mardi, 26 juin 2007

Nos débuts, résumé

Salut à tous,

Pour ceux qui prendraient ce blog en cours de route et qui ne nous connaissent pas, voici un bref résumé de nos débuts.

Après 13 ans de construction dans le jardin au Mont-sur-Lausanne, New Life a été mis à l’eau en Suisse en octobre 2002. Pourquoi 13 ans ? Au départ, il a fallu reconditionner une vieille coque abandonnée, ce qui a demandé à Thierry plus de 3 ans de meule à disque et de soudure avant de pouvoir poser la première couche de peinture. Vous l’aurez compris le bateau est en acier. Du moment que ces durs travaux étaient entrepris, l’emplacement du mât a été avancé de 17cm pour rendre le bateau moins hardant, le cockpit, la descente et le roof ont été modifiés. La poupe a été rallongée et la proue a été habillée d’un beaupré. New Life ne ressemble et ne se comporte désormais plus comme le Vulcain IV qu’il était à l’origine, mais reste un plan Caroff.


Les dix autres années ont été consacrées aux aménagements intérieurs et à toute la partie technique. Le 80% du bateau a été fait avec des matériaux de récupération qu’il a fallu reconditionner, par exemple les planchers et les mains-courantes intérieurs sont en acajou, ce bois provient de montants de fenêtres. Tout le bois extérieur est en iroco (teck du pauvre) il provient de marches d’escalier qui ont fait l’objet d’une exposition. Quant au lest - à base de plomb - il a été complètement fondu en lingots de 8kg Ce dernier provient de plomb d’équilibrage de voiture, tuyauterie de bâtiment et manchons d’étanchéité de câble téléphonique sous-terrain. Ce n’est pas parce que nous avons fait de la récupération que le bateau n’a rien coûté. Il nous a donc fallu continuer nos jobs respectifs afin de trouver le financement à sa construction et économiser l’argent du voyage. Nos soirées, nos week-ends et nos vacances ont été mis au profit du projet.

Cela dit, notre petit moussaillon, né au mois d’août a vécu ses premiers mois sur le lac Léman où nous avons passé l’hiver 2002 afin de gréer le bateau, de le tester et d’organiser notre future vie à bord.


Au printemps 2003 New life a été transporté par camion jusqu’à Port Camargue où notre voyage a débuté.



Partis du Sud de la France donc, nous avons fait nos seconds ronds dans l’eau en suivant la côte, puis une traversée sur les Baléares nous dirigeant vers Gibraltar. De là nous n’avons pas suivi la route des alizés. Nous avions l’idée de commencer notre voyage par le nord. Donc une remontée des côtes espagnole, portugaise en été, à contre courant et contre vent – pas facile à vivre – puis nous voilà lancés dans la traversée du Golfe de Gascogne, nous avons dû faire demi-tour sur La Corona à notre premier essai à cause du mauvais temps. Nous attendrons une meilleure météo et repartirons. 4 jours et 4 nuits plus tard nous serons en Bretagne.

Nous avons encore des travaux de finitions à l’intérieur de New Life et nous nous dirigeons donc sur Morlaix pour y passer l’hiver. Thierry pouvant travailler au bateau à son aise, quant à Marvin et moi nous serons dans notre petite maison qui se situe à 40km du port. L’hiver 2003/2004 se déroule en travaux. Tout ce qui est à peindre et à vernir est amené à la maison, je m’en occupe pendant que le capitaine fixe d’autres choses à bord, construit un nouveau frigo et modifie des détails qui nous changera la vie en navigation. L’intérieur du bateau ne ressemble plus maintenant à un atelier flottant, tout est en place et nous aurons plus d’espace pour vivre.



Printemps 2004, nous repartons, toujours avec notre idée de grand nord. Nous naviguons un peu en Bretagne avant de nous rendre dans les anglo-normandes Jersey, Guernsey, Aldernay. Puis la traversée de la Manche jusqu’en Angleterre où nous y passerons tout l’été en en navigations côtières en direction des îles Scilly et de l’Irlande que nous avons vraiment envie de revoir. Malheureusement durant cette période le temps a été complètement pourri, nous avons eu que 2 semaines sans pluie. La mer, 13° dans ses moments les plus chauds… rien ne sèche à bord, beaucoup d’humidité, on allume régulièrement le chauffage, même en plein été On se pose des questions quant à nos futures navigations nordiques. Puis notre vieux moteur (30 ans) lâche, Thierry fait une réparation de fortune - travaillant au rythme des marées – réparation qui tiendra puisque nous continuons notre périple estival, mais notre Arona nous joue quelques mauvais tours, on ne peut pas vraiment lui faire confiance.



