mardi, 19 juin 2007

lettre de février 2007

Salut à tous,

La météo annoncée : léger vent 10 à 15 nœuds, de nord/nord-est, mer calme, super voilà ce qu’il nous faut pour rallier l’île de la Tortuga, distante de 57 miles de Puerto La Cruz. Les cartes marines et les relevés n’étant pas corrects, il nous faut impérativement arriver de jour afin de pouvoir nous situer correctement et distinguer parfaitement l’île qui est basse sur l’eau puisque son point culminant est à 40m… loin des montagnes de chez nous !

Dès notre départ, nous nous apercevons que la météo prévue et les conditions rencontrées ne sont pas les mêmes; nous naviguons donc au moteur, faute de vent jusque vers le milieu de l’après-midi. Là un légère brise se lève, nous pouvons enfin lancer le génois, mais juste pour la forme afin appuyer un peu le moteur et gagner un demi nœud sur notre vitesse…. A 17h00 nous passons la pointe Delgada, nord-est de La Tortuga, le soleil est déjà bas sur l’eau, nous l’avons de face, il est donc impossible de distinguer les têtes de corail et d’évaluer correctement la profondeur. Le sondeur l’indique bien mais vaut mieux naviguer à vue afin de trouver notre chemin parmi les bandes de sable et les coraux. De plus les cartes n’étant pas correctes, le GPS ne nous est pas d’une grande aide. Un catamaran échoué depuis quelques mois déjà à la pointe Delgada nous incite à être prudents. Une fois entrés dans la baie, nous ancrons à playa Caldera et décidons d’y passer la nuit, malgré la houle de nord-est qui agite New Life d’un bord sur l’autre.

Le lendemain matin, à peine réveillés nous levons l’ancre pour nous rendre dans un mouillage moins rouleur. Le soleil dans le dos cette fois-ci nous facilite la tâche, nous déjeunons en route et ancrons à Cayo de Herradura. Quelques bateaux s’y trouvent déjà, effectivement le mouillage est plus calme. A peine sommes nous arrivés que petit mousse et moi sautons à l’eau, ah quel bien ça fait ! Nous sommes le samedi matin. Dans l’après-midi, nous voyons débarquer des dizaines de yacht à moteur, tous équipés de scooter de mer et d’annexes rapides. Un hélicoptère nous survole et se pose sur la plage, puis un second….La plage se remplit et nous apprendrons que Cayo de Herradura est un endroit très fréquenté des vénézuéliens venus de Puerto La Cruz ou Caracas pour le week-end. On a de la peine à croire nos yeux… venir à la plage en hélico…. Et pourquoi pas ! Dimanche soir tout le monde rentre et l’île retrouve sa plénitude.

Les trois jours que nous passerons sur l’île seront riches en baignades, balades, recherches de coquillages, sans oublier la rencontre avec les pêcheurs. En nous rendant au bout de l’île pour visiter le phare - qu’on n’a jamais vu allumé et qui est censé guider les navigateurs noctambules - les pêcheurs nous abordent, ils cherchent à savoir d’où nous venons ou nous allons et comment les navigations se déroulent avec notre petit marin. Avant de nous séparer cet après-midi là, ils nous offrent une aile de raie. Dès le retour à bord, je sors mes livres de recettes et annonce le souper à l’équipage : raie au beurre noir, croutons et câpres, il va nous manquer du citron … tant pis, on fera sans et on se régalera quand même.

Puis c’est le départ pour 85 miles jusqu’aux Roques. La météo annonce un vent nord/nord-est 15/17 nœuds avec une mer de 1.5m. Cela a été vrai pour le départ, mais dans l’après-midi les vents se sont levés à 20/25 nœuds et la mer est devenue forte à très forte. Pour une fois on va faire de la voile, mais musclée la traversée et à une vitesse que nous étions loin d’imaginer, ce qui fait qu’à 03h00 du matin le capitaine a dû affaler la grand-voile, réduire le génois et sortir la trinquette (voile de gros temps) afin de ralentir New Life qui filait à plus de 6 nœuds et qui nous aurait fait arriver de nuit aux Roques, ce qui au vu de la cartographie, de la passe d’entrée La Boca de Sébastopol (La Bouche de Sébastopol) n’est vraiment pas envisageable sans visibilité.

