samedi, 24 octobre 2009

Curaçao, le 24 octobre 2009

Salut à tous,

Les volontaires s’occupant de Sully le globicéphale (pilot whale) échoué le 14 juillet dernier s’épuisant après plus de 3 mois, 24h/24h, de « baby sitting » ont lancé un appel au secours afin de trouver d’autres bénévoles désireux de leur donner un coup de main. Nous avons répondu présents, Marvin et moi, comme beaucoup de yachties, en consacrant selon nos disponibilités quelques heures à ce gros bébé de 400 kg.



Tout en faisant du « baby-sitting » auprès de Sully, nous améliorons nos connaissances sur ces gros mammifères. Les femelles ont un petit tous les 3 ans. Leur durée de gestation varie entre 13 et 15 mois. Le nouveau-né quant à lui mesure entre 1.30m.et 1.40m. Les globicéphales se nourrissent essentiellement de calamars, mais ne dédaignent par les poissons. Heureusement que le poisson fait partie de leur menu, sinon Georges et son équipe auraient été bien empruntés pour nourrir Sully. Il faut savoir qu’un adulte ingurgite entre 20 et 45 kg de nourriture par jour.



L’espèce est grégaire et les globicéphales tropicaux vivent en groupes familiaux très stables qui comptent généralement entre 20 et 50 individus. Les structures des groupes semblent très militarisées. Ce cétacé s’approche des navires à l’occasion et parfois des nageurs. Comme les dauphins, les globicéphales peuvent se projeter hors de l’eau et se déplacer par bonds successifs. Il fait surface toutes les 1 à 2 minutes pour respirer. Il lui arrive de demeurer immobile à la surface de l’eau pour se reposer. Il est capable de rester en immersion plus d’une heure et de plonger jusqu’à 600m. Sa vitesse de nage est de 2 à 4 nœuds, mais s’il est effrayé il peut pousser des pointes jusqu’à 25 nœuds.

Georges entraîne Sully tous les matins à suivre son bateau au large afin qu’il retrouve la force nécessaire pour que, le moment venu, il puisse suivre ses congénères. Tout le monde est à l’affût, et vendredi dernier on y a tous cru ; un groupe de globicéphales avait été repérés par des pêcheurs qui ont reporté l’information aux Coast Guard, mis sur pied également.
Malheureusement ces derniers n’ont pas relocalisé le groupe et Sully n’a pu être libéré. Ce qu’il faut savoir c’est que ce pauvre « gros bébé » ne pourrait pas survivre seul, sans l’appui d’un groupe qui l’adopterait et avec lequel il pourrait apprendre à chasser pour se nourrir et vivre sa vraie vie de globicéphale. De plus, Sully est incapable aujourd’hui de capter la fréquence sur laquelle les autres cétacés émettent leur son afin de se retrouver entre eux. Il a donc besoin de l’aide d’humains et c’est l’unique raison pour laquelle il est encore parmi nous.

Pendant que Jonnie et moi sommes autour de Sully, …



…Marvin et ses copains de Pickles s’en donnent à cœur joie au parc aquatique, ne venant nous trouver que pour les en-cas. La baleine c’est sympa un moment, mais bon, les potes et les jeux c’est encore mieux, même si parfois on se rate au toboggan et qu’on perd une dent.


Après cette aventure "dent perdue", le souci de notre moussaillon c’est que la dent a été avalée. Comment faire pour que la souris amène tout de même un cadeau ? Je n’ai même plus de dent à lui mettre sous l’oreiller et ça c’est prie que tout ! Me dit-il.

Effectivement c’est un problème, il va falloir trouver une solution. Le lendemain, je profite de la leçon de français en suggérant à Marvin d’écrire un mot à cette souris, de lui expliquer ce qui s’est passé, ensuite on verra bien ce qu’elle décidera.

A 0600 le surlendemain, branle-bas de combat. Maman, maman, réveille-toi, regarde, j’ai un cadeau de la souris et un petit message de sa part. Elle m’a amené le livre de Moby Dick la baleine en m’écrivant qu’elle prendrait ma prochaine dent et qu’il ne fallait pas m’en faire. C’est génial.