De Falmouth donc nous décidons de retourner en Bretagne pour changer le moteur, ce qui est plus pratique puisque le capitaine peut démonter le bateau en faisant les travaux qui s’imposent, sans que Marvin et moi ne soyons dans ses pattes. Nous profitons des rabais offerts durant le salon nautique de Paris pour acheter un Volvo Penta 40 CV (l’ancien n’en avait que 24CV, ce qui rendait parfois les manœuvres périlleuses par forts courant ou vent).


Allons-nous continuer notre escapade nordique ? Tout l’hiver cette discussion animera nos soirées au coin du feu. Au printemps 2005 nous déciderons de faire route au sud et d’aller au soleil où la vie semble plus simple avec un petit moussaillon, qui pourra profiter de la baignade, le capitaine gardant dans un recoin de sa tête son envie de fraîcheur. Plus tard peut-être.

Route au sud donc ce qui veut dire qu’on redescend tout et qu’on retraverse Gascogne, sans soucis cette fois-ci et plus rapidement (3j.) puisque nous sommes au portant. Nous profitons des escales en Galice et au Portugal avant de traverser sur Porto Santo, Madère et les Canaries. A Las Palmas nous aurons quelques soucis lors de la révision de notre survie, nous y passerons trop de temps à notre goût. Contents de quitter cette île nous nous dirigeons sur le Cap Vert où nous découvrons une nouvelle culture, des paysages si variés d’une île à l’autres et des gens extraordinaires.

Nous quitterons le Cap Vert le 29 novembre 2005 pour entreprendre notre première Transat. 20 jours de Mindelo en Guadeloupe. 20 jours de traversée en famille avec ses calmes,


ses moments stressants, surtout au passage de la dépression tropicale Upsilon et ses joies lorsqu’un poisson mord à la ligne.


Durant cette traversée nous avons été routés par Daniel 10. Un radio amateur sur Paris qui connaît la météo comme sa poche et qui chaque matin était au rendez-vous BLU nous donnant toutes les infos et nous conseillant sur notre route. Merci encore à lui qui nous a sorti une épine du pied en nous dirigeant plein sud afin d’éviter les avatars d’Upsilon.

Arrivés en Guadeloupe, nous avons quitté New Life en le laissant à la marina pour passer les fêtes de fin d’année à l’hôtel avec toute notre famille qui était venue nous rejoindre pour l’occasion. Heureuses retrouvailles et quel changement de vivre à l’hôtel après 20 jours de traversée, c’était comme dans un comte de fée. Nous avions réussi notre première Transat, étions dans les temps pour retrouver notre famille, les décorations de Noël brillaient de mille feux au son de la biguine et le Ti-punch coulait à flot. Marvin quant à lui prenait un malin plaisir à se laver les mains dix fois par jour en laissant les robinets d’eau couler sans que maman ou papa lui demande d’économiser ce liquide, si précieux à bord.

Les fêtes passées, il nous faut nous séparer et quitter la famille qui retourne en Suisse, ces moments sont toujours difficiles à vivre. Notre voyage continue par Les Saintes, la Dominique, puis en Martinique, nous récupérerons ma maman qui viendra passer quelques semaines à bord, profitant un max de son petit-fils. Là encore la séparation sera difficile lorsque maman rentrera de ses vacances.

L’étrave de New Life continue son voyage par la descente de toutes les îles sous le vent. Les escales sont plus ou moins longues selon nos affinités, nos découvertes sous-marines ou terrestres, les rencontres locales ou avec d’autres navigateurs avec lesquels nous partagerons un bout de chemin et le travail que nous trouverons en cours de route. Car il ne faut pas oublier que parfois nous travaillons. Eh oui, il faut bien remplir de temps à autre la caisse de bord. Divers travaux sur les bateaux, soudure, époxy, bois, réparations en tout genre, ça c’est le domaine du capitaine et plongée pour changement d’anodes, nettoyage de coque, graissage d’hélice, ou couture en ce qui me concerne.

