jeudi, 6 septembre 2007

lettre du 06 septembre 2007

Salut à tous,

Notre vie à Curaçao est désormais un train-train quotidien… métro, boulot, dodo, ça en devient lassant, mais on est au soleil alors pourquoi se plaindre !

Depuis son anniversaire, Marvin attrape des goûts de luxe…. Il a commencé par apprécier l’espace d’un catamaran, mais voici quelques jours qu’il s’est lié d’amitié avec Elvin, le skipper d’une goélette de 28 mètres. Avec ses copains Yoan et Anaïs ils passent des après-midi entiers à trotter, à faire les fous à bord de cette magnifique unité. Un jour il est revenu à bord en nous disant : Tu sais on a même joué aux boules dans le bateau. On se demande pourquoi New Life lui paraît si petit après ça !


Voici quelque temps qu’une ou deux dents me font affreusement souffrir, j’ai donc pris un rendez-vous. Première consultation, le dentiste m’installe dans un fauteuil, me met une petite serviette autour du cou, enfile ses gants et me confirme deux ou trois caries et qu’il me faudrait un bon détartrage. Pani problem, jusque-là tout va bien. Je vous laisse passer à la caisse, pour payer 60 guilders, (US$ 35.00) et reprendre un rendez-vous. Je tente à tout hasard : Vous ne commencez pas le traitement aujourd’hui ? Oh non cet entretien (5 minutes) était juste une évaluation orale et il faut commencer par le détartrage chez le spécialiste. Merci je savais que j’avais des caries, c’est la raison pour laquelle je suis venue vous consulter ! Bref je prends mon mal en patience et demande un autre rendez-vous que j’obtiens 10 jours plus tard. Le jour en question, je me rends au cabinet dentaire et là on m’annonce que le spécialiste du détartrage a pris ses vacances, qu’ils ont tenté de me joindre plusieurs fois sur mon portable, sans succès. Mon œil j’aurai eu des appels en absence ! Bref, le rendez-vous est annulé et il est impossible de m’en refixer un, on ne sait pas quand le spécialiste reprend ses fonctions, ses collègues sont complètement débordés vu la période estivale, on manque de dentistes. OK, je souffrirai en silence et j’attendrai Cartagène où ils seront peut-être plus enclins à me soigner en acceptant nos sous !

Suite à cette expérience, j’ai creusé la question rendez-vous médicaux sur l’île et j’ai réuni quelques expériences. Faut-il en rire ou en pleurer, je vous laisse seuls juges.

Ma voisine de bateau se rend pour une visite gynécologique de routine. Derrière son bureau le médecin lui pose multitudes de questions sur son état de santé. Elle lui répond avec précision. Le gynécologue, est très fier de son français et étale tout son savoir appris à l’école. Après 45 minutes d’entretien durant lesquelles, ma voisine se demande s’il va finir par l’ausculter, il lui tend un bordereau en la priant de passer à la caisse 80 guilders(US$ 45.00) sans que le médecin ne bouge ses fesses de son fauteuil. Iil lui confirme que tout va bien ! Jamais vu ni entendu ce genre de visite gynécologique, et vous ?

Une autre expérience, chirurgicale celle-ci. Un autrichien a besoin d’une opération à un poignet, une inflammation musculaire ou quelque chose qui lui fait mal lorsqu’il bouge le bouge. Rendez-vous pris pour les jours qui suivent, opération réalisée et effectuée en moins de 20 minutes. Impressionné par la prestation, il ressort de la clinique tout content. Cela fait maintenant 15 jours que l’intervention a eu lieu. Il doit y retourner car il ne peut plus bouger son poignet !
Vous allez croire que je les invente ces histoires et pourtant c’est la triste réalité !

Le 1er week-end de septembre nous tiendra en alerte. D’abord une simple vague tropicale qui devient rapidement tempête tropicale, puis gagnant en puissance au cours de la nuit, Félix est devenu dimanche matin un ouragan de catégorie 2 entre Bonaire et Curaçao avec des vents à 160km/h à son centre.

Dès les premières annonces, samedi matin tous les bateaux au mouillage se préparent à le subir. Il est trop tard pour se diriger sur les côtes vénézuéliennes ou quitter Curaçao en ce qui nous concerne et je crois que personne ne quittera le mouillage, vaut mieux préparer les bateaux que de fuir cette fois-ci. On désarme donc New Life en enlevant toutes les voiles et tout ce qui pourrait avoir une prise au vent sur le pont. Tout le reste est attaché solidement. Deux nouvelles ancres sont à poste afin d’être larguées au moment opportun c'est-à-dire lorsque le bateau aura fait un 180° par rapport à sa position initiale. Voilà à quoi ressemble New Life tout nu !


