mercredi, 21 juillet 2010

Curaçao, le 21 juillet 2010

Salut à tous,

Voilà un mois bien particulier, qui change du train-train quotidien. Thierry a rejoint Olivier à St-Martin pour l’aider à convoyer un catamaran jusqu’à Rimouski, sur le Saint-Laurent au Canada. Marvin et moi sommes restés sur New life à Curaçao. Laissez-moi vous raconter tout ça. Oh succinctement car Thierry n’a pas franchement ramené des photos de son voyage que je ne pourrais donc pas l'illustrer avec grand-chose. Mais revenons un peu en arrière, commençons par le début et vous comprendrez pourquoi un jour j’écrirais un livre « E.T. et les Ch’ty douaniers ».

Au départ de Curaçao, je le quitte au port de pêche à 6 heures du matin, Mick et Pat, l’emmènent à l’aéroport, son avion est à 9 heures. Au retour je me fais un petit café et tout à coup je réalise que j’ai oublié de lui imprimer le papier de l’immigration qui prouve sa sortie de l’équipage de notre bateau. Sans ce papier, l’immigration à l’aéroport ne le laissera pas prendre son avion pour St-Martin.

Il n’y a pas de temps à perdre, je tente d’appeler Mick et Pat par skype, qui ne fonctionne pas ce matin bien entendu… Je saute dans l’annexe, réveille Paty et lui demande de me prêter son portable. Mick et Pat ne sont pas branchés….

Réfléchissons peu, vite et bien.

Il me faut absolument aller à l’aéroport et à cette heure-ci il faut compter une heure avec le trafic. Je reviens sur le bateau, sort Marvin des bras de Morphée, décidée de le laisser chez Paty, de me mettre au bord de la route et d’arrêter le premier véhicule qui passe car le temps d’appeler un taxi, je n’arriverai jamais à temps.

Sur le trajet New Life-Iron, j’aperçois mon voisin dans son cockpit sirotant, son premier café matinal, je déboule sur lui, lui explique la situation et lui demande de m’emmener de toute urgence à l’aéroport. Le temps d’enfiler des habits pour lui, de déposer Marvin chez Paty, nous voilà partis.

La circulation est dense, les voitures avancent au pas. J’ai l’estomac dans les talons. Bref on arrive à l’aéroport à 8h15. Pas de Thierry à la cafétéria, ni dans le hall d’entrée. Après avoir donné son signalement au responsable de la sécurité au bas des portes d’enregistrement, ce dernier se rappelle l’avoir vu passer ( !). Il appelle son collègue à l’étage qui va au devant de Thierry en lui demandant de sortir des rangs et de retourner à la case départ. Quelques ????? se dessinent sur le visage de Thierry qui commence à ne rien comprendre.

- Pourquoi ? J’ai un avion à prendre… Quel est le problème ? J’ai passé la sécurité, no problem ? Tente-t-il d’expliquer.

Il se rend bon gré mal gré dans le hall d’enregistrement. En me voyant, il a encore un plus gros point d’interrogation au milieu de la figure.

- Si tu veux partir, passer l’immigration mon chéri, il te faut ce papier. Bon voyage !

J’apprendrai plus tard que l’avion pour St-Martin a décollé avec 2 heures de retard !

Je peux maintenant descendre la pression et aller boire un café avec David. Au retour, je retrouve Paty, qui m’offre au autre café. Marvin et Joy n’ont rien compris à l’excitation de la matinée.

Le premier trajet Curaçao-St-Martin a été effectué par Iron’s family. Thierry a rejoint Olivier à St-Martin et ils ont continué ensemble pour la grande partie du trajet. St-Martin-Bermudes. 3 jours d’arrêt pour refaire le plein, attendre une bonne météo et départ en route directe sur Halifax.

La météo qu’ils ont eue pour ce voyage a été quelque peu variable : Pas de vent du tout, calme plat, pétole, ce qui leur a valu quelques journées au moteur et leur a permis d’observer ces quelques dauphins venus jouer avec l’étrave du catamaran…



… ou du vent entre 30/35 nœuds en rafales et sous grains. A leur arrivée en Nouvelle Ecosse du brouillard et bien plus frais. Journées mitigées, un jour ensoleillé avec des températures agréables, le lendemain grisaille, pluie et brouillard. Les nuits plus fraîches, ne déplaisaient pas à Thierry qui a quitté le bateau à Halifax, Olivier continuant jusqu’à Rimouski.

Pendant que nos marins étaient en mer, j’ai eu un peu de mal avec moussaillon qui, pour la première fois, se trouvait séparé si longtemps de son papa. La première semaine il a perdu l’appétit et pleurait souvent. Heureusement que les vacances scolaires nous ont permis de faire d’autres activités, optimist, wake, d’aller au cinéma afin de lui faire passer sa nostalgie qui a donné le tour dès les premières nouvelles reçues depuis Bermudes.




