dimanche, 17 avril 2011

Avis aux navigateurs Cuba (tarifs en vigueur en 2010), Santiago de Cuba, les vacances de maman

Salut à tous,





***AVIS AUX AMIS NAVIGATEURS ***

(Récapitulatif des taxes (2010) d’entrée à Cuba, renouvellement visa, sortie)


- service de la santé (médecin) 8 CUC,


- inspecteur moustiques 5 CUC,


- vétérinaire 5 CUC (que vous ayez un animal ou non, il faut le payer)


- inspecteur des fruits et légumes, riz, pâtes, etc. 30 CUC


- douane 20 CUC


- immigration (visa valable 30 jours) 15 CUC par passeport. Ce visa est renouvelable pour 30 jours supplémentaires : 25 CUC par passeport en achetant les estampilles adéquates. Nos amis canadiens bénéficient d’un visa de 3 mois,

- l’épagnol (chien-drogue) quant à lui sera gratuit et il se laissera prendre en photo !

- Cruising permit 15 CUC (au départ d’une « marina » officielle (zarpe pour les ports intermédiaires et les mouillages à Cuba). Il sera contrôlé par la Guardia Frontera, qui mentionnera votre prochain arrêt à chaque fois.

- Despacho international de sortie : 25 CUC à Santiago, 10 CUC à Cienfuegos. Allez comprendre !




Taux de change 1 CUC = 1$20




A savoir :


- Si vous changez du dollars US on vous retiendra 10 % sur le change, aucune déduction pour l’euro.




- Si vous accueillez un visiteur étranger à bord (ami, famille qui viendrait passer ses vacances avec vous), il y a une taxe personnelle de 15 CUC à son arrivée et une autre de 15 CUC à son départ, malgré que cette dernière paie ses taxes à l’aéroport (entrée/sortie). Les amis ou visiteurs cubains ne sont pas autorisés à monter à bord.




- Vous subirez à chaque déplacement ou presque (exception pour les cayos d’accès difficiles) des contrôles. Ils se font scrupuleusement, beaucoup de paperasse, la rigueur est de mise mais il est facile de l’assouplir devant un café ou autre.







- Si vous êtes mouillés devant un village et que le mouillage n’est pas un port officiel (marina), il est interdit de mettre pied à terre. Personnellement, nous avons fait fi de cette interdiction après nous être renseignés sur ses conséquences : il n’y en a pas. Vous pouvez également mentionner au Guardia frontera - qui ne fait que son travail et applique des règles non adaptées – que vous avez votre visa volant (immigration) qu’on vous a accordé lors de votre entrée et qui vous donne les mêmes droits que les touristes arrivant par avion.


- Si vous êtes en marina, il est impossible d’utiliser votre annexe pour vous balader et découvrir la baie, voire vous déplacer en ville et faire vos achats.



- Si vous êtes ancrés devant la marina, vous pouvez utiliser l’annexe que pour le trajet bateau-marina afin d’aller à terre. Il est obligatoire de remonter votre annexe aux bossoirs ou sur le pont pour la nuit.




Tous ces contrôles, ces interdictions et obligations sont un peu lourdes c’est sûr. Certains s’y font très bien, d’autres ont un plus de peine. En gardant le sourire et en se pliant à ces règles - même si elles sont mal adaptées - votre séjour à Cuba restera inoubliable.



*******************




Allez, maintenant que nos amis navigateurs sont renseignés, nous pouvons partir la découverte de Santiago de Cuba.



Fondée en 1515 par Diego Velazquez, premier gouverneur de Cuba, Santiago de Cuba est promue capitale de l’île en 1522 avant que cette fonction n’échoie à la Havane en 1607. Elle reste jusqu’en 1553 la résidence officielle des gouverneurs de la Couronne espagnole. Pour se protéger des attaquent incessantes des pirates, corsaires et autres flibustiers - attirés par l’or que charrient les rivières alentours – les espagnols construisent à partir du XVIIe siècle le Castillo de San Pedro de la Roca, connu actuellement sous le nom d’El Morro.




