lundi, 12 mars 2012

Bahamas, de Staniel Cay à George Town

Salut à tous,

Laissant derrière nous les cochons de Staniel Cay, nous nous dirigeons vers Black Point qui se trouve sur Great Guana Cay.

Vu que le peu de pluie de ces dernières semaines et les vents trop forts pour installer le taux de récupération d’eau ne m’ont pas permis de laver, la priorité est donnée à la lessive qui s’est accumulée un peu partout dans le bateau. Le Rockside Laundry avec vue sur le mouillage fera l’affaire. Aïda, la responsable de la laverie, vient volontiers tailler une bavette avec ses clientes à qui elle propose un morceau de son excellent cake aux carottes pendant que les machines tournent. Pour 4$ vous pourrez profiter des douches, avec eau chaude, de la laverie. Que demander de mieux ?




Internet peut-être…
Ici il y a l’embarras du choix; à la laverie, au Lauraine’s Café, aux restaurants DeShamon ou Scorpio. Avec une bonne antenne vous pourrez peut-être capter un signal du bateau. Voilà ce qui explique notamment la popularité de ce mouillage. Nous profitons également de ces facilités pour mettre à jour le blog et appeler nos familles via skype.





Toutes ces îles sont magnifiques, leurs eaux et les fonds marins splendides, les explorations terrestres bien diversifiées, mais une chose manque au tableau, le contact et les rencontres avec les locaux. C’est pourquoi lorsque nous entendons qu’une journée de solidarité est mise sur pied pour soutenir l’école nous n’hésitons pas une seconde. Cela donnera à nos enfants l’occasion de se mêler aux bahamiens, de partager leurs jeux dans la cour de récréation et de visiter leurs classes. Quant à nous, les « mamans-maîtresses » nous en profiterons pour bavarder avec les institutrices et la directrice sur les programmes scolaires en échangeant nos idées sur les modes d’enseignement.





Pendant que les mamans papottent, les hommes se lancent dans une partie de basket qui réuni petits et grands sous un soleil de plomb. A la mi-temps Michel nous dira : Ah taberouette qu’il fait chaud, ils sont habitués les gamins ! Cette expression populaire canadienne - qui diffère de quelques lettres suivant la bouche dont elle sort – nous fait sourire à tous les coups.

D’une des classes sort un brouhaha infernal avec de la musique à coin. Reggae Night est repris en cœur alors que certaines élèves se trémoussent en rythme sur les notes de Bob Marley. Tout le monde profite de cette journée relax, sans école.







Une notice, placardée un peu partout dans le village annonce la visite du dentiste. Ne vous avisez surtout pas d’avoir mal aux dents avant sa visite ou alors prenez votre mal en patience car il n’y aura personne pour vous recevoir à la clinique gouvernementale avant le 16 février.





Willie Rolle, un natif de 82 ans nous ouvre son Jardin d’Eden en nous faisant découvrir son art. En fait, lorsque Willie se rend dans le bush, comme il l’appelle, pour ramasser du bois flotté, il cherche avant tout l’inspiration. Il ne ramène dans son jardin que les morceaux qui lui ont parlé d’où l’on peut voir se détacher un aigle, un iguane, un hippocampe, un bélier. On se laisse guider par cet homme sage qui nous dira, sous l’œil attentif de son petit-fils à qui il transmettra certainement sa passion : Je préfère chercher l’inspiration dans la nature que devant une bière au café du coin.






En attendant que Willie n’arrive nous avons tenté de reconnaître des formes et de comprendre son art, sans succès. Malgré ses explications, nous n’avons jamais réussi à distinguer dans certains bois les sirènes et les femmes nues qu’il nous décrivait avec faste et détail.

Côté mer, la rive est plus découpée et les roches plus tranchantes. Nous entendons au loin un bruit sourd, profond qui forcément nous attire. En approchant nous observons que les rochers sont recouverts d’algues, nous sommes pourtant loin du bord. Il doit forcément y avoir un blow hole (un souffleur). La mer n’est pas très agitée au large et il nous faudra attendre qu’une grosse vague s’engouffre dans une cavité inférieure pour que l’impact de l’eau remonte jusqu’à nous.







Continuant notre balade sur ces roches tranchantes, nous arrivons à de magnifiques falaises. Le temps et la mer les ont creusées en laissant derrière eux ces paysages éphémères fait de roches sableuses.







Le soleil décline à l’horizon, mais les enfants sont déterminés à faire un saut à la plage pour se construire un radeau. Nous ne les sortirons de l’eau qu’une fois leur embarcation de fortune mise à l’eau et un test de flottabilité approuvé.








