne se souciant guère de ce qui se passe à l’extérieur.

Au réveil mardi matin, j’entends une petite voix qui me crie « maman j’ai faim ». C’est super on est en nav et je vais pouvoir déjeuner au lit. Puis lorsque je le lui amène il me dit le sourire aux lèvres. Tu sais quoi maman ? Aujourd’hui il n’y aura certainement pas d’école avec la mer qu’il y a, hein !

Vu depuis le haut ou le creux de la vague, voilà ce que ça donne lorsque les éléments se déchaînent,…



… de l’intérieur c’est comme ça.



Il est clair que dans ces conditions on sèche l’école. Tout à coup un grand splash dans la cabine arrière, un hublot oublié entre-ouvert, ça ne pardonne pas surtout lorsqu’on est à la phase essorage du programme. Il s’ensuit une belle inondation salée détrempant notre lit. Encore heureux qu’en nav. cette cabine reste inutilisée ! (rire)

Comme un souci n’arrive jamais seul, voilà que New Life fait un cap à la « con », il va n’importe où, les voiles claquent. Une des drosses qui relie Bébek Tutu à la pale qui est dans l’eau a lâché. Oh non, ce n’est pas le moment ! Sans pilote, il faudra nous relayer à la barre jour et nuit. C’est impossible, il y a Marvin, il faut trouver une solution pour réparer. Thierry barre en « stéréo » écoutant les vagues qui arrivent de derrière afin de partir en surf sans coucher le bateau, c’est pointu comme nav. Je suis incapable de tenir le bateau aussi bien que lui et il le sait. Je vais le barrer, oui, mais ce ne sera jamais aussi impeccable et des heures/jours durant à ce régime, on sera « lessivé », on pourra le dire franchement.

Une heure après, le capitaine m’appelle dans le cockpit, il a trouvé une solution. On va mettre New Life à la cap (voiles à contre) afin de stopper sa progression, il va descendre à l’échelle à l’arrière du bateau, attaché à un harnais, je vais l’assurer au winch et il va repasser la bout dans la pale du gouvernail du pilote en le fixant à nouveau. Cette solution ne m’enchante guère dans une mer houleuse comme elle est, mais je n’ai pas le choix. Thierry contrôle bien le nœud du harnais, je l’assure au winch. Marvin est dans son lit avec interdiction d’en sortir quoiqu’il arrive. Tout se passe bien, Thierry rattache la drosse et remonte à bord. Bébek Tutu peut reprendre du service en nous libérant de l’obligation de barrer.

Dans l’après-midi, les vents tournent au NW et tombent à 15 nœuds, ça y est on est à l’arrière du front, il nous faut juste attendre que la mer se calme un peu, se sera à nouveau agréable. Ce soir les vents sont d’Ouest à 10 nœuds, la mer agréable, Marvin peut à nouveau saluer le coucher du soleil.



Mercredi 8 avril, la mer est belle, les vents plus légers, on peut reprendre nos activités quotidiennes au plus grand désespoir de Marvin. Au fait, on attaque avec l’art, ce qui le met de bonne humeur et lui donne envie de continuer. Je lui fais faire les évaluations, par à coup, il est difficile de maîtriser l’écriture, en compensant les mouvements du bateau et tenter d’écrire droit et correctement. Je rajouterai un petit mot pour les maîtresses-correctrices afin d’expliquer le retard et la qualité du travail fourni.

Tout à coup le capitaine nous crie : « baleines ! souffles à l’horizon ». On planque tout et on sort sur le pont pour admirer les cétacés. Elles sont majestueuses, leur queue s’élevant dans les airs avant qu’elles ne disparaissent à nouveau dans les profondeurs de l’océan, puis à nouveau un souffle là, encore un autre là-bas. Notre excitation est à son comble, mais il est impossible de prendre des photos, elles sont trop loin. Ça ne fait rien, on gardera le souvenir dans notre mémoire.

Dans l’après-midi, on a l’impression de naviguer sur un lac, la surface de l’eau est lisse, d’un bleu profond, il n’y a plus un souffle d’air. On est au moteur. Les algues en surface nous font remonter la ligne de pêche car à chaque fois qu’elle se déroule, nous avons les papilles gustatives en alerte ses demandant bien quelle espèce nous allons remonter pour le souper et à chaque fois c’est un paquet d’algues, alors on abandonne la pêche.



Jeudi 9, Marvin perd sa deuxième dent de lait, sans drame cette fois-ci. La fée des dents aura de la peine à nous trouver et à arriver jusqu’à nous en plein océan, mais elle se rattrappera à notre arrivée.