L’exploitation de l’or n’atteint jamais les niveaux enregistrés en Amérique du Sud, par contre d’énormes mines de cuivre fleurissent dans la région. Beaucoup de main-d’œuvre étant nécessaire pour extraire ce minerai, Santiago devient un des principaux ports négriers de Cuba. Encore aujourd’hui sa population est très métissée et il y a une riche culture afro-cubaine. Au lendemain de la révolution haïtienne en 1791, les colons français affluent par milliers, ils introduisent le café à Cuba, la canne à sucre. Ils y apportent leurs traditions et techniques spécifiques de culture.




Au XIXe siècle arrive l’immigration catalane. Facundo Bacardi débarque sur l’île en 1843 innove une recette de rhum doux et fort à la fois, dont il a vent lors d’une escale en Martinique, qui lui vaudra de supplanter le monopole jamaïcain : la légende du rhum cubain est née. Il fonde la dynastie Bacardi-Moreau.





Au XVIIe siècle, la Grande-Bretagne, qui conteste constamment l’hégémonie espagnole dans les Caraïbes, assiège la ville en détruisant le Castillo El Morro et la Cathédrale de Santiago. Les conflits liés aux luttes d’indépendance 1868-1878 et 1895-1898, tout comme la guérilla de 1956-1959 débuteront dans la région. C’est aussi dans les murs du Castillo El Morro que sera signée la capitulation de l’Espagne. La mise sous tutelle du pays par les Etats-Unis ne permet pas de parler de totale indépendance à cette époque.




Comme un écho à l’histoire Fidel Castro, originaire de la région d’Oriente, lancera sa première insurrection sur place. Si l’attaque de la caserne de la Moncada en 1953 se solde par un échec, elle marque cependant un tournant. Les assaillants qui ne sont pas tués durant cette attaque sont torturés et assassinés. Fidel Castro est condamné au bagne et exilé sur l’Ile de la Juventud. Amnistié en 1955 il crée le mouvement du 26 Juillet (M26), appuyé de Frank Pais. Il établit la base de la guérilla au cœur de la Sierra Maestra. Son but : s’emparer de la garnison pour armer la population et renverser le régime dictatorial de Batista. Santiago affiche toujours fièrement sa devise : « Rebelde ayer, hospitalaria hoy, heroica siempre » (« Rebelle hier, hospitalière aujourd’hui, héroïque toujours »).




Voici dans les grandes lignes l’histoire qui a marqué Santiago. Quant aux autres événements politiques survenus à Cuba, il y en a tant, que je vais m’arrêter là pour l’instant et vous emmener découvrir Santiago avec nos yeux. Je reprendrai le cours de l’histoire en l’intégrant à nos découvertes futures.



Dans la publication précédente, je vous parlais du « gua-gua » transport local pour nous déplacer notamment de Punta Gorda, où nous sommes au ponton de la marina, à Santiago (14km). Nous commençons à être rôdés côté horaires et on se surprend à ne l’attendre que 30 à 45 minutes. Celui qui a le moins de retard, c’est celui qui passe tôt le matin lorsque que les enfants se rendent à l’école.




Marvin est tout heureux de prendre ce « gua-gua » car il partage une partie du trajet avec Djunieski et Carlos-Alberto, ses nouveaux copains, fait une partie de rigolade avant de se promettre de se retrouver sur la place en fin d’après-midi une fois les devoirs terminés.








En découvrant la ville, nous sommes souvent sollicités pour un savon, du dentifrice, un stylo, des habits ou autres. Les gens cherchent le contact, nous demandent d’où on vient, si on est en vacances, si on est marié, notre âge, si on aime leur pays, tout est prétexte pour entamer un brin de discussion mais ils gardent un regard fuyant. On les sent sur leur garde, ils s’assurent que personne ne les observe lorsqu’ils parlent aux touristes. La tristesse et la lassitude marquent leur visage, nous avons de la peine à leur décrocher des sourires. Il y a une présence policière ou militaire dans la rue, dans les parcs, devant et dedans chaque établissement, dans les transports publics ; en civil ou en uniforme ils sont partout. Nous ressentons fortement la pression exercée sur la population.