06h00, ouf le soleil pointe à l’horizon et le jour se lève, nous distinguons les Roques. Se sont des îles également très basses sur l’eau et il nous faut encore nous approcher, la mer écume de toute part, on distingue mal la barrière de corail et la passe d’entrée. On pointe sur le phare et à la jumelle je tente de donner des indications précises au capitaine, ce qui avec cette houle est loin d’être simple. On est de plus en plus près des coraux et on ne distingue toujours pas l’entrée, large de 200 mètres pourtant - ce qui paraît énorme sur terre, mais avec une mer qui déferle pas évidente du tout. On s’approche encore et soudain, juste devant nous la Boca de Sébastopol s’ouvre, une vague nous pousse à l’intérieur et le terrain de jeux se calme aussitôt juste un clapot soulève le plan d’eau. C’était un bon coup d’adrénaline pour la Saint-Valentin. Eh oui nous sommes le 14 février et de celui-ci on s’en souviendra.

Nous lançons à nouveau le génois et continuons notre remontée sous voile à l’intérieur de la barrière de corail en zigzaguant entre les pâtés clairs et foncés jusqu'au mouillage de Francisquies. Nous mouillons dans un lagon tellement turquoise que les nuages eux-mêmes en sont teintés. Nous y resterons quelques jours en nous régalant à chaque instant des fonds marins. Nous passons des heures dans l’eau à explorer le lagon et ses habitants.



De nouvelles découvertes nous attendent et nous partons pour Noronsquis un lagon en forme de fer à cheval à seulement 6 miles. On est seuls au mouillage, la barrière de corail est à quelques mètres, nous laissons tomber l’école pour ce matin car nous ne résistons pas plus d’une minute à l’envie de chausser nos palmes et partir voir les fonds. A peine dans l’eau, une tortue vient nous accueillir, plus loin se sont d’énormes poissons-perroquets noirs, des diodons, des girelles à têtes bleues ou jaunes, des poissons-papillons, flûtes, des ludjia, des coffres, des castagnoles, etc. qui nous attendent. De retour à bord, nous sortons les livres pour savoir quelles sont les espèces encore inconnues à nos yeux et apprendre le nom des différents coraux. Aujourd’hui c’était l’école aquatique… une autre façon d’apprendre pour notre petit mousse et pour nous également. Le lunch et c’est reparti pour la baignade. Le capitaine quant à lui monte au mât pour contrôler le gréément et prendre quelques photos.



Une tortue nous accompagne jusqu’à la sortie du lagon lorsque nous quittons Noronsquis pour nous rendre à Sarqui, une autre île, un autre mouillage. Il faut dire que ce n’est pas ce qui manque aux Roques, les lagons étant tous les un plus beaux que les autres, notre choix d’aller sur celui-ci plutôt que sur celui-là est dicté par la protection qu’il offre au vu des conditions météo. L’îlot Sarqui est une longue plage de sable blanc sur fond turquoise. Deux bateaux sont déjà sur place, puis Zen des copains rencontrés à Cumana se pointe à l’horizon. On se retrouve et on passe quelques jours ensemble. Le temps est couvert et pluvieux. Génial nous nous remplissons les réservoirs, les douches solaires. La lessive s’accumulant, j’en profite pour laver un peu.

Entre les averses, le soleil perce fort, de ce fait la mangrove entourant la plage dégage une forte odeur de goémon. Nous décidons de lever l’ancre et de nous rendre à Carénéro à 1h00 de navigation seulement. Dans ce mouillage, bien protégé, il y a plus de monde, 15 bateaux s’y tiennent à l’abri et attendent une météo plus propice.

Nous retrouvons quelques connaissances, mais nous regrettons le manque d’enfant. En effet, les enfants se font de plus en plus rares. Marvin couché, nous nous posons mille et une questions sur la suite de notre programme, plus à l’ouest retrouverons-nous des familles naviguant comme nous? Il semblerait que pratiquement tous les gens que nous croisons se rendent à Panama et passent le canal pour le Pacifique, ce qui n’est pas vraiment nos plans, et l’école du petit mousse, il y a des jours où tout roule et d’autres où c’est un vrai casse-tête chinois, surtout lorsqu’il décide de mettre les pieds devant, il faut s’armer de beaucoup de patience. Que de questions !

Plus tard nous retrouvons Zen au mouillage de Cayo de Agua. Nous passons à nouveau quelques jours supers ensemble avant que nos routes se séparent, eux allant à l’est, nous à l’ouest. Chacun sait qu’un jour la vie fera qu’on se retrouvera. Cayo de Agua devient intenable avec la houle qui entre dans le mouillage, nous décidons donc de quitter Los Roques pour Los Aves distantes de 34 miles.