Le lendemain, nous quittons la charmante communauté de Black Pointe - en nous promettant de s’y arrêter à nouveau au retour – pour aller à Farmer Cay, distant seulement de 10 miles. Encore une fois la mer est belle, nous naviguons à vue en suivant les teintes bleues foncées qui nous ouvrent le chemin alors que les bleues claires nous signalent les bancs de sable que nous contournons bien évidemment.







New Life se balançant tranquillement au mouillage, nous descendons à terre pour visiter ce petit village de pêcheurs si rocailleux que les plantations de tomates et autres se font en bacs. Un gentil toutou nous accompagne pour la balade.







Marvin est tout content de poser devant l’école puisque nous sommes samedi et qu’elle est fermée.






Nous réalisons soudain que la seule route du village est traversée par une piste d’atterrissage. Il va sans dire que nous longeons cette piste jusqu’au bar de l’aéroport d’où nous espérons l’arrivée ou le décollage d’un petit avion. Nous serons vite récompensés puisque les propriétaires de ce petit Cessna, après avoir passé une heure à de plage, s’envoleront vers une autre destination, une autre île ou rentreront tout simplement chez eux.







Laissant derrière nous le ciel enflammé de la veille…,









… nous décollons pour Emerald Bay Marina. Oui vous avez bien lu, nous nous sommes offerts le luxe d’une marina. Pourquoi ? C’est tout simple, cette marina & resort, ouverte depuis plus de 6 ans est pratiquement vide. Son manager tente d’attirer le navigateur de passage en offrant un service qui n’a rien à redire pour la modique somme de 1$ le pied (minimum 40$) ; l’eau et l’électricité se payant à part si vous ne pouvez vous en passer. Jugez plutôt.






En plus, le café ou le chocolat du matin, la laverie (lavage/séchage), internet illimité, des douches avec gel, shampoing, lotion pour le corps, dentifrice, mousse à raser, crème solaire tout est compris dans le prix d’arrivée. Vous en conviendrez pourquoi se priver d’un tel accueil. Dommage que le capitaine n’ait pas profité de la mousse à raser !

Il ne faut pas abuser des bonnes choses, le lendemain donc nous pointons l’étrave de New Life en direction de Great Exuma, plus exactement à George Town, qui sera notre destination finale avant de rebrousser chemin, en direction des Abacos et des USA. En levant les jumelles sur le mouillage, je crois rêver. Je les passe à Thierry qui n’en croit pas ses yeux non plus. Nous avons rarement vu une telle concentration de bateaux et la seule envie que nous ayons est de faire demi-tour immédiatement.






Mais voilà, nous ne sommes pas seuls à bord et qui dit concentration dit forcément enfants, enfin on l’espère, car jusqu’à présent nous avons côtoyé plus de retraités que de familles sur l’eau. Alors tentons de nous trouver une place, sans empiéter chez les voisins. Une fois le mouillage assuré, nous descendons l’annexe pour aller à la plage et comprenons rapidement à quelle sauce nous allons être mangés. Nous sommes dans un énorme camp de vacances, alors gardons le sourire !






Dès 07.30 le matin c’est parti avec la VHF. Le net se prépare pour 08.00, les annonceurs réservent leur ordre de passage - après diffusion du bulletin de météo - pour informer les intéressés des activités journalières. Il y a plus de 300 bateaux au mouillage, je vous laisse donc imaginer ce que ça donne en radio, elle crépite sans discontinuer plus d’une heure durant. Ensuite chacun se rappelle, occupant tous les canaux à disposition pour savoir s’il participe au tournoi de volley-ball, au bridge, au scrable, à la dinghy ou à la pet parade, à la course de cocos, aux régates, au yoga, aux activités manuelles et j’en passe.







C’est simple après l’écoute de la météo nous éteignons tout simplement la VHF afin de pouvoir nous concentrer sur nos matinées scolaires, sachant pertinemment que les gamins se retrouveront plus tard sur la plage. Je n’ai pas le choix que d’aller voir la pet parade ; d’une part Marvin adore les chiens et d’autre part une piñata est à éventrer à la fin du show. Je passe l’appareil à Marvin en le laissant photographier cette exhibition qui ne vaut aucun commentaire si ce n’est ce bel ara qui relève un peu le niveau …. des couleurs.








Une fois la piñata ouverte, les bonbons distribués et le coup d’envoi de la soirée d’ouverture des régates lancé, il est temps de retourner au bateau. J’en ai assez vu et entendu pour la journée.







Les deux jours suivant, j’arrive à convaincre Marvin de délaisser Volley-ball Beach pour aller, avec son nouvel ami Daniel, voir la mer sur la côte au vent et monter au Monument d’où nous avons un coup d’œil imprenable sur le mouillage. Pas forcément enchanté au départ, il retrouvera tout de même le sourire en plaisantant avec son pote.





Vous l’aurez remarqué, le capitaine n’est pas forcément avec nous et personne ne va le forcer à apprécier ces après-midi récréatifs. Oui mais que fait-il alors ?