Les queues interminables devant certains établissements, nous interpellent également. Bien que nous ayons déjà pris part à ces attentes pour la banque et internet l’autre jour, on se dit qu’il est impossible que tout soit comme ça tout le temps. Et pourtant lorsqu’on aperçoit des mouettes qui font la queue au robinet, on se dit que tout le pays doit être ainsi.







Mais nous avons encore un regard neuf, nous venons de débarquer, laissons-nous le temps de découvrir le fonctionnement de cette société et de son régime socialiste qui affiche bien sa propagande.






Les magnifiques bâtiments de l’époque sont encore sur pied, mais pour combien de temps ? Dommage qu’ils soient dans un tel état de désuétude.





Le second coup d’œil pour moi, mais le premier pour mes deux hommes se sont les side-cars et les vieilles voitures. Je crois qu’ils pourraient s’arrêter à chaque coin de rue en se posant les mêmes questions : - Comment est-il possible que ces antiquités roulent encore ?






La plupart de ces véhicules sont transformés et n’ont plus leur moteur original qui est remplacé, à grand coup d’heures de bricolage, par des moteurs Mitsubishi ou Toyota pour n’en citer que deux et éviter la pub. Pour tout ce qui est du reste c’est Made in China, Corée du Nord et Russie. BONJOUR LA QUALITE !








Le parc Cespédes est dominé par la cathédrale Nuestra Senora de la Asuncion. La première cathédrale fut achevée en 1528, endommagée par le séisme de 1852 et en partie détruite par les divers assauts ennemis, elle a été remaniée dans un style néoclassique, en vogue à l’époque et a ainsi perdu son aspect baroque. En 1922 Carlos Segrera lui impose un style éclectique, surélève les tours et dote le fronton d’un archange imposant.








Les joueurs d’échec se retrouvent dans le parc pour entamer quelques parties. Santiago cultive avec jalousie son patrimoine musical et des groupes musicaux un peu partout animent la ville avec leurs airs. Nos oreilles s’accordent volontiers une pose salsa, les bruits urbains étant, dans certaines rues, quelque peu assourdissants.









Les parcs Cespédes, Ajedrez, les plazas Dolores, Marte, le balcon Velasquez sont des lieux très fréquentés par les touristes donc une plus grande concentration de mains tendues, mais je suis bien contente que le panneau « parqueo solo turismo » ne soit plus d’actualité et qu’on puisse aujourd’hui y rencontrer des cubains.









Lorsque nous nous rendons en ville, nous sommes parés côté cadeaux. Si peu de chose pour nous mais tant pour eux. Nous l’apprendrons plus tard, en sympathisant avec certains, qu'ils risquent une amende et peuvent encourir des peines de prison allant de 1 à 5 ans pour avoir abordé un touriste et mendié quelques babioles, du savon ou du dentifrice.


Entendant cela, une scène nous revient alors immédiatement à l’esprit. Nous étions tranquillement installés sur un banc de la place Cespédes reposant nos jambes lorsqu’une charmante dame s’assoit à nos côtés. Elle entame une discussion et nous demande un savon par la même occasion. Un policier s’approchant, elle prend le savon, le fourre rapidement au fond de son sac, se lève, change de banc, nous lance un clin d’œil et met son index sur la bouche. Nous lui sourions sans trop comprendre.




Après une dizaine de minutes de discussion, le policier lui demande de se lever et de le suivre. Il appelle une voiture qui surgit rapidement au coin du parc et emmène cette dame sous nos yeux hagards. Nous ne la reverrons plus sur la place Cespédes !




Si nous avions su ce qui se passait à ce moment-là, nous serions intervenus. Malheureusement nous avons appris trop tard les conséquences de cette mendicité. Dorénavant nous nous promettons d’agir différemment.




