samedi, 16 juin 2007

lettre de mars 2007

Salut à tous,

Dimanche 4 mars, comme nous vous l’avions annoncé dans le précédent message, New Life se balançait depuis le début de l’après midi au bout de l’île d’Ave Barlovento. Après un souper de lasagnes, un clopet, nous sommes prêts à lever l’ancre. 22h00, la lune est là, elle nous éclaire, nous partons donc pour Bonaire cap au 270° avec des vents portants, c’est-à-dire d’Est de 20 nœuds. Tant que nous sommes à l’abri des îles Aves Barlovento et Sotovento, la mer est calme et le début de la nuit se fait paisiblement. A minuit nous ne sommes plus sous la protection des îles, la mer devient à nouveau désagréable; mais faut croire qu’on commence à y prendre goût puisqu’on continue. La toile antiroulis est tendue au lit de notre petit mousse et Morphée a un œil sur ses rêves, donc aucun souci à avoir de ce côté-ci, tout roule….. c’est le cas de le dire !

Bébek Tutu (notre pilote) fait bien son travail ; il tient la barre sans se plaindre, le génois est tangoné, New Life avance à 4,5 nœuds, le cap et moi, bien que ballotés, en profitons pour sommeiller un peu à tour de rôle. Lundi 5, au levé du jour, nous entendons une petite voix nous appeler et « Maman, je suis réveillé, tu viens me dire bonjour et du sais quoi ? J’ai faim, tu peux préparer le petit-déj. ? » C’est reparti…

A 08h00 nous apercevons le phare au sud de Bonaire, encore quelques miles et nous serons à nouveau protégés de la houle par l’île. Une fois passée la pointe, de grandes pyramides blanches se dessinent l’horizon, en nous approchant, nous distinguons la rampe de chargement et des cargos qui attendent leur cargaison; ce sont les mines de sel de Bonaire, à voir la hauteur des pyramides, il n’y aura pas de pénurie ces prochaines années. A 12h00 nous prenons une bouée et rangeons New Life. Ici il est interdit d’ancrer afin de préserver faune et flore. L’eau est d’une limpidité non égalée jusqu’ici. On se croirait en piscine avec des poissons colorés tout autour du bateau qu’on aperçoit de la surface. Inutile de préciser qu’on n’attend vraiment pas longtemps pour chausser notre équipement. Dès les premiers coups de palmes on est surpris par la quantité de poissons, tortues, murènes et coraux en vie qu’on y découvre, c’est du jamais vu jusqu’ici.

Le lendemain matin est consacré aux formalités d’entrée, douane et immigration. On nous reçoit avec une cordialité incroyable, nous expliquant qu’à Bonaire tout est protégé, qu’ils font de gros efforts pour préserver l’environnement, nous indiquent les règles à respecter au mouillage, nous donnent toute sorte de dépliants indiquant notamment la situation des plus beaux sites de plongée, et nous souhaitent la bienvenue. En nous baladant dans les rues, nous avons l’impression que tout ici est aseptisé, mignon, tranquille. Un lunch et une bière sur une terrasse nous confirmeront la quiétude des lieux. Avant de rentrer à bord, nous passons par le supermarché, on y trouve de tout, comme en Europe, chacun de nous se fait plaisir en achetant ce qui lui manquait le plus. Ca nous change du tout au tout après 8 mois de Vénézuéla. Autre pays, autres découvertes !

Bonaire fait partie des Antilles néerlandaises, rattaché aux Pays-Bas, tout comme Curaçao, et Aruba, nos prochaines escales. La monnaie est le « NAf ; Nederlands Antilles guilder ». Le dollar est accepté partout également. Ici il est courant d’entendre les gens parler le hollandais, l’anglais, l’espagnol et le papamiento local, c’est une belle gymnastique pour l’esprit que de passer d’une langue à l’autre, tout comme de changer de monnaie à chaque fois que l’on ouvre son porte-monnaie. On paie en dollars, on nous rend en guilders ou vice-versa.

Nous consacrons tout notre temps en exploration sous-marine. Thierry et moi avons la chance de pouvoir faire de la plongée bouteille ensemble, Marvin ayant eu le « béguin » d’Anderson, une super baby-sitter de 13 ans sur Azul, un catamaran américain que nous avions rencontrés à plusieurs reprises déjà. Le plus difficile, c’est de le reprendre à notre bord en fin de journée, car avec Daniele (13ans) et Joshua (14 ans) les frères d’Anderson, il s’éclate.



(photo prise de la surface dans 4m de fond)

A Bonaire nous ne voyons pratiquement pas de plastique, les cabas du supermarché sont en papier, ils sont payant et se recyclent bien entendu. Ni papier, ni mégo, rien ne traîne parterre, tout le monde se discipline afin de poursuivre l’effort qui se fait ici. En ballade, nous tombons sur un musée où tout ce qui se jette et réutilisé, laissant libre court à l’imagination de l’artiste (Yenny), je vous laisse découvrir :




Nous prenons l’opportunité d’une fenêtre météo pour quitter Bonaire et de nous rendre à Curaçao où nous sommes attendu - depuis plus de 3 ans, c’est dire qu’on fini tous par se retrouver un jour et que le temps n’a plus vraiment d’importance - par d’autres « voileux » quittés en Angleterre en 2003, d’une part et par un gros yacht à moteur américain, d’autre part afin d’effectuer des travaux d’époxy sur le bateau. Un peu de beurre dans les épinards, nous larguons donc les amarres pour 33 miles séparant Bonaire de Curaçao.