Les vacances scolaires c’est aussi l’occasion de faire plus tard le soir, de se retrouver entre copains autour d’un feu et de faire griller saucisses ou marshmallows qui ne sont appréciés de tous.



Mon souci était qu’après son voyage Thierry attrape la « catamania ». Mais oui vous connaissez tous cette maladie des pieds et de l’espace qui menace chaque marin. Bien qu’il doive reconnaître qu’un catamaran - y’a pas dire - est nettement plus rapide qu’un monocoque (oh pardon, que New Life), que de l’espace vital, il y en a bien plus, qu’il se sente mieux, côté estomac, à bord d’un cata ;… Il n’a pas été piqué par ce virus, ouf !



Quant au trajet retour en avion de Thierry, voilà à quoi il a ressemblé :




Eh oui, comme il ne faut pas déroger à la règle, à chaque fois que Thierry passe une douane, un contrôle de sécurité, qu’il soit en famille ou seul, il se fait contrôler. C’était donc « normal » qu’il se fasse arrêter !

Son premier avion Halifax-Philadelphie-Curaçao a été annulé pour cause de brouillard. On lui dit qu’il y aura peut-être un avion pour le lendemain. Thierry refusant d’attendre un jour de plus, on lui trouve de la place, sur un autre vol, d’une autre compagnie 3 heures plus tard pour Halifax-Toronto-Miami-Curaçao.

Le voilà parti pour les contrôles de sécurité. Dès le premier, il se fait repérer, sortir des rangs et contrôler. On lui tire le portrait sous tous les angles plusieurs fois, on lui scanne ses empruntes, on le fait attendre.

- Oui, mais j’ai un avion à prendre explique-t-il en montrant son billet d’avion.
- OK, pas de problème, vous l’attraperez votre avion.


Nouvelle séance de photos, au total il y en a eu 5. On le fait encore poireauter, sans explication. Et comme il fallait bien s’y attendre lorsque le douanier lui annonce que tout est en ordre en le raccompagnant dans le hall de départ, son avion était déjà dans les airs !




« Rebelotte », il retourne au même comptoir d’enregistrement, là où le gars lui avait déjà fait son deuxième billet d’avion. Il est étonné de le voir toujours à Halifax. Thierry tente de lui décrire l’épisode avec les douanes, mais l’homme doute. Soudain Thierry aperçoit le douanier américain qui l’avait arrêté, le siffle à travers l’aéroport pour qu’il vienne lui-même expliquer ses déboires. De là, on lui refait un troisième billet d’avion avec les mêmes escales, deux heures plus tard. Ca valait la peine d’être tôt à l’aéroport !

Comme le dit le dicton : jamais deux sans trois ! Au troisième billet, il embarque jusqu’à Toronto, vol sans problème mais Thierry pense déjà : Avec toutes les escales à venir, je ne suis pas encore à destination !

A Toronto, le temps de récupérer ses bagages, de traverser l’aéroport et de les enregistrer pour le vol sur Miami, il arrive 45 minutes avant le décollage de l’avion. Là, on lui dit :

- You’re too late Sir, the desk’s close, we can’t put you on that fly (désolé Monsieur, l’enregistrement est fermé, on ne peut pas vous prendre sur ce vol).

- Mais il reste ¾ d’heure hasarde-t-il de dire. Rien n’y fait on ne veut pas l’embarquer. Là, Thierry, abasourdi, reste planté devant le comptoir et leur dit :
- OK, I’m your problem, I pay for a flight to Curaçao, I have time, I’m stay here (OK, je suis votre problème, j’ai payé un billet pour Curaçao, j’ai du temps, je reste ici).
L’image du film Terminal où Tom Hanks reste bloqué dans un aéroport pendant presque une année lui traverse alors l’esprit.

Il n’est que 11 heures du matin. Une fois les autres passagers enregistrés et envolés pour d’autres destinations, on s’aperçoit que Thierry est toujours planté là. Il n’a pas bougé, il attend. Finalement on lui fait un quatrième billet d’avion, mais pour le lendemain matin à 06:00 Toronto-Miami-Curaçao. Là il est sûr d’être à l’heure pour l’enregistrement, il va passer la journée et la nuit à l’aéroport.

A force de déambuler de gauche et de droite, il se fait remarquer par la sécurité. Eh oui, ça en devient navrant mais c’est comme ça. Donc il repasse un contrôle à la suite duquel le policier en question en devient même amical lorsqu’il a vu les péripéties de Thierry pour en arriver là.