Ne croyez pas qu’il se morfond tout seul à bord. Il avait trouvé sur une plage un ancien pied de parasol en aluminium. Thierry s’est mis en tête de le faire voler en y adaptant une des ailes que Jim, notre ami du Hobby Shop de Titusville, lui avait donnée lors de notre passage. De ce tube va naître un planeur.

Bien entendu on ne fait pas voler aussi simplement un tube en alu. Il a dû d’abord l’évider pour l’alléger le plus possible, l’ouvrant suffisamment pour que les servos, les batteries et les commandes puissent y prendre place à l’intérieur. Il a ensuite dû créer une pièce en époxy parfaitement adaptée au profil de l’aile afin de la fixer sur le tube, mais en se laissant la possibilité d’en modifier son positionnement pour équilibrer le planeur. Enfin, n’ayant que l’aile principale, il a construit l’aileron arrière, avec profondeur et dérive.





Alors qu’il peaufine les derniers réglages, Marvin et moi déroulons la banderole que nous avions préparée en catimini pour l’occasion. Nos amis canadiens et américains sont là pour assister au premier vol de cet alu-plane version E.T.





Il pique quelques fois du nez au début, puis Michel se propose de le lancer afin que Thierry puisse se concentrer sur la télécommande. L’alu-plane décrit un joli cercle et vient se planter dans le sable. Aucun dégât, tout le monde applaudit et en redemande. Thierry jubile, il a le sourire qui lui fait trois fois le tour de la tête.

Puis un de nos amis émet l’idée que le planeur volerait plus longuement s’il était envoyé depuis le haut de Monument Hill. Thierry hésite un moment mais se laisse finalement convaincre. Pendant que Martin et Michel grimpent, les enfants font leurs pronostics sur la durée du vol. Jo et Marvin envoient leurs cerfs-volants. Tout à coup un wohoooo nous parvient du haut de la colline, nos amis sont prêts. Les cerfs-volants sont pliés pour un moment, Thierry contrôle ses commandes en donnant le feu vert à Michel.


C’est parti…Un tube de parasol en alu n’a jamais aussi bien volé !







Michel et Martin ne remonteront pas moins de six fois à Monument Hill pour lancer le planeur. Tout le monde passe un bel après-midi. Merci les amis d’être venus soutenir et encourager mon capitaine qui a maintenant encore plus de petits avions dans la tête.







Après cet après-midi de voltige aérienne, voilà de quoi vous mettre en appétit, une salade de lambis cru, arrosée de lime et de jus d’orange, un régal. Quant à ces pastenagues américaines elles se laissent volontiers caresser contre un déchet de lambis, ce qui fait la joie des enfants qui sont tous fous à l’idée de pouvoir toucher et nourrir des raies.






Un dernier coup d’œil à George Town pour un approvisionnement en fruits et légumes, une dernière soirée autour d’un feu avec nos amis, puisque c’est ici que nos routes se séparent pour un moment, certains continuant au sud alors que nous entamons notre remontée.






Et c’est également ici que je vous quitte pour ce volet en vous disant à la prochaine connexion.

Avec nos meilleures pensées,
Les New Life en balade

dimanche, 4 mars 2012

Bahamas, de Fraser Cay à Staniel Cay (suite de la publication du 30.01)

Salut à tous,

Et voici la suite de ce qui a été publié le 30 janvier 2012.

Sur Fraser Cay, il y a un trou bleu, alors c’est parti pour un bel après-midi de marche 7km (aller-retour). En arrivant sur place j’entends mon bonhomme quelque peu déçu; ah c’est ça ton trou bleu maman !







J’en conviens ce n’est pas le plus beau trou bleu qu’on puisse trouver, mais au milieu des mangroves, un trou comme cela, ce n’est pas tous les jours qu’on en voit un. La marche valait tout de même le détour, non ? Boof !

Cela peut bien te laisser indifférent, mais sais-tu que ces gouffres datent de la dernière période glacière lorsque le niveau de la mer était bien plus bas, qu’ils peuvent atteindre une profondeur de 200m ? On en trouve à différents endroits sur notre planète, certains sont plus populaires que d’autres, notamment celui situé au Bélize qui fait la joie des plongeurs, mais la plus forte concentration de trous bleus est observée dans les caraïbes. Après la montée des eaux due au réchauffement climatique, les océans ont submergé ces grottes spectaculaires, leurs toits se sont effondrés, il ne reste aujourd’hui que ces trous bleus qui sont des merveilles géologiques. C’est quand même intéressant non ? Ouai !

Sur le chemin de retour, nous rencontrons Chimmy qui, gardien d’une belle propriété, nous invite à nous désaltérer devant une montagne de cocos qu’il ouvre avec une dextérité que nulle ne pourra égaler.