Puis à Grenade, nous sommes bien occupés, nous trouvons un travail fixe dans une marina qui avait été détruite au passage du cyclone tropical Ivan il y a trois ans. Thierry s’occupe à la reconstruction de pontons, pose de carrelage dans les sanitaires, amélioration en tout genre, réparations sur des bateaux, quant à moi je fais de l’entretien courant sur les bateaux, de la plongée pour nettoyage de carène et du « public relations » pour ramener du monde dans ce joli petit coin qui a été délaissé ces dernières années. Marvin gambadant entre papa et maman, aidant l’un ou l’autre à sa plus grande joie. Il perdra un ongle en « travaillant » avec papa et en voulant utiliser de vrais outils, les siens en plastiques ne l’intéressant plus du tout. Au cours des mois qui suivent notre engagement, le « boss » ne tiendra pas ses promesses, ne nous payant pas et ne nous obtenant pas le permis de travail sollicité au départ. Comme quoi, des gens malhonnêtes et irrespectueux, il y en a partout !

Nous quitterons là, les îles caraïbes, sans qu’elles nous laissent un souvenir mémorable. C’est beau oui, nous avons eu beaucoup de plaisir à les découvrir que ce soit lors de nos expéditions terrestres ou lors de nos navigations, mais - à notre goût – il y a un peu trop de navigateurs qui ont perdu l’esprit marin.

Après bien des hésitations, nous nous rendrons au Vénézuéla ou nous y passerons plus de 8 mois. Là aussi nouvelles découvertes une nouvelle culture, une nouvelle langue. Pas très rassurés au départ, nous commencerons notre périple en naviguant à plusieurs bateaux par Los Testigos, puis Margarita et La Blanquilla. Ensuite nous descendrons sur la côte même en passant plus de 3 mois dans le golfe de Cariaco visitant en autres ses magnifiques Laguna Chica et Laguna Grande qui débordent d’oiseaux. Les groupes de bateaux se font et se défont, chacun reprenant sa route, son itinéraire. A Cumana nous délaisserons New Life pour chausser baskets, sac à dos pour nous rendre dans les Andes. Un superbe séjour dans les montagnes fera découvrir à notre petit mousse les joies de monter à cheval et à dos d’âne. Nous reviendrons enchantés de cette escapade terrestre. Quelques semaines plus tard nous quitterons à nouveau le bateau mais pour rentrer en Suisse afin de passer les fêtes de fin d’année en famille.

Malgré tout ce que « radio-ponton » diffuse, nous ne rencontrerons aucun souci au Vénézuéla, bien au contraire. Il ne faut pas nier que certaines agressions ont lieu et qu’il faut rester vigilent, certains navigateurs ont été moins chanceux que nous et en ont été victimes. Nous avons peut-être eu de la chance ou notre « petit-bout » est un véritable passeport voyage. On n’en sait rien, toutes les hypothèses sont permises.

En janvier 2007, nous réintégrons le bord et continuerons notre périple vénézuélien, en passant notamment par Puerto La Cruz, La Tortuga, Los Roques et Los Aves, etc. Dorénavant et à partir de janvier, vous pourrez lire en détail nos aventures sur les lettres publiées dans le blog.

Bonne lecture et meilleures pensées à tous.

Patricia, Thierry et Marvin

samedi, 23 juin 2007

lettre de juin 2007

Salut à tous,

Comme je le disais le mois précédent, nous décidons d’étendre - non sans peine d’ailleurs - notre séjour à Curaçao. L’administration et la bureaucratie sont les mêmes partout; désordonnées, lentes, avec des employés incompétents et qui plus est adorent faire attendre le « blanc » dans ses démarches en lui faisant bien sentir que le pouvoir est de leur côté maintenant. Je n’aime pas parler ainsi, mais malheureusement je ne peux que le constater.