Toujours en déambulant dans Santiago nous arrivons à l’agromercado,..






… où nous pouvons nous ravitailler en produits frais tout en payant en pesos nationaux (la monnaie des cubains) qui est 25 fois moins élevée que celle des touristes. On est bien content de trouver quelques choux, tomates, courges, oignons, laitues, ignames - qui remplaceront nos «patates » introuvables – oranges, ananas, bananes plantains. Pour la viande, on trouve du porc, un peu de bœuf et de l’agneau. Je dois avouer que même si l’étalage n’est pas très ragoûtant, une fois débitée, le gras enlevé et bien cuite la viande est excellente.



Nous ouvrons les yeux de tous côtés et marchons des heures pour nous ravitailler. Dans la rue il y a des marchands ambulants, qui vendent les produits de leur jardin. Parfois, quand on a de la chance, on trouve quelques carottes, des betteraves rouges, des mandarines. Des fenêtres ou des portes de maisons particulières s’ouvrent aussi sur les rues passantes et proposent des œufs, des douceurs, des boissons, du café.







Quand un porc se saigne à même le trottoir, on sait que la viande sera débitée d’ici quelques minutes, il suffit d’attendre.








Le mot « supermarché » est rapidement rayé de notre vocabulaire, on se fourni dans la rue au prix d’heures de marche, car ce n’est pas parce qu’on a trouvé des œufs, fruits ou légumes au coin d’une rue, qu’on en retrouvera à ce même endroit lors de notre prochaine virée «shopping». Comme les magasins sont vides ou presque, on apprend rapidement la manière de se ravitailler. Dans ces derniers on y trouve surtout des boissons gazéifiées, du rhum, quelques boîtes de sardines et de thon, vendues à prix d’or (5 à 6 CUC, presque un salaire mensuel ici !), du lait en poudre (même tarif pour une boîte de 400g), quelques paquets de biscuits salés ou sucrés, des bonbons. Des cosmétiques et produits capillaires. Lorsqu’on est chanceux, on arrive à trouver de la farine de blé, de la margarine ou du beurre et du jambon. Mais il faut tomber sur le bon jour.



Toutes ces marchandises sont vendues en CUC. Quelques jours avant Noël je me trouvais dans la file derrière une vieille dame qui achetait des friandises pour ses petits-enfants. Elle commande à la vendeuse derrière le comptoir un paquet de gaufrettes et un paquet de biscuits fourrés. Comme il lui reste encore un peu de sous elle prend des bonbons que la vendeuse sort du paquet en les tipant un après l’autre jusqu’à épuisement de ses deniers. Elle pourra en acheter quatre ! Mon tour arrivant, j’achète du Tukola, le dérivé cubain du Coca-Cola et le solde de ce paquet de bonbons sous le regard interrogateur de la vendeuse. Etes-vous sûre de vouloir le solde ? Il y en a pour 2 CUC (2$40). En sortant du magasin, je prélève un ou deux bonbons pour Marvin, rattrape la veille dame et lui donne le solde du paquet. Je n’oublierai jamais son regard et ses embrassades de remerciement.




Pour le retour au bateau, nous avons le choix entre le « gua-gua », que vous connaissez déjà, le camion, entassé comme du bétail, que vous découvrirez prochainement, il faut que je mette la main sur une photo ou le taxi. Comme nous sommes chargés, ce dernier aura la priorité. Le chauffeur nous demande de régler la course (6CUC) à peine avons-nous démarré. A 200 m. il s’arrête à la station, se penche sous les pieds de Thierry, sort un petit bidon d’essence et en achète 2 litres (2CUC). Il refixe le bidon, nous expliquant qu’un réservoir c’est bien trop cher ; il achète juste ce dont il a besoin pour la course. Dans chaque descente il coupe son moteur par économie et relance son auto en plantant la 2ème lorsque c’est nécessaire. Ce chauffeur est radiologue à l’hôpital de Santiago, il améliore son quotidien en faisant le taxi, lors de ses congés.