La radio annonce un nouveau front pour les jours à venir. Nous resterons donc à Fraser avec nos amis de BtoB et d’U5. Encore épuisés de la marche d’hier, les enfants préfèrent jouer sur la plage que de se balader à nouveau. Lorsque j’écris épuisés c’est relatif car les garçons ne résisteront pas à une partie de wake board, malgré la « fricasse » de l’eau.






Ce devaient être une belle maison avant d’être abandonnée à tous vents sur le trajet des cyclones. Aujourd’hui, seules les araignées et les termites s’y sentent à l’aise.






L’être humain ne changera-t-il donc jamais ? C’est plus fort que lui, il ne peut s’empêcher de laisser sa trace sur terre comme pour dire : j’y étais, j’y habitais ….






… oui mais la nature, se passerait bien de tels « cadeaux » empoissonnés.





En pointant mon nez dehors ce matin, je me demande où sont passés les amis; plus personne autour de nous. Soudain je réalise que nous avons dérapé et traversé la baie, par chance en passant entre les hauts-fonds, évitant par je ne sais quel miracle les corps-morts et le ponton de la petite marina pour nous retrouver à côté des bouées marquant en principe, l’entrée du chenal, mais qui sont sur la berge depuis un bout de temps.






Nous avions fait confiance à notre ancrage qui avait résisté 4 jours durant à des vents soutenus, sans allumer - en allant nous coucher hier soir - le GPS avec l’alarme de mouillage. Grave erreur. Il ne me reste plus qu’à réveiller le capitaine, lancer le moteur, remonter l’ancre et nous en retourner mouiller près de nos amis, qui se demandent ce que nous fichons à une heure aussi matinale.

Nous attendons deux jours encore que les vents et la mer décident de se calmer avant de lever le camp pour Nassau. Une jolie journée de navigation avec des vents SW de 10 nœuds le matin et de 15 nœuds dans l’après-midi, le clapotis de l’eau sur la coque, les voiles à poste, le bateau file à 5 nœuds, c’est superbe.

A peine sortis du banc, la ligne de pêche se déroule à toute vitesse. C’est l’excitation générale à bord, je saute à la barre pendant que Thierry fatigue la prise. Marvin plonge chercher la matraque, prêt à assommer le poisson qui a mordu. Nous ne savons pas encore ce que nous tenons, mais la bébête se débat ferme. Thierry remonte, lâche, remonte encore un peu, redonne du mou à la ligne qui se détend à nouveau. Le poisson se cabre, saute hors de l’eau, replonge, zigzague à l’arrière, la distance nous séparant de notre dîner diminue de plus en plus. Nous l’apercevons enfin, une belle dorade coryphène de plus d’un mètre, elle tient à la vie et continue à se battre. Nous sommes décidés à l’avoir dans notre assiette. Au moment de la remonter à bord, elle tente un dernier coup de rein, arrive à se décrocher et repart vaillamment dans l’océan, nous laissant sur notre « faim », salive en bouche.

Ne baissant pas les bras, Thierry déroule à nouveau la ligne. Une dizaine de minutes plus tard, une nouvelle touche, sans plus de succès au bout du compte. Il recommence, encore et encore. Hameçons détendus, lignes sectionnées, rapalas perdus. Il y a de grosses « pescailles » dans le coin c’est sûr ! Thierry ne s’avouera pas vaincu pour autant. A la sixième touche enfin du poisson au bout de la ligne ; ces deux thons feront l’affaire pour notre souper. Dès que je commence le nettoyage et le dépeçage de ces jolies prises, Marvin et moi ne résistons pas à un sushi de thon délicatement humecté d’un zest de lime.







Après avoir demandé et obtenu l’autorisation d’entrer dans le port de Nassau, les énormes Liner amarrés au quai du Prince Georges nous regardent passer en se disant : tient, la coquille de noix rencontrée à Miami arrive seulement aujourd’hui.







Nassau est un bon endroit pour ravitailler, faire la lessive, le plein d’eau et envoyer quelques nouvelles à la famille et aux amis. C’est aussi un contraste incroyable entre le Nassau populaire et Paradise Island avec sa cité d’Atlantis où les mégas yacht avec leurs richissimes propriétaires se prélassent en jouant d’un air blasé au casino, histoire d’augmenter leur fortune ou de perdre quelques millions, en ayant l’indécence d’appeler leur yacht « Just Another Toy » (juste un nouveau jouet) !

Côté populaire d’abord, c’est une ville qui grouille, le trafic y est intense dès le matin, ça klaxonne, ça pétarade, les sirènes des ambulances hurlent à tue-tête en essayant de se frayer un chemin dans les embouteillages. Le reggae sort des haut-parleurs des véhicules en même temps qu’un énorme nuage de fumée. Des « yeah man » et des poignées de mains s’échangent. Un rasta danse au milieu d’un carrefour en brandissant des tickets de loterie qu’il vend aux voitures arrêtées en leur garantissant le gros lot pour le tirage de samedi.