A peine une demi-heure plus tard, c’est Peter (Limin Lady) notre voisin qui vient taper à la coque. Il a besoin de Thierry au plus vite ! Le Jonalisa, le bateau avec lequel il fait du charter à la journée sur Klein Curaçao est immobilisé depuis une semaine sur le chantier à Curaçao Marine pour maintenance et entretien. Tout ce qu’il y a de plus normal jusqu’à présent. Un de leur gouvernail était cassé depuis quelques mois déjà. Ils ont profité de la mise à terre du bateau pour demander au chantier de le réparer. Le chantier a accepté le travail mais voilà que deux jours avant la mise à l’eau du bateau, le gars qui devait faire le boulot leur dit : « Sorry, I’m going on holiday and I’will not do the job » (désolé je pars en vacances, et je ne ferai pas le travail) !

A une heure aussi matinale Thierry est encore dans les bras de Morphée. Je demande à Peter de repasser un peu plus tard, je vais voir ce que je peux faire en réveillant le capitaine avec un bon café. Il sait Thierry bien occupé sur le Science Mari en ce moment, mais il ne voit pas à qui, il pourrait faire appel, dans l’urgence.

Deux jours et demi pour faire un gouvernail, c’est court, mais Thierry va faire son possible. Il en parle au capitaine du Science Mari qui comprend cet impératif. Il lui propose même de le fixer à bord de son bateau, où il y a plus d’espace. Les Vrais Marins se comprennent.

Cela arrangé, on part directement avec Peter au chantier pour récupérer le gouvernail. Pas de chance, il manque 20 cm pour sortir la mèche. Le chantier qui est soi-disant trop occupé refuse une manutention de grue. Bien entendu cela après les « mots » que le capitaine du Jonalisa a eus avec eux suite à leur refus de dernière minute ! Peter, son équipe et Thierry tentent de trouver une solution, mais il serait trop risqué de lever le bateau avec des vérins, il pèse 25 tonnes.



Il faut attendre le grutage de sa mise à l’eau - programmé à vendredi - pour que le fameux gouvernail soit récupéré ! Le hic c’est que le bateau a un charter avec plus de 70 personnes à son bord dimanche. La réparation est impossible à réaliser dans un laps de temps si court. Le chantier n’en a rien à « foutre » (désolée pour l’expression). Curaçao Marine ne le mettra pas à l’eau avant vendredi au milieu de l’après-midi. Sympa, merci les gars pour votre coopération !

Pour que Thierry puisse faire le travail, Peter prend la décision d’aller dimanche à Klein avec un seul gouvernail. C’est risqué, mais ça devrait le faire.



Ce bateau fait 4 fois par semaine le trajet sur Klein. Thierry travaille d’arrache pied afin de ne pas tenter le diable car entre Curaçao et Klein la mer est houleuse et forte, la navigation se fait contre courant et vent. Qui plus est avec autant de passagers à bord, on ne voudrait pas qu’il leur arrive quelque chose avec le seul gouvernail restant.

Week-end mouvementé pour Thierry qui travaille même dimanche. Relax pour Marvin qui en profite pour inviter son ami Loïc.



Nous avions rencontré Loïc et ses parents sur Reine Marguerite, à Chipiona, l’année de notre départ. Grâce à l’informatique, nous avions gardé le contact sans que nos routes ne se croisent toutefois. Les voilà aujourd’hui à Spanish Water pour quelques semaines. Loïc qui avait 4 ans alors, en a maintenant 11. C’est un passionné d’optimiste. Marvin qui n’était qu’un bébé à l’époque n’en garde aucun souvenir, mais aujourd’hui, il écoute son copain et suit ses conseils à la lettre car les infos qu’il lui donne pour l’optimiste sont de premier ordre. Il les appliquera lors des prochaines leçons.

C’est incroyable les différentes personnes que l’on peut croiser sur l’eau et la disponibilité de certaines d’entre elles. Si un jour, vous voyez au mouillage le Mariposa, battant pavillon allemand,…



… n’hésitez pas d’aller faire un brin de causette avec son capitaine, le Dr Michael Leppert, qui a vendu sa clinique en Allemagne, il y a trois ans. Depuis Michael navigue avec son épouse sur un cata de 50 pieds, équipé entre autre d’une salle de radiographie. Son bateau peut être opérationnel en 20 minutes pour une intervention chirurgicale. La chaise du barreur n’est rien d’autre qu’une chaise de dentiste, inclinable et réglable à souhait.