C’est parti, cap au 280° vent 20/25 nœuds avec des rafales à 30 nœuds, à nouveau musclée la nav. du jour, mais on est au portant, c'est-à-dire avec le vent pile poil dans le dos, ce qui devrait rendre le voyage plus agréable. Illusion, illusion, une fois sortis de l’abri des îles, la mer est houleuse et croisée. Bébek Tutu (le nom de notre pilote automatique) ne tient pas la barre, c’est le capitaine qui prend la relève en synchro avec la houle qui soulève et couche le bateau. Décidemment ces îles se mérite. New Life marche bien et je dois avouer que depuis que le capitaine a décidé de le mettre au grand largue (vent ¾ arrière) et de tirer deux bords pour arriver aux Aves, les mouvements du bateau sont plus agréables. La houle finit par avoir le dessus de l’énergie de notre petit mousse qui se laisse glisser dans les bras de Morphée pour un bon clopet.

Nous passons la pointe sud de Ave de Barlovento 7h00 après notre départ, accueillis par des centaines d’oiseaux, des fous de bassan curieux se mettent à notre hauteur pour nous souhaiter la bienvenue. Ils ont envie de se poser sur les panneaux solaires, mais l’éolienne les en dissuade. Nous jetons l’ancre et décidons que la découverte de l’ile se fera demain, nous contentant d’observer le va et vient incessant des oiseaux construisant leurs nids. Puis une dispute éclate entre deux frégates et un pauvre petit fou à qui elles ne laissent aucun répit. Le spectacle se termine devant l’apéro et un beau couché de soleil. Personne ne demande son reste après le souper et nous tombons dans un sommeil profond.

Petit-déj., un peu d’école et c’est parti. Nous mettons l’annexe à l’eau et remontons dans la mangrove au moteur, nous laissant dériver avec le courant au retour afin de pouvoir observer les oiseaux de plus près, sans les déranger. Nous nous accrochons aux branches et faisons silence, les femelles couvent, les mâles ramènent des branches et la nourriture pour les petits déjà nés. Nous en repérons un grâce à ses petits cris aigus, réclamant à tue-tête son repas, il est revêtu d’un fin duvet blanc, il essaie ses ailes, pas encore très alertes. Nous éclatons de rire en le voyant. Puis papa et maman arrivent, ils nous observent car nous sommes à quelques mètres du nid, puis voyant qu’on ne leur veut aucun mal ils vaquent à leurs occupations en nous permettant de faire de magnifiques photos.


Il semblerait y avoir une fenêtre météo pour les jours à venir. Nous planifions donc de partir jeudi, de sortir le bateau des cailles de jour jusqu’à la pointe de l’île, d’y passer la journée et de naviguer de nuit jusqu’à Bonaire (53 miles). De cette manière le trajet sera plus court pour notre petit mousse qui à son réveil sera pratiquement arrivé. Jeudi matin nous apprenons par la BLU qu’une de nos connaissances arriverait dans l’après-midi de ce même jeudi. Comme cela fait plus d’un an qu’on ne sait vus, nous décidons de reporter notre départ à vendredi soir afin de passer la journée en leur compagnie. Les retrouvailles sont heureuses et les tchatches vont bon train.

Vendredi matin la météo semble toujours aussi clémente, nous déplaçons New Life comme prévu pour partir vers minuit. Nous profitons de la plage l’après-midi, bien que le ciel se couvre, la mer et le vent se lèvent. Au retour à bord, nous préparons le bateau et soupons tôt afin de nous reposer un peu avant la nuit à venir. Toute la soirée le vent n’a cessé d’augmenter et le mouillage devient vraiment inconfortable, nous enregistrons 30 à 35 nœuds de vent à l’anémomètre, il nous est impossible de retourner au calme dans le lagon à cause des cailles. Nous prenons notre mal en patience et passons une nuit ballotés d’un côté et de l’autre. A minuit nous décidons reporter notre départ, de retourner dans le lagon une fois le jour levé pour attendre la prochaine fenêtre météo qui apparemment n’est pas pour tout de suite. On se console comme on peut, ce soir (samedi 3 mars), il y a une éclipse de lune totale à 19h30 et les copains sont toujours là.

Dimanche 4, nous bougeons à nouveau New Life au bout de l’île pour partir sur Bonaire dans la nuit. La suite du récit se fera donc depuis là-bas. Nous vous laissons savourer celui-ci en attendant la suite.

Bisous à tous,
Les New life en balade.

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