Je me retrouve à la laverie dans une ambiance bon enfant où toutes les personnes présentes ont le sourire aux lèvres, chantent, éclatent de rire lorsque la porte d’une machine tombe à terre, se racontent des derniers potins du coin dans un créole où je crois reconnaître quelques mots d’anglais. La TV diffuse à plein volume – il faut bien couvrir le bruit des machines - une émission de téléréalité qui n’intéresse que la responsable de la laverie qui se déplace à regret lorsqu’il faut vendre un jeton.

Une fois cette tâche écrasée, nous allons nous balader sur le port où, les pêcheurs vendant à la criée les produits de la mer à même le bateau, en face les étales de fruits et légumes finissent de colorer l’ambiance locale. Il fait bon se rafraîchir devant une Kalik (bière bahamienne) dans un des lolos entourant ce marché fort animé en imprimant ces images quelque part dans notre tête.




Nous profitons également de notre escale pour compléter notre matériel de pêche puisque nous avons perdus quelques rapalas et une belle longueur de ligne. Nous ne sommes pas convaincus - après avoir allégé notre porte-monnaie d’une centaine de dollars - que ce matériel sera plus efficace que les rapalas de fabrication maison du capitaine. Les étiquettes de la célèbre boisson américaine ont toujours fonctionnés, mais qui sait…





Allons guigner du côté de Paradise Island, histoire d’avoir un aperçu d’un tout autre monde. Quand je dis « autre monde », je ne mâche pas mes mots puisque, en passant on avait déjà eu une idée avec les mégas yacht.






Même les enfants resteront interdit devant autant de luxe. Nous avons le temps d’admirer les aquariums géants où, raies manta, léopard et quantité de poissons se partagent la cité perdue d’Atlantis, avant de nous faire repérer par une personne de la sécurité qui, n’apercevant pas notre bracelet codé au poignet nous prie gentiment de quitter les lieux.






Pour terminer la journée, une énorme glace et un dernier coup d’œil à ce monde artificiel.





Quittant Nassau, nous nous dirigeons sur Highbourne Cay où les enfants retrouvent, après l’école, les plaisirs de la plage les garçons frimant avec leur nouveau surf. Nous faisons la connaissance de Pierre, Guylaine, Jérémie et Marika, une autre sympathique famille de québécois naviguant sur Taranga II. Les enfants tout comme les adultes ne demandent pas mieux que d’agrandir le cercle de l’amitié.





De curieux iguanes en quête de nourriture accueillent à Allens Cay les visiteurs qu’ils débarquent en dinghy ou en hydravion ils n’y prêtent aucune importance.






Nous arrivons aujourd’hui à Norman Cay, après une longue journée de navigation. Je vous rassure tout de suite, les îles sont si proches les unes des autres que nous en sautons parfois, juste pour naviguer un peu plus qu’une demi heure. Donc pour venir d’Highbourne à Norman il nous a fallu en tout cas 3 heures, wahou ! Je me passe de vous parler de l’état de la mer qui est une palette de turquoise où nous naviguons à vue entre les têtes et les pâtés de coraux. Nous avons tout de même une pensée pour ceux qui passent l’hiver sous des latitudes moins clémentes. C’est pourquoi j’unis mots et images pour que vous aussi vous puissiez vous réchauffer et vous en mettre plein les yeux.






Inutile de préciser que l’exploration sous-marine avec cette clarté est magnifique. Cela dit, sous le vent de cette île il y a une épave de DC3, c’est donc équipés de nos « pmt » (palmes, masques, tubas) que nous partons à sa découverte, sans oublier une ligne de traîne, des fois qu’on pourrait ramener le souper. Sur le trajet aller, nous sortons ce beau barracuda.







Lorsque nous pêchons du barracuda, nous sommes attentifs à sa taille car ici dans les Bahamas, beaucoup de poissons, mais spécialement le barracuda qui est un des derniers maillons de la chaîne alimentaire, sont atteints de la ciguatera. Il n’est pas recommandé de les manger s’ils dépassent le mètre ou les 2.5kg. Celui-ci fera l’affaire pour ce soir, souper que nous partagerons avec nos amis d’U5.

La ciguatera pour ceux que ça intéresse est une intoxication alimentaire par les chairs des poissons contaminés par une microalgue que l’on trouve dans les récifs coralliens. Comme de nombreuses toxines naturelles et artificielles, la ciguatoxine s’accumule dans les organismes et augmente au fur et à mesure que l’on monte les échelons de la chaîne alimentaire. Le barracuda est un prédateur qui mange de plus petits poissons qui se nourrissent de coraux.