Cela fait plus de 2 semaines que je cours d’un bureau à l’autre, faisant la queue pendant des heures en attendant un numéro que je n’obtiendrai pas pour remplir des formulaires, qui ne sont jamais les bons et toujours insuffisants. Le 13 juin – jour précédant la date limite de notre séjour autorisé - on me rend nos passeports en me disant que : le délai pour la prolongation est trop court maintenant, il vous faut aller au le bureau du gouverneur, qui se situe de l’autre côté de la ville. Je me fâche tout rouge et demande si c’est une plaisanterie, cela fait bientôt 15 jours que j’ai entrepris les démarches. Non, c’est la vérité, il vous faut aller voir le bureau du gouverneur, on ne peut plus rien faire pour vous. J’en reste la bouche ouverte. Heureusement que Marvin et Thierry sont restés au bateau. Je me déplace donc dans la foulée au dit bureau et je recommence toutes les démarches… avec le sourire ! En fin de semaine, sans nouvelles de leur part, je leur téléphone et on me dit : veuillez passer lundi pour remplir encore des formulaires. Je pends mon mal en patience et y retourne. A mon arrivée on me donne 4 formulaires à remplir, je demande pour qui est le 4ème puisque nous sommes 3. Ah c’est une erreur….. Patience, patience… une fois remplis les formulaires on me fait payer 15 nafl (env. 9US$) pour les estampilles. Tiens, tiens vais-je aboutir à une fin heureuse ? Rappelez vendredi, on vous donnera un numéro. Avec ce dernier vous retournerez au bureau de l’immigration de la poste pour obtenir votre prolongation d’un mois. Non non non, je vous demande une extension de 3 mois et non d’un mois. Ah, où avez-vous demandé 3 mois Maaadaaame ? Mais dans ma lettre si vous preniez la peine de la lire ! Alors rappelez vendredi et vous obtiendrez 3 mois….

Entre temps, les pâles de notre éolienne sont arrivées. 7 jours de l’Angleterre à Curaçao, mais 7 jours supplémentaires pour nous être livrées, ceci après plusieurs appels téléphoniques bien sûr. Incroyable mais vrai.


Quant à nos voiles (génois et trinquette) elles ont été raccourcies et modifiées, avec les années elles s’étaient détendues et la toile de protection UV était déchirée. En attendant la fin des démarches administratives autant profiter de l’escale pour faire ce genre de réparations.

Le mercredi, jour de location de la voiture, nous visitons l’île avant de déposer Marvin à l’école pour une heure. La séparation est toujours difficile, mais j’apprends de la maîtresse que notre petit moussaillon se gêne moins et commence à dire quelques mots en anglais à ses copains de cours, qu’il participe plus en classe, ce qui est une bonne chose. Malheureusement les vacances d’été approchent, il ne reste plus qu’un seul cours. L’expérience aura tout de même été positive, nous la renouvellerons.
Avec l’été c’est la saison cyclonique qui commence (officiellement du 16 mai au 30 novembre). Nous devons donc doubler de vigilance par rapport aux prévisions météo, aux dépressions qui traversent l’Atlantique, suivre leur trajectoire afin d’avoir le temps de se mettre à l’abri et d’assurer le bateau (doubler l’ancrage ou le mettre dans la mangrove) au cas où une de ces petites bêtes décidait de se diriger par ici. Curaçao n’a été que très rarement touché par ce genre de phénomène, mais comme on ne peut plus s’appuyer sur les statistiques, vaut mieux rester attentif. Internet à bord grâce au wifi simplifie la vie et nous permet de suivre cela de près pour une poignée de dollars.

En l’espace de 15 minutes, les deux photos qui suivent, vous donneront une idée du changement de décors que nous avons subi au mouillage lors du passage d’un coup de vent, non annoncé :




En effet ce jour-là, il faisait une chaleur terrible, on profitait de la baignade. Tout à coup le ciel s’est assombri, le vent est monté gentiment et le temps de se sécher, de fermer le bateau, de remonter le moteur de l’annexe, de contrôler l’ancre, 47 nœuds de vent (88km/h) s’est abattu sur Spanish water, avec des accélérations à plus de 50 nœuds. Nous avons lancé le moteur afin de soulager l’ancre et éviter de déraper. A l’extérieur du mouillage, derrière la péninsule on entendait la mer gronder tel un tonnerre. Une heure après le passage de ce front, c’était le calme le plus total.