La capote a été démontée juste après le souper. A l'intérieur, c'est forcément l'encombrement le plus total :



Félix a changé constamment de direction durant la nuit, rendant son impact difficile à prédire, a déclaré Lizanne Richards-Dindial, lieutenant-gouverneur de Curaçao. "Félix joue avec nous", a-t-elle noté lors d'une conférence de presse nocturne. La radio locale diffuse toutes les 20 puis 10 minutes des informations quant à sa position notamment et les mesures de sécurités à prendre pour la population.
Nous sommes prêts. Tout le monde est attentif aux infos. Vers 0100 du matin dimanche, les vents tournent de nord-ouest, ouest, et sud-ouest. Le bateau est maintenant en position pour attendre Félix qui va nous amener en autres des vents sud-ouest. Thierry largue à 0200 du matin deux ancres supplémentaires, la pluie se met à tomber averse et le vent monte, 20, 25 nœuds tout le monde se dit que ça y est, il arrive. Puis c’est l’accalmie, on attend la suite, tonnerre et éclairs se mettent de la partie. A chaque bulletin d’alerte diffusé par la radio FM locale en anglais, en hollandais et en papimento, je les traduis pour la communauté francophone et les diffuse en VHF. Ça aide à patienter car la nuit et l’attente deviennent longues. Même Marvin en a des insomnies. Il me dira « Ohé là haut le bon Dieu, il ne peut pas fermer ses vannes, que je puisse dormir ».

L’attente, je crois que c’est le pire. A tout moment on se demande ce qui va arriver. Au petit matin, à 0600 la radio annonce que Félix change encore une fois sa trajectoire et semble se diriger plus nord-ouest. Son œil passe à 50km au nord de Curaçao. Ouf on a eu chaud. Encore un petit coup de vent à 30 nœuds puis les vents faiblissent, la pluie continue à tomber. La tension se relâche, tout le monde est soulagé d’apprendre que Félix nous a épargné. Merci à lui.

Vers 0800 la pluie s’arrête, quelques têtes sortent des bateaux, on s’échange de petits signes amicaux le sourire aux lèvres. Un bon petit-déj. puis on se remet au travail relevant le deuxième mouillage car le vent, bien qu’il soit maintenant faible, tourne au sud-est ici dans la baie et la position des bateaux est complètement modifiée vu les mouillages supplémentaires largués durant les préparatifs et dans la nuit. Certains bateaux ont largués des ancres avant d’avoir tourné, d’autres sont allés posés des mouillages en annexe à l’est, d’autres ont mis une ancre avant et arrière, bref, tout le monde avait sa théorie, comme nous d’ailleurs. Au vu de la pagaille entre les bateaux une fois les éléments plus ou moins calmés, nous relèverons les mouillages supplémentaires posés durant la nuit, puis l’ancre principale et nous remouillerons New Life. D’autres bateaux en feront de même car nous sommes tous plus ou moins proches les uns des autres. Marvin est tout content de nous aider à « rhabiller » le bateau. Il faut dire que c’est la première fois qu’il le voit si nu, sans ses voiles, sans cordage, sans capote, sans éolienne, sans rien qui ne traîne sur le pont. Ce dimanche soir, il va sans dire que Morphée ne nous attendra pas.

On s’interroge sur le manque de vent que nous avons subi alors que plus de 50 nœuds était annoncé. Mike sur Kelly’s eyes (un anglais passionné de météo) nous éclairera en nous expliquant au net VHF de lundi le phénomène. De par sa rapide ascension de catégorie I à II et sa proximité, Félix a tout aspiré avec lui afin de se nourrir de ce qu’il trouvait sur son passage. Mardi matin, il passait en catégorie V+ et se dirigeait sur les côtes du Nicaragua, Honduras, Bélize, Yucatan. On est en pensée avec eux, la semaine dernière ils ont subi Dean, maintenant c’est Félix.

Comme je le disais déjà dans un précédent blog c’est la saison cyclonique et l’Atlantique est en pleine activité. Nous gardons les deux yeux ouverts, mais il est étonnant de voir que ces phénomènes n’ont plus les mêmes trajectoires que par le passé et qu’on ne peut plus dire : Jamais un cyclone ne passera par ici ou par là. La planète, la météo et les habitudes changent !

Je disais en début d’article que notre vie à Curaçao devenait un train-train…. Aurais-je mieux fait de me taire ?

Avec nos meilleures pensées à tous. Les New Life en balade

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais comme vous êtes joliiiiiii !!