Les effets sur l’être humain de cette toxine peuvent être nombreux, douleurs abdominales, nausées, vomissement, diarrhée qui sont les symptômes les plus fréquents, mais la maladie peut également atteindre le système nerveux avec des engourdissements ou fourmillement, perte de sensation aux extrémités, vertiges, étourdissement, maux de tête etc., tout dépend de l’individu atteint, de son état de santé et de son immunité face à cette maladie. Mais il semblerait que les hommes soient plus sujets à cette intoxication que les femmes. Cette maladie est connue depuis longtemps puisqu’un médecin chinois en avait déjà fait la description en l’an 650. Les explorateurs du XVème siècle, Christophe Colomb, Magellan, Vasco de Gama entre autres, en ont fait les frais également. Ils en rapportent les effets secondaires dans leurs récits historiques de la découverte du nouveau monde.

Je ne suis pas là pour vous donner un cours de médecine, ni pour vous effrayer, mais il faut être conscient que lorsqu’on navigue dans ces eaux chaudes, turquoises, limpides, un peu partout sur notre planète les coraux - qui se meurent à partir d’une température des eaux de 30°- sont atteints par cette microalgue. Les causes de son développement sont multiples, réchauffement des eaux, pollution, cyclones, etc. Loin de moi l’idée d’empêcher qui que ce soit d’attraper du poisson, soyez juste vigilants quant à sa taille et à l’espèce pêchée.

C’est la raison pour laquelle cette seconde prise de la journée, bien plus grosse que la première, retrouvera la liberté et les eaux bleues, une fois libérée de son hameçon.






Mais nous étions partis en exploration sous-marine sur un DC3, alors revenons à nos moutons et laissons la pêche et la ciguatera de côté pour un moment. L’île de Norman a bien fait parler d’elle dans les années 78/80 en étant une escale convoitée par les trafiquants de drogue entre la Colombie et les USA. Joe Lehder un des grands magnats de la drogue y avait installé son QG et régnait d’une main de maître sur ce trafic avant d’être arrêté et extradé. Nous sommes donc au cœur d’un sujet épineux mais qui appartient dorénavant au passé.

A l’époque ce DC3 pratiquait ses « Touch and Go » à vide et à pleine charge en prévision d’un gros transport. Son pilote s’étant raté dans une de ses manoeuvres, le DC3 repose depuis lors juste sous la surface de l’eau. A marée basse le cockpit découvre même et l’on peut se mettre debout sur les ailes de l’avion. Il ne nous faut pas longtemps pour nous équiper et sauter à l’eau. Une raie pastenague américaine, effrayée par nos plongeons se retire sur le côté alors qu’une multitude de petits poissons, demoiselles sergent-major, girelles, papillons, gorettes, nous assaillent de part et d’autre. Je remercie ici Martin pour ses belles prises de vue sous-marines qui viendront compléter ma collection de photos.







En sortant Marvin nous dira : J’en ai plein les yeux mais l’apnée ça creuse, j’ai faim.





La journée du lendemain est bien occupée avec l’école (comme tous les matins), fabrication du pain pour midi - Marvin ne résistant pas à l’envie de m’aider à pétrir la pâte durant sa récré – pêche et entretien pour le capitaine. Ces messieurs revenant bredouilles aujourd’hui, Nancy lance l’idée - accueillie à l’unanimité - d’un petit resto local pour la soirée. Le Mc Duff est à deux pas, il nous faut longer puis traverser l’aéroport qui, rassurez-vous n’est plus aussi fréquenté que dans les années 80. Un bon repas, une agréable compagnie, la soirée ne peut alors qu’être excellente avec de belles parties de « déconnades » autant à la table des enfants qu’à celle des adultes.







Cela est bien joli, mais il faut penser à continuer notre route si nous voulons découvrir d’autres îles. Warderick Wells, Land and Sea Park sera notre prochaine escale. Après avoir annoncé notre arrivée au bureau du parc Marvin s’empresse de demander de quelle race est le requin de plus de 2 mètres qui est venu tourner autour de nous lorsque nous avons pris la bouée d’amarrage. Un Ranger le rassure immédiatement, il pourra se baigner en toute quiétude, il s’agit de Bruce, un requin nourrice totalement inoffensif qui a élu domicile dans le parc. Ouf !







Et tu verras mon gars, ajoute le Ranger, il n’y a pas que des requins à découvrir dans le parc, voici un plan et de la lecture. Maintenant que tu es le guide, emmènes tes parents sur tous les chemins aménagés, descends sur la plage et apprends-en plus sur la baleine qui s’est échouée ici il y a quelques années, son squelette y est reconstitué. Tentes de mettre un nom à ces squelettes-ci, …





… et fait surtout attention au bois empoissonné que tu vois là. Tu le trouveras un peu partout sur l’île, évite-le lors de tes balades et surtout ne mets pas les doigts à la bouche si par mégarde tu l’as touché. Surtout n’oublie pas de grimper au sommet du Boboo Hill, laisse-y une marque de ton passage avec un objet que tu auras trouvé dans la nature.