A part ça, nous avons fait l’acquisition d’une nouvelle annexe, fond en dur, avec des boudins plus gros, ce qui fait que nous ne sommes plus complètement trempés lorsque nous nous rendons à quelque part et qu’un léger clapot s’est levé. Marvin en profite pour se faire tirer à l’arrière avec sa planche. Une vraie partie de rigolade avec papa.




Quant à moi j’ai cassé ma tirelire pour m’acheter une machine à laver. Fini de frotter la lessive à la main. Avec cette machine hyper moderne il suffit d’y mettre de l’eau et du produit de lessive, de la faire chauffer au soleil avec le linge sale durant une ou deux heures en secouant de temps en temps, dès que le couvercle gonfle, faire le vide d’air. Ensuite rincer, la lessive est propre. Le secret ? C’est le vacuum. Il fallait y penser.



Maintenant que nous avons un peu de temps, nous en profitons pour visiter l’île qui est très différente d’un bout à l’autre. Beaucoup de cactus dans l’ouest et sur la côte au vent qui est très découpée. Quant à la côte sous le vent, c’est de belles plages aux eaux cristallines qui s’offrent à nous, avec une végétation très verdoyante. Avec la pluie qui accompagne la saison cyclonique, les flamboyants, les frangipaniers, les bougainvilliers se disputent les couleurs les plus chatoyantes et embaument l'île. En quelques jours le décors a complètement changé, c’est un vrai régal.




La capitale Willenstad, déborde toujours d’activités avec ses boutiques de luxe, ses petits bistrots, son marché flottant - où l’on peut acheter fruits, légumes et poissons du Vénézuéla - ses étales colorés dans les rues qui s’animent à chaque passage de Cruising Liner.






Le pont ouvrant - le plus long et le plus vieux en service au monde - quant à lui laisse passer cargos et tanker pour le ravitaillement en brut du Vénézuéla qui est raffiné à Curaçao, au cœur même de la ville.












Bonjour donc la pollution pour les autochtones qui habitent sous le vent des raffineries (journal officiel 40 décès par an dû à la pollution, sans parler des infections pulmonaires et autres maladies). Comme par enchantement, les belles maisons se situent à l’est de la raffinerie, ceux qui ont moins d’argent, vous l’aurez compris, sont sous le vent des usines et subissent 24h/24h les retombées de sulfure des nuages acides !








Avant de terminer le petit message du mois, je reviens au paragraphe « immigration » vendredi donc et comme demandé j’appelle pour obtenir le fameux numéro tant attendu afin de pouvoir étendre notre séjour ; nous ne l’avons toujours pas Maaadaaaame, il vous faut encore attendre. On vous rappellera dès que possible. Alors nous attendons… ne vous pressez surtout pas ! La suite au prochain épisode.










Avec nos meilleures pensées à tous. Les New Life en balade

mardi, 19 juin 2007

lettre de janvier 2007

Salut à tous,


Eh oui, nous voilà repartis les cales bien pleines…
Les conserves,

Le lomito (filet de bœuf) séché

Les pavillons des futures escales

Le 25 janvier 2007 nous avons largué les amarres pour une petite escale d’une dizaine de miles afin de nous retrouver dans le calme du parc naturel de Mochima le petit mousse et moi profitons de la baignade, le capitaine trouvant l’eau un peu fraîche (24°) s’abstient. Une seconde escale à Tigrillo un petit mouillage dans le Golfe de Santa Fé où les coraux étaient en fleurs ; un régal pour les yeux.

Puis c’est l’escale à Puerto La Cruz ; nous sommes mitigés et ne savons que penser. On essaie de s’imprégner durant notre halte au Paséo Colom où nous retrouvons quelques amis, nous passons quelques jours ensemble, ensuite nous nous rendons dans les canaux qui sont à 2 miles plus à l’ouest. Les canaux sont magnifiques et nous avons la chance de pouvoir parquer New Life devant la maison d’un couple italo-vénézuélien que nous avions rencontré il y a un an à Grenade.
On se dirait à Port Grimau, avec de magnifiques maisons qui pour tout jardin ont de l’eau tout autour. Les canaux ont été créés en remblayant d’ancien marécages, on se déplace en bateau ou en annexe et on change de canal en passant sous de petits ponts. Les constructions, sont plus différentes les unes des autres. De la petite maison simple à des palaces ou des villas de luxes, tous les styles sont permis.