Pour lui faire passer le temps, il le ballade à travers l’aéroport sur sa moto électrique, ils se tirent réciproquement le portrait et rigolent ensemble de la situation.


Mercredi matin 04 :00 (deux heures avant le départ de son avion). C’est sûr Thierry était le premier client, puisqu’il a « dormi » sur place. Il se pointe au guichet pour faire valider son vol bien avant que les boîtes automatiques - qui sont un vrai casse-tête pour lui – ne soient allumées. Plus aucun souci jusqu’à Miami pense-t-il.

A Miami, les bagages suivent, il se retrouve en transit et embarque sur son dernier vol pour Curaçao. Une fois dans l’avion, il sombre dans un doux sommeil en attendant le décollage. Soudain, une activité inhabituelle à bord. Tout le monde se lève, prend bagages à mains et affaires personnelles et sort de l’avion. Tient aurais-je un vol pour moi tout seul ?
Non, il faut suivre le mouvement, le vol est annulé pour problème technique. Ce n’est que deux heures plus tard que tous les passagers embarqueront dans un autre avion.

Arrivé à Curaçao, il n’en croyait pas ses yeux, les contrôles douane et immigration se passent sans problème. Il saute dans un taxi qui l’emmène sans encombre jusqu’au port pêche où il retrouve sa petite famille en pleine forme. Du coup il invite le chauffeur du taxi à boire un coup pour fêter l’événement.

Voici ce Thierry retient de tout ça :

Première partie du voyage en catamaran de St-Martin-Halifax : Il y a des navigateurs qui se sentent arrivés au sommet dans le monde de la voile pour avoir fait une traversée de l’Atlantique en solitaire - ce qui leur monte à la tête - et se permettent des remarques déplacées tout en ignorant les éventuels conseils extérieurs d’autres navigateurs locaux. Pour apprendre il faut savoir (vouloir) écouter. C’est la raison pour laquelle j’ai quitté le bateau à Halifax alors qu’il était entendu que je reste à bord jusqu’à Rimouski, destination finale du convoyage.

Seconde partie du voyage, le retour en avion : Si ça me paraissait impossible de voyager en avion seul auparavant, maintenant je peux prendre un vol, même plusieurs, avec des problèmes aux escales, sans dépenser un centime de plus que le prix initial du billet et sans même parler une langue étrangère parfaitement.

Avec une pointe d'humour il lance : La prochaine fois je tenterai de prendre la place du pilote !

Dans les deux cas, ces expériences ont été positives.

Durant l’absence du capitaine à bord, j’en ai profité pour entreprendre des travaux qui attendaient depuis longtemps. J’ai confectionné de petits rideaux, cela faisait 7 ans que le tissu attendait d’être cousu.



La barre à roue a été vernie et une housse la protège dorénavant contre les attaques des UV.




Le dernier projet et pas le moindre, décorer la table du cockpit avec le Code International des Drapeaux. De la patience, il m’en a fallu pour isoler séparément toutes les couleurs, les travailler, les retoucher,…



…afin d’obtenir ce résultat constitué de 26 drapeaux, un par lettre de l’alphabet, 10 flammes pour les numéros de 0 à 9 et 3 triangles pour les substituts.



Avec Marvin on avait dit à Thierry qu’on entreprenait des travaux à bord, mais que le plus surprenant serait la nouvelle peinture du pont : rose et qu’on espérait sincèrement qu’il apprécierait à son retour.

Après avoir lu la pancarte fabriquée pour l’occasion par Marvin,…



…Thierry a cherché où on avait bien pu lui peindre son bateau en rose ! Rien n’en était bien entendu.

Nous ne sommes pas des funs invétérés de football, mais lorsque les Pays-Bas sont en finale avec l’Espagne et que les discussions ne tournent plus qu’autour de la « victoire » hollandaise, on se devait d’aller voir la finale et de soutenir l’Espagne.

Tout le mouillage s’est donc retrouvé chez Norman au port de pêche…



… bien que l’orange était la couleur dominante,…




… les quelques espagnols et leurs supporters ont été heureux du faire un pied-de-nez aux hollandais qui bien entendu on trouvé le jeu et l’arbitre injustes.




Malgré nos « programmes » de navigation différents, on se revoit un jour. C’est le cas avec l’équipage de Shiver. Il y a deux ans nous avions passé Noël à Great Bridge et Nouvel An à Belhaven (USA) en leur compagnie. Les retrouvailles avec Freddie ont été hilarantes et Marvin a été tout fier de lui présenter sa petite Joy.



Voilà pour ce mois-ci, profitez bien de la chaleur de l’été.
Avec nos meilleures pensées,
Les New Life en balade