Le ciel chargé de la veille nous amène de la pluie aujourd’hui. Nous délaissons la baignade mais partons, équipés de pèlerines et de bonnes chaussures - vu le tranchant des roches - pour une marche à travers l’île évitant de tomber dans les puits naturels et de se griffer avec le bois empoisonné que les enfants avertis pointes du doigt à chaque fois qu’ils en croisent un. Construire un cairn - un totem pour nos amis québécois – occupera les mousses avant de prendre les 4 heures sur la Plage aux Esclaves. Seul le nom de cette plage est propice pour entamer un dialogue sur les négriers de l’époque et du coup leur en dire un peu plus sur l’histoire et l’origine de la population bahamienne.







La tradition à Warderick Wells est de laisser une trace du passage de chaque bateau. ça tombe bien puisque, au programme de ce matin que ce soit sur U5 ou sur New life, il y a travaux manuels. Nous emmenons les enfants au sommet de Boboo Hill afin qu’ils réalisent leurs œuvres en laissant libre cours à leur imagination.






Un blow hole (un souffleur) et non pas un blue hole (trou bleu), attire les enfants qui se font décoiffer à en perdre leur casquette à chaque fois qu’une vague frappe 25 mètres plus bas dans une cavité de la roche, seul son souffle remontant jusqu’à Boboo Hill.

Avez-vous déjà essayé de photographier des oiseaux avec des enfants autour de vous ? Cela relève de l’impossible, alors je pars en avant, ce qui me permet d’immortaliser notamment le Banana Quit, oiseau emblème des Bahamas. Et pour terminer cette journée récréative nos loulous ne demandent pas mieux que de sauter sur les kayaks mis à disposition par le parc en entamant une course poursuite, filles contre garçons, à travers le lagon.




Martin et sa famille étant restés quelques jours de plus à Warderick Wells, nous sommes seuls au monde sur Cambridge Cay. Le capitaine rêveur observe son bateau se balancer au mouillage pendant que le soleil se couche en laissant derrière lui une luminosité qui, nous le savons, amènera pour demain des vents soutenus.






Trop de vent et beaucoup trop de courant pour la baignade, allons alors à la recherche de fossiles des fois qu’on trouverait des dents de mégalodon. Aucune dent, mais ce magnifique lambis fossilisé qui doit bien avoir quelques millions d’années.






Quelques jours plus tard nous retrouvons nos amis à Compass Cay. Ici, le clou est de prendre son courage à deux mains et de rejoindre les « pets » locaux. Lorsqu’on évoque le nom de « pet » on imagine un joli petit animal de compagnie ou de ferme qu’on pourrait câliner. Mais là il s’agit de nager avec des requins en liberté. En lisant les panneaux Marvin ne se sent pas franchement rassuré.




Je vous entends, ohoooooo et je vous vois trembler d’ici. ! Mais je vous rassure tout de suite, ce sont des requins nourrices qu’on appelle aussi vaches de mer et qui sont inoffensifs. Franchement si je vous avais parlé d’entrée de vache de mer, vous n’auriez pas réagi ainsi et si j’avais écrit requins nourrices vous n’auriez retenu que le mot requin. Eh oui la seule évocation de cet animal suscite l’effroi. Même Marvin un peu réticent au départ - me laissant passer devant au cas où - n’a pas hésité d’aller les toucher du bout des doigts histoire de savoir à quoi ressemblait la peau des requins nourrices alias vaches de mer. C’est doux si on les caresse dans le sens du « poil », c’est rugueux à l’envers. Génial, on pourra revenir ? Et voilà une grosse appréhension démystifiée.







Après cette expérience il fallait être à la hauteur avec l’activité sportive du lendemain. Martin et Nancy ont entendu parler qu’au Nord de Compass Cay il y avait un « Bubble Bath » (bain de bulles). A cet endroit, lorsque la marée monte, la mer s’engouffre dans un étroit goulet, déversant toute sa puissance dans une grosse cavité rocheuse, c’est le fun de s’y baigner en attendant la vague suivante. Avant d’en parler aux enfants Martin se met à l’eau pour en évaluer les risques. Nous sommes unanimes équipés de leur gilet, ils devraient bien s’amuser et nous aussi. En un temps recors on se retrouve tous à l’eau attendant impatiemment la vague suivante qui forcément sera plus grosse que la précédente. C’est un bel Aqua Parc, en mieux nous diront les enfants qui ne sortiront de là qu’avec les lèvres bleues, grelottant et claquant des dents.