Arrivés au bateau, je range les achats pendant que Thierry se transforme en cordonnier. Il y a quelques jours, un marinero lui avait demandé s’il pouvait réparer ses baskets. Thierry avait sorti l’époxy et les lui avait colées. Du coup, le lendemain, Arel lui avait amené toutes les chaussures de la famille en réparation.







Aujourd’hui, nous nous rendons à Santiago pour y retrouver des amis suisses faisant un tour de Cuba pendant les fêtes de fin d’année. Ils sont de passage à Santiago pour deux jours et en aucun cas nous ne voudrions louper la marraine de New Life et toute sa famille.









Nous passons la journée ensemble à déambuler dans les rues et sur les terrasses. Les enfants sont tout heureux de se retrouver également. Sur le toit de l’Hôtel Casa Granda, où Karine et Michel sont descendus, une magnifique terrasse nous invite à nous prélasser devant un mojito en regardant le soleil se coucher et la ville s’illuminer. Petit bistrot pour le souper avant de se quitter jusqu’au lendemain où nos amis nous rendrons visite au bateau.







Le Castillo El Morro, dont je vous ai déjà touché un mot, est la plus ancienne forteresse de la ville. Il visait à protéger Santiago des attaques incessantes des pirates écumant la mer des Caraïbes. Ce château vaut la peine d’être visité, il est magnifiquement restauré et préservé. En attendant la « luncha » pour nous y rendre les enfants tuent le temps en cassant des cailloux.







Une fois au château, ce n’est qu’au son de leurs cris qu’on retrouve nos pirates en herbe. Ils transportent des boulets, chargent les canons, font feu sur l’ennemi, se cachent dans les oubliettes, sonnent le glas pour annoncer l’arrivée de galions à l’horizon. Ils s’identifient complètement aux récits, laissant libre cours à leur imagination. Quant à Luna, elle a disparu dans les méandres du château. Elle se prend certainement pour une princesse prisonnière attendant qu'un prince charmant vienne la délivrer.











En fin de journée la lumière est tout à fait délicieuse. Nous prenons une petite navette pour rentrer et ce n’est pas parce que son pilote a le pied dans le plâtre que nous n’arriverons pas à bon port.







Nous sommes le 6 janvier et ce jour Marvin l’attendait depuis longtemps. Un dessin de bienvenue est affiché dans la descente avant qu’on ne ferme le bateau. Nous partons à l’aéroport pour accueillir grand-maman bricole qui va rester une quinzaine de jours à bord. Mais la voilà qui, à peine débarquée de l’avion, sympathise déjà avec le chauffeur du taxi.







On lui fait de la place à l’avant en poussant les jeux du moussaillon, ce sera sa cabine durant son séjour. Maman prend ses marques à bord, se rappelle le fonctionnement des pompes à pied et des toilettes, se cogne un peu partout au début, mais retrouve facilement les réflexes de la vie en bateau.









Karine, Michel et les enfants viennent nous dire au revoir, ils quittent Santiago ce soir pour la Havane. Une soirée « déconne » à bord où Michel tente d’expliquer à maman les bienfaits d'un cigar.





Un dur retour en Suisse les attend; la température est de 0°. Très peu pour nous ! Killian et Marvin passent l’après-midi au bout du ponton canne en main et sont tout heureux de manger le produit de leur pêche du jour.





Nous allons tranquillement faire découvrir la vie cubaine à maman. Nous louons donc une voiture, avec chauffeur pour une journée et partons en touristes, faire un tour dans les terres. Le « gua-gua », les queues interminables, la ville, ça peut attendre. Marvin m’avait conseillé de faire déguster ma cuisine à grand-maman avant de lui montrer la boucherie et les endroits de ravitaillement en me disant que si on commençait par lui montrer cette facette, elle risquait de ne rien avaler durant son séjour. Allons-y donc molo.



Nous voici donc partis pour une virée au cœur du Parc National de Baconao où l’on se retrouve dans un gigantesque Jurassic Park avec des T-Rex, triceratops, stegosaurus, pteranodon, etc. grandeur nature.






