samedi, 16 juin 2007

lettre d'avril 2007

Salut à tous,

C’est une autre aventure que le carénage d’un bateau et vous verrez que comme tout le monde, il y a des jours où l’on préférerait être ailleurs ! Le 6 avril donc New Life est sorti de l’eau au chantier de Curaçao marine, un bon coup de karcher a enlevé la majorité des coquillages et une partie de la peinture…- oups oups oups – elle devait pourtant tenir en place depuis les derniers travaux entrepris à Grenade, il y a seulement 11 mois. On en est qu’à notre première surprise de la journée !

A peine le bateau calé, nous attaquons, le grattage et la seconde surprise ne se fait pas attendre… nous avons de magnifiques bulles, cloques, gonflement sur la coque, un coup de tournevis laisse apparaître le métal à nu, la peinture tombant par plaques. Cela nous fait immédiatement penser à de l’électrolyse (attaque de l’acier due à un courant électrique de source inconnue, propagation favorisée et amplifiée par l’eau de mer) qui, si on ne trouve pas la cause, l’acier se troue et le bateau finit par couler.

Avant...

Toutes les personnes présentes tentent d’expliquer le phénomène, parlent de leurs expériences, même s’ils n’en ont pas, racontent ce qu’ils ont entendu ou vu. Ça nous déprime complètement et le capitaine est prêt à mettre une pancarte « BATEAU A VENDRE ». Bon nous allons nous ressaisir et réfléchir à tête reposée en se posant les bonnes questions. Mais que se passe-t-il ?

Dès le lendemain l’intérieur de New Life est éventré afin de contrôler tout le parc électrique : verdict 12,7 volt dans la coque. L’électricité ce n’est pas le point fort du capitaine, les infos et les questions fusent de part et d’autre, tout le monde nous pose des questions, le moteur est-il monté correctement ? Est-il isolé de la coque ? Qu’en est-il de l’inverseur, des batteries, de leur chargeur, des câbles électriques etc…. Thierry sait que tout ça est correctement monté et isolé, mais n’explique pas les 12,7 volt. testés sur la coque. Des « connaisseurs » montent à bord, vérifient ce que Thierry sait être correct, tentent de comprendre, donnent encore une fois leur avis. Cela n’arrange rien à la situation bien au contraire. Et tout à coup théories après théories, un allemand sur un catamaran voisin nous demande s’il peut lui aussi monter afin de nous aider, il dit s’y connaître en électricité … qui sait ; un de plus ou un de moins, ce n’est pas ce qui fera la différence et pourtant. Il confirme les 12,7 volt d’électricité dans la coque, mais précise qu’il n’y a pas d’ampérage, ce qui est très important. Il se teste lui-même, teste le capitaine et nous prouve par A + B qu’on n’est tous chargés… mais qu’on ne s’allume pas comme une ampoule pour autant ! Je dois avouer que sur ce coup-là Thierry est le plus chargé d’entre nous ! C’est donc moins grave que ce que nous pensions, il faut chercher ailleurs la cause de nos bulles.

Nous refaisons un tour de la coque, nous tournant vers notre problème de toujours, la peinture. La première couche de primer n’est pas bonne et il nous faut remettre le bateau à nu, nous l’avions sablé, il y a trois ans à Morlaix mais le travail est à refaire. Afin de ne pas perdre trop de temps, nous contactons un sableur afin d’obtenir un devis. Nous sommes dans les caraïbes et le devis mettra plus d’une semaine à venir. Un simple bout de papier griffonné nous donnera un tarif quatre fois plus cher que ce nous avions payé en Europe…. Eh oui ici être propriétaire d’un bateau rime avec argent. Nous oublions donc le sablage est décidons de nous armer de courage et de faire le travail nous-mêmes.

Entre temps, nous avons un nouveau voisin avec un bateau en acier qui vient juste d’avoir subi le traitement que nous envisagions. Nous faisons connaissance de Pim et Johanna, un couple de hollandais vraiment sympas. Ils sont tous deux ingénieur-mécanique sur des cargos. Leur avis et leur expérience nous sont précieux, ils confirment également que nous n’avons pas d’électrolyse mais effectivement un soucis de peinture. Bon aller, assez tergiversé, il faut attaquer. Thierry n’a pas le goût et on traîne. Et voilà qu’un matin Johanna nous fait une proposition, elle et Pim ont de l’époxy à faire sur leur bateau, n’ont aucune idée comment s’y prendre et proposent un échange de travail. Johanna met ses lunettes de protection, son masque, ses pamires, empoigne la meule à disque et attaque New Life. Thierry, sort pots de résine, durcisseur, tissus, gants et refait les réservoirs de Prospera, leur bateau. Quant à moi je n’ai plus qu’à suivre Johanna avec pinceaux et primer afin de protéger l’acier mis à nu et éviter qu’il ne rouille avec l’humidité qu’il y a ici dans l’air.