Michael soigne, opère et guéri tout au long de sa route. Une de ses spécialités et croyez-moi il en a d’autres, le bec de lièvre chez les enfants. Michael intervient gratuitement. Il me disait que le seul regard des parents lorsque l’enfant pouvait parler normalement était largement suffisant et compensait tout salaire. Il a déjà opéré plus de 52 enfants nécessiteux durant son voyage. Michael est définitivement une personne à rencontrer.

Cette semaine nous allons devenir terriens. Nos amis Brigitte, Roland et les enfants partent en vacances. Ils nous confient leur maison, ainsi que Floyd, leur petit chien qu’ils ne peuvent embarquer avec eux. Nous délaissons donc Sully pour le toutou.

Floyd un peu timide au début a vite pris confiance. Marvin qui désire tant avoir un chien veut s’en occuper à 100%. Au bout de quelques jours, ils deviendront de bons amis, Marvin bougeant à peine le petit doigt que Floyd est près de la porte pour la balade ou assis vers sa gamelle attendant sa pitance.



Lorsque Sacha, le chien du voisin vient lui rendre visite, c’est une belle partie de jeu qui s’engage et mieux vaut ne pas se trouver sur leur passage lorsqu’ils entament un sprint.



On n’a pas l’habitude d’être à terre. Je fais les cent pas entre la cuisine et la terrasse lorsque nous passons à table, il manque toujours quelque chose.



La première nuit on trouve le quartier bruyant avec les chiens qui se passent le mot pour hurler de concert toute la nuit. Les hifis qui diffusent de la musique jusqu’à point d’heure. Le lit ne bouge pas, le bercement du bateau nous manque. Je cherche mes marquent, mes pieds se mettent à pomper pour obtenir de l’eau courante alors qu’il suffit d’actionner un robinet. Je tourne un interrupteur, espérant avoir de la lumière, voilà que c’est un ventilateur qui se met en route. Marvin tombe de lit en cherchant à se caler. On a de la peine à trouver le sommeil.

Mais au matin, on se réveille avec le chant des oiseaux. Floyd nous fait la fête. On prend le petit-déj. en terrasse après avoir promené le chien. La machine nous fait un bon café mousseux, le mixer un excellent jus de mangues avec des fruits juste tombés de l’arbre.



Thierry part au boulot, il rentrera pour midi. L’école se fait sur la terrasse où chaque lézard qui passe, chaque oiseau qui vole est une excuse pour lever la tête des cahiers. Floyd au pied de Marvin se fera lui aussi un plaisir de le distraire. En fin de matinée, je me retrouve avec du temps devant moi car pendant que j’officiais avec Marvin, la machine à laver le linge faisait mon boulot. Je peux feuilleter, les pieds en éventail quelques magazines en attendant Thierry.

L’après-midi retour sur New Life pour quelques heures afin de parer au quotidien, faire tourner le désalinisateur et se baigner. En fin de journée lorsque Thierry a terminé son travail, c’est le retour à la maison, promenade du chien et - ce que nous avons le plus apprécié je crois - une douche à grande eau. C’est fou comme ces petits rien prennent des allures de grand luxe tout-à-coup.

Apéro, souper, puis au moment de mettre notre moussaillon au lit…,



…Thierry nous quitte pour dormir à bord, n’étant pas tranquille de laisser le bateau seul au mouillage toutes les nuits. Bien lui a pris, car un soir, s’il n’était pas rentré, je pense qu’on aurait eu de la visite à bord. On vous donnera les détails de cette affaire - qu’il nous faut digérer avant - dans la prochaine publication.

Une dernière machine, une bonne grosse douche avant de partager une bière avec Brigitte et Roland reprenant possession de leur bien à la fin de leurs vacances. Floyd quant à lui sera un peu emprunté, faut-il nous suivre ou rester à la maison avec ses maîtres ?

Avec nos meilleures pensées
Les New Life en balade