Les années s’écoulant plus rapidement qu’à l’époque, nous passons à l’Ere de la Préhistoire, puis à celui de l’évolution de l’espèce humaine. Je laisse libre cours à votre imagination quant à savoir qui est l’homo le plus évolué : Habilis, Ergaster, Erectus, Sapiens, Cro-Magnon ou « Evolutus barbus » ! Il y a bien des ressemblances, vous en conviendrez !








La route longe la côte, bien découpée et sauvage. Nous y croisons quelques troupeaux, des cavaliers, des fermiers se rendant aux champs….







…. mais également des postes de contrôle. Notre chauffeur se fera arrêter trois fois par différents Guardia Frontera. Au dernier poste, il ne s’en tirera pas sans devoir payer une amende de 10 CUC (un salaire mensuel) pour être avec des touristes sans licence de taximan. Il tente de parlementer, d’argumenter que c’est un retraité de l’armée, qu’il se promène avec des amis, rien n’y fait. Il devra s’acquitter de cette « multa » que nous lui rembourserons bien entendu, avec le prix de sa course tout en étant excédés de ce qu’il vient de subir. Fataliste, Raoul nous dira simplement c’est comme ça tout le temps ici. En le questionnant un peu, il nous en apprendra des vertes et des pas mûres sur les pressions gouvernementales. Il se confiera uniquement en roulant. Une fois arrêté, il sera une tombe gardant le regard fuyant, se contentant de nous emmener là où nous le souhaitons.


Chemin faisant, nous arrivons au jardin des cactus,...






….et à la ferme aux crocodiles, qui attendent bien patiemment qu’un gardien leur lance un de ces jolis petits canards en guise de nourriture.






Le jet lag passé, nous emmenons maman en ville, à la recherche de produits frais. Sa journée débute par environ 45 minutes d’attente du « gua-gua ». Elle a ainsi le temps de faire connaissance avec les villageois de la Punta Gorda qui tout comme nous attendent le bus matinal, certains profitant d’aiguiser leur machette sur un coin de trottoir.








En marchant dans les rues de Santiago, les anciennes voitures, l’architecture (même en ruine) les parcs, la cathédrale lui tapent à l’œil. Je me contente d’ouvrir les miens pour repérer des œufs, du pain, des laitues, tomates, des oranges que j’achète tout en me baladant. Nous faisons une pose jus de fruits au patio Artex où maman me demande pourquoi je ne fais pas les courses en fin de journée, directement au supermarché au lieu de me charger ainsi. Marvin qui est assis juste en face me lance un clin d’œil et me fait un large sourire. Il ajoute : Grand-maman on fini notre verre et on t’emmène au supermarché, tu pourras acheter tout ce que tu voudras, OK ?



Nous sommes de connivence avec Marvin, El Dragon, le plus grand « supermarché » fera l’affaire. Une fois à l’intérieur on laisse maman faire ses emplettes. Elle tourne autour des étalages, cherche ce qu’elle pourrait bien acheter. Elle nous rejoint au rayon frais en nous disant, mais il n’y a que des produits capillaires, des chips, des boissons gazéifiées, du rhum, des boîtes de sardines, thon, quelques pots de mayonnaise. Ah, moi j’ai trouvé de la margarine aujourd’hui maman !




Nous continuons notre quête par l’agromercado qui se trouve tout en bas de la ville. Avant d’emmener sa grand-mère au rayon viande, Marvin lui rappelle le ragoût qu’elle avait mangé à son arrivée et qu’elle avait trouvé bon.



Le boucher, avec qui je fais également du change au noir (CUC contre pesos nationaux), sort de son étalage en nous voyant arriver. Il a en mains un gros morceau de viande dégoulinant et gras qu’il envoie sur l’étalage de son collègue, s’essuie rapidement à sa blouse ouverte, vient nous saluer chaleureusement. Maman a le cœur qui se soulève. Aujourd’hui, je lui achète un morceau de steak. Ne t’en fais pas, grand-maman, le barbecue sera très bon !