Côté météo, même topo, la « pétole » de chez « pétole » ! On en profite pour faire les fous, prendre des douches à l’eau de mer en s’aspergent avec la nouvelle pompe pour nettoyer l’ancre, c’est bien plus pratique que les bidons d’eau à remonter. Une fois douché salé, il n’y a plus qu’à se rincer en utilisant un peu d’eau douce. Comme on est parti pour, on ne sait combien de jours, vaut mieux la jouer à l’économie. Notre desalinisateur (Power Survivor) nous transforme 5l d’eau de mer en eau potable à l’heure, ce qui va très bien pour la consommation journalière, on l’enclenche tous les 2 ou 3 jours selon les besoins pendant une heure ou deux.
A l’apéro, comme nous sommes à 250 miles au nord de la République Dominicaine, je suggère de pointer au Sud sur Lùperon, mais Thierry veut continuer à gagner du terrain à l’Est sachant qu’on devra se rabattre ensuite puisque les vents et courants nous feront face plus tard. Alors j’oublie la République Dominicaine, on y reviendra une autre fois, qui sait !

Discrètement cet après-midi alors que tout le monde était hors quart,…



…, je m’étais mise en cuisine pour la préparation de la pâte et j’annonce pizza pour le souper. Ma surprise est accueillie avec des youpies yeah ! Ce genre de menu est difficile à réaliser lorsque le bateau gite. Oh pas tant par la difficulté du plat, mais avez-vous déjà tenté d’étendre de la pâte au rouleau, sur de la farine qui suit les mouvements du bateau, aucune main n’est disponible pour se cramponner puisqu’elles sont toutes deux sur le rouleau ? Vaut donc mieux faire plaisir à l’équipage lorsque c’est calme. Quant aux jours moins « miroir », les repas sont chauds le soir et se composent de salades diverses ou sandwich à midi. Le mal de mer, je ne connais pas, c’est une chance, je peux donc sans problème être dedans et cuisiner, une main pour le bateau et l’autre pour travailler, pétrir le pain, faire des cakes, en utilisant un ingrédient après l’autre et en calant toujours tout. On devient habile à force !

Vendredi 10, les vents sont à nouveau soutenus de NE cette fois-ci, la mer se reforme, on commence à piocher. New Life avance à 4,7 nœuds sauf lorsqu’il enfourne, sa progression est stoppée à 2,5 nœuds, puis il repart, reprend son élan et « paf » s’enfonce à nouveau. Le lever de lune est remarquable, …



…dans la nuit un nouveau front passe. Samedi même type de météo jusque dans l’après-midi où le vent meurt il ne reste que la houle, le capitaine peste, tente de tirer des bords dans le peu de souffle restant.

Dimanche 12. Bonne fête de Pâques à tous. Nous ne cacherons pas les œufs et il n’y a aucun « grandes oreilles » à bord. Par contre dans l’après-midi, nous avons reçu un « cadeau » du ciel, que je ne saurais vous souhaiter. Un grain blanc : Le ciel s’obscurcit, il fait presque nuit, la mer devient noire, Thierry a juste le temps de réduire la voilure, moi de fermer les hublots, Marvin de ranger ses jouets, on se calfeutre à l’intérieur. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le vent monte à 50 nœuds en rafales, la mer se lève et il pleut des trombes, on ne voit plus l’étrave du bateau derrière ce rideau de pluie.



20 minutes, plus tard c’est grand ciel bleu, reste la houle qui met plus de temps à se calmer, c’est terminé, on peut tout rouvrir, ressortir en profitant d’un bel arc-en-ciel, nous sommes à 180 miles au nord de Puerto Rico.



13 jours pour parcourir près de 900 miles, New Life n’atteindra jamais le recors de vitesse, mais nous pouvons crier « TERRE A L’HORIZON !»…



… il est temps d’hisser les couleurs, nous arrivons sur St-Thomas, USVI.



Je tente une mise à l’eau de la lign, juste histoire de taquiner le goujon avant notre arrivée. Il ne faudra pas plus de 5 minutes à ce joli petit thon pour mordre à l’hameçon. Belle affaire, le souper est tout trouvé.



Nous empruntons le Gregerie channel (West) puis le Haulover cut avant de nous ancrer devant Charlotte Amalie où le plan d’eau se partage avec les hydravions, les Cruises Liner, …



… et bien entendu plein de yachties de nationalités différentes. Demain nous descendrons à terre pour les formalités et découvrir Charlotte Amalie, donc on vous en dira plus sous peu.

Avec nos meilleures pensées
Les New Life en balade