mercredi, 12 septembre 2007

Une belle histoire, celle d'Edouardo

Salut à tous,

Je vais vous conter une belle histoire, celle d’Edouardo que les hasards de la vie nous ont permis de rencontrer.

Il était une fois un navigateur solitaire Edouardo l’argentin. Reporter-photographe de formation. Il quittera son pays, l’Argentine, lorsque le peso dégringolera jusqu’à ne valoir plus grand-chose, bourlinguant le monde en travaillant à gauche et à droite, il fera notamment du charter sur différents bateaux. Il passera le Cap Horn 14 fois, sans pour autant s’en vanter.

Lors d’une navigation de nuit, entre les Antilles et Margarita, il y a deux ans déjà, un cargo est venu caresser d’un peu trop près Samsara, son bateau. Sa seule possibilité pour le sauver a été de couper les haubans retenant son mât ce qui a entraîné la perte de tout son gréement et sa garde-robe.



Depuis cet événement Edouardo a poursuivi sa route ouest au moteur sans demander quoique ce soit à personne. Il survit d’île en île en vendant quelques toiles qu’il peint à bord de Samsara. De cette manière il arrive à Curaçao en 2005 avec seulement 200 dollars en poche. A 72 ans le moral et l’énergie commencent à lui faire défaut et il se voit terminer sa vie ici sans espoir de reprendre la mer un jour. Il expose ses œuvres - car c’est un réel artiste - dans quelques galeries de Willemstad. Cela lui permet de tenir coup de manière modeste sans toutefois lui laisser suffisamment d’argent pour réarmer son bateau.

Puis un jour - venant de Galice, François et Eva à bord de Zarpas, leur catamaran, au gré de leurs escales dans les Antilles du nord - entendent parler de l’histoire d’Edouardo. François, skipper professionnel décide que si un jour sa route croise celle d’Edouardo il l’aidera à reprendre la mer.

Quelques mois plus tard, Zarpas jette l’ancre à Spanish water. Depuis leur rencontre, les événements évoluent rapidement. Des discussions entre navigateurs apprennent à François et Eva qu’une épave échouée depuis plusieurs années à Klein Curaçao pourrait fournir le mât recherché. Il faut juste aller le démonter et le ramener… ce qui n’est pas une mince affaire.



Manu, Christina et leur petite Luna à bord de Flam, un autre catamaran font désormais partie du projet d’aller chercher ce mât. Les deux catas se rendent à Klein Curaçao. Une fois sur place Edouardo, toujours sceptique, n’en croit pas ses yeux lorsque le mât est retiré de l’épave. Il faut maintenant traverser l’île, dans la caillasse et les cactus, avec un mât sur les épaules. A trois personnes c’est pour ainsi dire mission impossible. Une autre solution est suggérée, transporter le mât par la mer en faisant le tour l’île jusqu’au mouillage sous le vent. Une fois l’idée approuvée, les travaux commencent : rendre le mât flottant en y attachant des pare-battages sur toute sa longueur et le prendre en remorque avec une annexe. Là les éléments se mettent également de la partie pour aider cette folle manœuvre. En effet, suite au passage du cyclone Félix, qui a ravagé la Martinique, la côte au vent de Klein Curaçao habituellement inhospitalière et inabordable est devenue presque aussi calme qu’un lac. Est-ce un signe du destin ?

Après sa mise à l’eau, Manu a tiré le mât à l’arrière de son annexe et a rejoint tout l’équipe de l’autre côté de l’île pour le charger sur Zarpas. Quatre jours plus tard, toute l’équipe est de retour à Spanish water. Maintenant il s’agit de trouver des personnes prêtes à donner un coup de main à cette folle entreprise, car il s’agit maintenant d’adapter le mât sur Samsara, la section du mât n’est pas identique, le haubanage est différent, tout est à transformer. Le mot passe au mouillage et une équipe de choc se met au travail : le gréement a été adapté, un nouveau pied de mât a été fabriqué au fond de cale, un collier en époxy pour la liaison pont-mât est fabriqué, les embouts à sertir ont été réunis.



Puis arrive le grand jour. Flam et Zarpas, les deux catas prennent Samsara en sandwich,



à l’aide de drisses, l’équipe de choc hisse le mât et le mette en place sans difficulté. Nous n’avons pas oublié la petite pièce de monnaie « porte-bonheur » glissée sous le mât. Une petite lueur brille maintenant au coin des yeux d’Edouardo.




Ce petit coup de folie n’est pas encore terminé, car il y a encore beaucoup de travaux à effectuer sur le bateau afin qu’il puisse reprendre la mer. Un appel a été lancé en BLU, sur internet et en VHF afin que d’autres personnes participent à cette action de solidarité en apportant leur contribution matérielle car pour pouvoir naviguer à nouveau, Edouardo a besoin d’une bôme, de voiles, de cordages, winchs, etc. Plusieurs personnes ont déjà répondu présents pour du matériel, ce qui est magnifique car il ne faut pas que cette belle histoire s’arrête à la pose d’un mât. Les premiers participants à cette opération doivent continuer leur route, mais il ne faut pas que ça s’arrête là. Ceux qui seront touchés par ces lignes seront les bienvenus à contacter Edouardo sur : eksamsara@gmail.com afin de l’aider à repartir et de savoir ce dont il lui manque encore.

Une histoire comme on voudrait en lire plus souvent aujourd’hui. L’amitié marine et la solidarité entre marins existent encore !



La petite flamme qui brille au coin des yeux d’Edouardo, vaut tout l’or du monde. A 72 ans enfin il revit et à l’espoir de naviguer à nouveau.



Avec nos meilleures pensées à tous. Les New Life en balade

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je souhaite bonne chance a edouardo

bravo pour cette belle histoire