Nous faisons une belle navigation, au portant, avec des vents de 15/20 nœuds et une mer plus ou moins calme, cap au 250° New Life se laisse glisser tranquillement, la ligne de pêche est à poste, comme toujours. Tout à coup, la ligne se déroule rapidement, ça y est une prise, mais quelle prise car …..nous perdons la ligne complète, capable de supporter 25 kg … et rapala… la prise devait être belle. Dès l’approche de Curaçao, nous sommes mis au parfum, survolés à plusieurs reprises par un avion faisant du rase motte, puis des hélicoptères des gardes-côtes nous prennent en photo, sécurité oblige, le Vénézuéla n’est distant que de 35 miles et ici on lutte contre la contrebande de tabac, d’alcool et surtout le trafic de drogue. Tout est contrôlé, photographié, répertorié. Le lendemain je m’occupe des papiers d’entrée à Curaçao, une fois la douane réglée, je me rends, à l’immigration, qui se trouve à l’opposé, 20 min. de marche (heureusement que Marvin est resté à son papa). Là on me dit qu’il faut également obtenir un permis pour l’ancrage dans les eaux de Curaçao, ce formulaire s’obtient aux autorités portuaires qui se trouvent juste à côté (ouf). Il leur faut les détails exacts concernant l’ancrage de New Life, dans quelles baies nous allons mouiller et combien de temps compte-t-on y rester. Comme nous avons du travail, nous nous rendrons en premier à Piscaderaa Bay, les amis attendront encore un peu.

Une fois au fond de la baie, une odeur pestilentielle nous saisi les narines. Une raffinerie de pétrole se trouve non loin et nous sommes dans sa ligne directe…. Les vents soufflant d’Est on en respire ses vapeurs. Le capitaine décide de se donner à plein temps dans le travail afin qu’il soit liquidé le plus rapidement possible, Marvin ayant attrapé un refroidissement durant le trajet Bonaire/Curaçao, sa toux ne va pas s’arranger avec ces odeurs. Marvin et moi passons trois jours enfermés, fière et odeurs obligent ! Les réparations époxy terminées, nous n’hésitons pas une seconde à lever l’ancre jusqu’à l’entrée de la baie qui n’est plus dans la ligne de la raffinerie. Le lendemain matin, avant de nous rendre à Spanish water (à l’est) où se trouvent nos amis, Dale le propriétaire du yacht à moteur nous rend visite et nous demande – vu l’excellent travail que Thierry lui a fourni - s’il ne veut pas lui faire d’autres travaux dont tout l’antidérapant de son bateau. C’est un gros boulot, mais en plus du beurre dans les épinards ce boulot paierait largement le carénage dont New Life a grand besoin. Tout au long de notre périple à chaque fois qu’un travail s’est présenté, on l’a fait, c’est juste dommage que celui-ci se trouvait dans un si mauvais endroit. Thierry fera les trajets jusqu’à la marina chaque jour et que je resterai avec notre petit mousse à l’entrée de la baie jusqu’à ce qu’il se sente mieux.

Puis après deux bonnes semaines – tout fini par arriver à qui sait attendre – on lève enfin l’ancre de cet endroit sordide. Nous nous rendons à Spanish water où nous retrouvons nos amis et avons juste le temps de visiter Willemstad avant d’attaquer le carénage de New Life.

La ville de Willemstad est une véritable cité européenne, des boutiques, des bijouteries, des magasins, des musées, de petits cafés où il fait bon s’arrêter prendre un verre et voir le monde passer, des places de jeux pour notre petit matelot qui en redemande, un marché flottant où l’on trouve sur des lunchas venant du Vénézuéla toute sorte de fruits, légumes et poissons bien sûr. La ville est séparée en deux par un bras de mer qui remonte jusque dans ses entrailles. Un pont flottant – le plus grand et le plus long du monde – nous fait passer d’une rive sur l’autre. Lorsqu’il est ouvert pour laisser monter un cargo jusqu’à la raffinerie, un service de ferry gratuit rallie Otrobanda à Punda. Le soir les spots diffusants leur lumière colorée sur les forts qui se situent de chaque côté du bras de mer, le pont et les façades éclairés donnent à la ville un aspect chaleureux. Nous prenons le temps de nous balader et de profiter d’un petit resto avec nos amis. En y réfléchissant, ça fait plus de huit mois qu’on n’était sorti le soir en ville en toute sécurité.

En achetant un journal local, je lis que la raffinerie de pétrole tue plus de 40 personnes par an – ce qui est énorme pour une île de 61 km de long et entre 5 et 14 km de large - qu’elle mériterait d’être modernisée, ses installations étant obsolètes ou à tout le moins que sa production soit diminuée. Tout cela coûte évidemment cher, ce n’est certainement pas demain que des améliorations seront entreprises ! Encore une fois, le pouvoir de l’argent prime sur la santé des gens. Nous avons vraiment l’impression que c’est le même refrain partout, c’est choquant d’autant plus que Bonaire qui n’est qu’à 33 miles a une toute autre vision.

Je vais m’arrêter là pour vous laisser souffler un peu après un si long récit. New life sortira de l’eau pour le carénage le 6 avril, nous nous sommes donc armés de pinceaux, peinture et tout le « tralala » pour attaquer les travaux sur le bateau. La prochaine lettre aux amis sortira dans un mois.

Amicalement à tous,
Les New life en balade

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