Arrivés à la marina je nettoie les fruits et légumes avant de les monter à bord. Maman remplit un bidon d’eau, y plonge ses pieds gonflés et promet de plus jamais rouspéter en faisant ses courses, une fois rentrée en Suisse.








Le lendemain, comme nous avons annoncé notre départ pour Chirivico, les autorités inspectent le bateau, nous délivrent notre « zarpe de navegacion » indiquant Chirivico comme « puerto intermedio ». Nous larguons les amarres à 20h00, pour une navigation de nuit afin de parcourir la trentaine de miles qui nous séparent de Chirivico. La mer est belle, une légère houle ondule sa surface, les vents portant. Les couleurs au lever du jour sont tout simplement belles.







Pour accéder à ce mouillage, il ne faut pas avoir froid aux yeux et bénéficier de bonnes conditions météo. Il faut frôler la plage et contourner un haut-fond marqué par un simple piquet. Si la mer déferle il est impossible d’y entrer. Tout à coup on aperçoit une lignée de petits flotteurs au travers de la baie. Les pêcheurs y ont tendu un filet, on ne peut pas continuer. Des mains s’agitent à terre, des « espera, espera » et un plongeon nous font stopper le bateau. Un pêcheur vient à notre rencontre à la nage en nous souhaitant « Bienvenido ». Il se met debout sur le filet pour le couler, nous fait signe d’avancer, avant de disparaître à nouveau sous l’eau afin de le maintenir sur le fond. New Life passe au ralenti. Une fois dans le lagon, nous ancrons, mettons l’annexe à l’eau, allons faire connaissance et remercier ce pêcheur, ainsi que faire un tour du village.


De retour au bateau, un guardia frontera se pointe avec une barcasse. Il demande à voir le «zarpe de navigacion », Chirivico y est mentionné, tout est en ordre mais il vérifie tout de même l’intérieur de New Life. Il nous précise toutefois que nous avons l’interdiction de mettre pied à terre, cet endroit n’étant pas un port officiel, les bateaux de passage ne peuvent avoir aucun contact avec la population. On se regarde quelque peu surpris en se disant qu’on avait bien fait de visiter le village dans l’après-midi.



Le soir venu, quelques pêcheurs s’approchent à l’aide de deux chambres à air de camion, reliées en elles avec deux planches de bois. Ils nous amènent un énorme poisson en cadeau. Ils sont curieux, nous posent toutes sortes de questions sur notre origine, comment nous sommes arrivés jusqu’à Cuba, quels sont les autres pays visités, qu’elles sont les conditions de vie ailleurs, comment a été la mer.




Nous les invitons à bord pour un café, mais ils refusent gentiment et continuent à chuchoter et à se cacher derrière la coque. Lorsque le courant de marée tourne le bateau et qu’ils se retrouvent du côté où ils peuvent être repérés, ils passent sur l’autre bord. Tout à coup un signal est donné par un ami passant à proximité avec son embarcation de fortune. Ils nous quittent en nous disant qu’ils reviendront plus tard, le garde est de retour sur la plage. Ils font semblant de pêcher en se laissant dériver. Une heure plus tard, ils reviennent, un pélican entre les mains pour que Marvin puisse le caresser.










Thierry leur a préparé des lignes et des hameçons. Nous leur donnons également des habits trop petits ou trop grands pour nous, du savon, des briquets. Ils sont tout heureux mais nous disent que c’est beaucoup trop, que ce n’est pas nécessaire, qu’ils ne sont pas venus pour cela, ils sont gênés. Je les rassure en leur disant que c’est « regalo » au même titre que le poisson qu’ils nous ont offert.