Pendant


Et notre petit matelot dans tout ça ? Il cherche notre attention en faisant des bêtises ; il renverse délibérément une bouteille d’eau à l’intérieur du bateau, tente de trouer un pare-battage avec un tournevis, casse ses jouets, nous fait de petites crises, histoire de bien nous culpabiliser de le laisser seul et de n’avoir pas une minute à lui accorder. Au souper ce soir-là nous lui expliquerons que le chantier ce n’est pas facile et il faut que tout le monde y mette du sien, qu’on va arrêter de s’énerver et que papa ne va plus crier, qu’on va s’accorder des pauses et jouer avec lui. Top la main, et c’est reparti dans la bonne humeur.

Dès le lendemain notre petit mousse prend lui aussi ses pinceaux et les outils de papa – qui sont toujours plus intéressants que ceux en plastiques – et attaque également des travaux. Nous lui laissons peindre de nouveaux étagères pour ranger les différents produits dans le local arrière, poser quelques couches d’huile sur les bois après ponçage, rouler l’antifouling sur le gouvernail de Bébek Tutu, notre pilote, c’est son travail, il en est tout fier et raconte partout que lui aussi travail dur, qu’il ne fait plus d’école depuis qu’on est au chantier par faute de temps. En fait il en est tout heureux et la reprise sera dure.

Une fois les bulles enlevées et la coque protégée avec un primer, il faut décaper tout l’antifouling. Johanna retourne sur Pospera, Thierry a trouvé d’autres travaux d’époxy ailleurs, un monocoque qui prend l’eau par le pied moteur, puis sur un catamaran qui a une infiltration importante au niveau de la quille. Il ne me reste donc qu’à prendre mon mal en patience et frotter, frotter et encore frotter toute la coque au thinner pour enlever ce fichu antifouling qui, où il tient est bien difficile à ôter. Je reste positive, je ne suis pas la seule à bosser, je me muscle, il fait chaud, je sue, donc je maigri ; Thierry remplit la caisse de bord en travaillant à l’extérieur, moi je dépense l’argent en achetant du thinner (plus de 50 litres), des pinceaux, du papier à poncer, etc, les magasins de bricolage n’ont plus de secret pour moi, je débarque en habits de travail, sous l’œil amusé de ces messieurs !

Le soir nous nous retrouvons avec les copains devant une bière en discutant de l’avancement des travaux de chacun. Ces apéros de fin de journée sont les bienvenus et on se rend bien compte qu’on n’est pas les seuls à souffrir et que tout le monde a des soucis - que le bateau soit en acier, alu, plastic, bois, sandwich - c’est pour cela qu’on est là, non ? C’est toujours agréables ses échanges polyglottes, les liens se font et se défont au gré des allées et venues sur le chantier. Marvin a trouvé deux copines néozélandaises durant une petite semaine, ça lui a fait du bien de jouer un peu et de faire son petit macho, mais en cachette il revient quand même dans les bras de maman faire un gros câlin, surtout lorsqu’il s’étale de tout son long et que genoux, coudes, menton et front sont rabotés.

Les jours passent et nous arrêtons de démonter, d’enlever les couches de peinture, nous nettoyons et rangeons certains outils, commençons à remonter les bois du cockpit, les mains courantes, les deux nouvelles éoliennes (Aérogen 6) achetées d’occasion sont branchées et chargent en silence les batteries (rien à voir avec l’ancienne Air Nautica, qui lorsqu’elle était enclenchée faisait un boucan d’enfer), les nouvelles couches de peinture sèchent, la poussière accumulée est aspirée, le pont et l’intérieur sont lavés de fond en comble et rangés, Ouf ouf ouf, le chantier est fini, on est le 15 mai et New Life se balance tranquillement d’un bord sur l’autre après plus d’un mois et demi à terre.

Après …

Ce blog vous changera des habituels récits, sable chaut, cocotier, baignade et poissons colorés.

Avec nos meilleures pensées à tous,
Les New Life en balade

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nous vous remercions de intiresnuyu iformatsiyu