A 19h30 ce soir tout le monde tombe dans les bras de Morphée.


Si vous avez déjà vu le film Thunderball (James Bond), vous saurez où nous sommes allés plonger pour notre prochaine escale; la grotte de Staniel Cay où les scènes sous-marines de ce film ont été tournées. Il faut maîtriser sa claustrophobie à l’entrée, donner un bon coup de palmes pour se retrouver au milieu d’une énorme salle aux cavités multiples où poissons-anges, pagres et demoiselles sergent-major jouent à cache-cache dans la luminosité des failles et derrière les coraux. La bouille d’Anaïs (4 ans) ne voulant pas perdre une miette du plaisir des grands nous fera tous bien rigoler, surtout lorsqu’en reprenant son souffle elle nous crie : Je les ai vu, je les ai vu, les poissons. Merci encore à nos amis d’U5 pour les prises de vue sous-marines.





Le village de Staniel Cay haut en couleurs reflète bien la gaieté de la population bahamienne.






Trois épiceries nous permettent de ravitailler un tantinet. Il n’y a plus grand-chose sur les étalages, les prix sont dispendieux comme diraient nos amis canadiens et la fraîcheur laisse à désirer. Le mail boat qui approvisionne les îles en produit frais est attendu depuis plus de deux semaines, personne ne pouvant assurer du jour de son passage. Ce n’est pas grave en ce qui nous concerne, nous avons encore bien des choses à bord (pâtes, riz, farine, conserves, stérilisations maison lorsque la pêche ne paie pas) et bien entendu de l’imagination pour varier les menus.

Une clinique avec parking réservé même s’il n’y a pas foule et un petit aéroport tout aussi particulier. Le panneau « keep off runway » est juste symbolique, la salle d’attente de l’aéroport et le bureau de vente des billets sont derrière la notice. Chacun se charge de ses bagages. Le pilote, après s’être occupé des formalités d’usage, tente de caser tout ce qu’il doit emporter. Il n’hésite pas une seconde à enfiler quelques sacs dans le compartiment moteur lorsque la soute est pleine. Le Yacht Club de Staniel s’occupe du ravitaillement en carburant pendant que les passagers embarquent. Les normes de sécurité qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de ne pas perdre une minute, l’avion a encore deux escales à effectuer avant de s’envoler vers les US. Il avait plus d’une heure de retard à l’atterrissage, ce qui n’empêche pas le pilote de tailler une bavette avec Thierry pendant que Marvin observe le poste de pilotage. Ça fait partie du folklore et des couleurs locales.






Lorsque le ciel se teinte pareillement au coucher du soleil, nous savons que la journée du lendemain sera rock-and-roll. Voici un aperçu du mouillage de Big Major à l’ouest de Staniel Cay où une trentaine de bateaux, nous y compris, étions « abrités » pour le passage d’un front.






Tout le monde savait que lorsque le vent débuterait son tour de cadran S-SE-SW-W-NW-N-NE, on serait un peu ballottés au passage de l’Ouest. Oui mais…, on était loin de se douter que cette période allait durer aussi longtemps cette fois-ci. Trois jours dans une machine à laver au mouillage, certains en profitent pour danser la salsa, d’autres tentent de changer de coin, certains dérapent, d’autres vont dormir sur la plage. Tout le monde contrôle et assure son mouillage prenant son mal en patience en attendant que le vent tourne au N-NE et apaise enfin la baie. On se fait des petits clins d’œil à la VHF pour se remonter le moral en se disant que la machine arrive sur l’essorage, terminant enfin son programme. Voilà pour les jours SANS !

Une fois les éléments calmés, c’est le pied à nouveau et on retrouve tous le sourire. Je vous quitterai donc sur une touche plus amusante pour aujourd’hui. Sur Big Major il y a une bande de cochons sauvages avec qui, paraîtrait-il, on pourrait aller nager. Nous nous sommes bien baignés avec des vaches de mer (requins nourrices) alors pourquoi ne pas se mettre à l’eau avec des cochons ?

Seulement voilà ces bestioles-là sont sans gêne lorsqu’il s’agit de quémander de la nourriture. Elles n’hésitent pas une seconde à sauter sur les bateaux qui approchent trop près. Notre dinghy étant plus bas sur l’eau que ce canot à moteur, nous nous sommes retrouvés, le temps de prendre quelques clichés, en compagnie d’une belle truie dans l’annexe. Là, je vous laisse imaginer la scène car pour les photos c’est râpé ! Nous nous sommes empressés de lui balancer nos épluchures pour qu’elle quitte notre frêle embarcation.

Se baigner avec les cochons, n’a donc tenté personne !
Cela vous étonne-t-il ?






Avec nos meilleures pensées
Les New Life en balade