L’avantage d’être une lève tôt, c’est de pouvoir débuter sa journée aux couleurs de l’aurore, d’entendre les oiseaux se réveiller en chantant à tue-tête, de voir les pêcheurs qui rentrent après une nuit en mer et qui tentent un dernier lancé d’épervier,







… le ronronnement de la cafetière et l’odeur du café me font apprécier cet instant magique où l’obscurité disparaît faisant place aux premières lueurs, l’humidité de la nuit s’évaporant sous les rayons du soleil qui commence son ascension. Puis il y aura le coucou de Marvin « maman j’ai faim ». Ma maman qui s’étire et qui nous dira un « Ah ! J’ai bien dormi ». Oui mais tu as ronflé grand-maman lui lancera moussaillon en rigolant. Un peu plus tard le capitaine émergera avec un « booooonjooooour » ; jamais trop causant avant son premier café, sa première cigarette.



Au programme de la journée : découverte des fonds marins avec maman. Equipée d’un masque et tuba, elle ne se sent pas très rassurée en se mettant à l’eau si loin du bateau. Les fonds ne sont pas aussi fournis que ce qu’on imaginait. On nous avait dit qu’à Cuba, il y avait de la langouste à profusion et d’énormes poissons un peu partout. Nous nous contenterons cette fois-ci des demoiselles faisant des ronds de jambes devant les soldats, de quelques anges, dans leur phase juvénile. Les castagnoles, girelles, papillons, gorettes sont bien là à tournoyer autour des cerveaux et spongiaires pour confirmer que le récif est en vie. Je m’attendais à du plus gros dans le coin. Rien à tirer pour Thierry, mais un émerveillement pour maman qui n’a pas l’habitude d’en voir autant.


Nous n’avons pas pensé à la remontée sur l’annexe ; un coup de palmes ou un bon ciseau de jambes et on se projette. C’est facile pour nous, mais pour maman c’est une autre histoire. Thierry la tire depuis l’annexe, je reste dans l’eau et la pousse, Marvin lui envoie « Allez grand-maman, fais comme moi, c’est simple ! ». Nous nous coordonnons, tu tires, tu te hisses, je pousse; 1, 2, 3 hop elle est sur le dinghi, les pieds en l’air, la tête au fond. Les pêcheurs qui avaient suivi la scène de loin applaudissent. On rigole comme des baleines.



Il est temps de rentrer et de préparer le barbecue. Pendant que maman et Marvin s'occupent de l’apéro, …






… Thierry sort les gros moyens, n’arrivant pas à trancher des darnes dans cette énorme queue de poisson reçue hier.





A la nuit tombée, en catimini, nous recevons d’autres visiteurs qui nous ramènent à nouveau du poisson. Même topo que le soir précédent, ils resteront dans leur barcasse sirotant une bière et un café. Voyant le rapala qui pend à notre rouleau de pêche, ils nous demandent ce que l’on attrape avec un si petit leurre. Ils nous montent un bas de ligne, avec un poisson percé d’un énorme hameçon et nous en font cadeau en nous disant qu’avec cet appât on aura plus de chance.



Au matin, Juan, sifflera Thierry de la plage. Il nous remerciera de ce qu’on a laissé pour sa famille en nous amenant 4kg de farine et en nous souhaitant bon voyage. L’ancre est maintenant sur le pont, New Life sort de la passe, des mains s’agitent et de chaleureux « hasta luego » nous parviennent.




Les vacances de maman touchant déjà à leur fin, nous rentrons sur Santiago.







A peine sommes-nous amarrés que Marvin disparaît pour retrouver ses copains sur la place.







Maman boucle ses bagages en me laissant des habits et des chaussures pour Daisy et Norka, mes copines mendiantes de la Place Cepesdès, avec qui elle avait aussi sympathisé.






Ici rien n’est simple, les gens n’ont rien, mais quelle chaleur ils ont au fond du cœur me dira-t-elle en partant. Je crois qu’elle gardera longtemps le souvenir de ses vacances à Cuba.








Je vous quitte là pour aujourd’hui. Le prochain volet sera consacré à notre belle rencontre avec Odalia et Georg à Maréa de Portillo et aux fameux Jardins de la Reine.



Avec nos meilleures pensées,


Les New Life en balade