Une fois franchie la porte des jardins, un monde de vigiles armés, à bicyclette tourne 24H/24H afin de préserver la tranquillité, le calme et l’anonymat de ses habitants. On nous prie de ne prendre aucune photo ! Nous poussons la porte du jardin encore plus loin afin d’aller nous promener, là on nous arrête immédiatement en nous mettant en garde que de l’autre côté, on risquait notre vie en passant le bario (bidon ville) que l’on surnomme Beyrouth ici…… cela nous laisse complètement sans voix et nous déçoit énormément ; on a l’impression de vivre dans une prison dorée enfermés dans un ghetto…Un monde faux ou la corruption pue à la ronde et où les vigiles protègent les intérêts des fortunes vénézuéliennes. Ce n’est décidément pas notre place nous décidons donc d’entreprendre les formalités internationales de sortie et de nous rendre dans les îles de La Tortuga, Los Roques, Les Aves, continuant donc notre route vers l’ouest.

Par la suite nous espérons retrouver quelques familles sur l’eau afin que Marvin puisse se faire de nouveaux copains car pour l’instant il n’y a pratiquement plus personne au Vénézuéla, suite aux élections de novembre dernier. Chavez ayant tout pouvoir individuel durant un an peut faire basculer le pays à tout moment.

De plus la saison cyclonique étant terminée dans les caraïbes, tout le monde ou presque a déserté ce pays; histoire de se faciliter la vie en se retrouvant chez « soi » de pouvoir acheter facilement tous les produits de consommations. C’est vrai qu’en Martinique ou en Guadeloupe, voire St-Martin ou ailleurs, il suffit d’aller dans une grande surface pour remplir son chariot, ce qui n’est pas possible ici. En effet il faut se rendre dans divers Bodegons (minis supermarchés), au marché ou, si la chance est de notre côté, dans la seule grande surface qu’il y a dans le coin, mais même là on n’est pas sûr de tout trouver. Voilà plusieurs mois que le Vénézuéla est en pénurie de sucre, aussi incroyable que cela puisse paraître pour un pays producteur et se trouvant entouré d’autre pays producteurs…. Allez comprendre les embargos ! Le sucre roux se trouve occasionnellement ; le blanc - on en voit au marché noir - il atteint des prix disproportionnés (5 x plus cher).

Côté politique, bien que nous n’en faisons pas, Chavez tente de privatiser CANTV (les communications) de manière rapide en ne repayant pas immédiatement les investisseurs-actionnaires (américains) ce qui produit quelques tensions et une chute fulgurante du bolivars. Il est donc temps pour nous de ne plus trop nous attarder dans le coin et de découvrir d’autres horizons.

Bisous à tous et à bientôt. Les New Life en balade

lettre de février 2007

Salut à tous,

La météo annoncée : léger vent 10 à 15 nœuds, de nord/nord-est, mer calme, super voilà ce qu’il nous faut pour rallier l’île de la Tortuga, distante de 57 miles de Puerto La Cruz. Les cartes marines et les relevés n’étant pas corrects, il nous faut impérativement arriver de jour afin de pouvoir nous situer correctement et distinguer parfaitement l’île qui est basse sur l’eau puisque son point culminant est à 40m… loin des montagnes de chez nous !

Dès notre départ, nous nous apercevons que la météo prévue et les conditions rencontrées ne sont pas les mêmes; nous naviguons donc au moteur, faute de vent jusque vers le milieu de l’après-midi. Là un légère brise se lève, nous pouvons enfin lancer le génois, mais juste pour la forme afin appuyer un peu le moteur et gagner un demi nœud sur notre vitesse…. A 17h00 nous passons la pointe Delgada, nord-est de La Tortuga, le soleil est déjà bas sur l’eau, nous l’avons de face, il est donc impossible de distinguer les têtes de corail et d’évaluer correctement la profondeur. Le sondeur l’indique bien mais vaut mieux naviguer à vue afin de trouver notre chemin parmi les bandes de sable et les coraux. De plus les cartes n’étant pas correctes, le GPS ne nous est pas d’une grande aide. Un catamaran échoué depuis quelques mois déjà à la pointe Delgada nous incite à être prudents. Une fois entrés dans la baie, nous ancrons à playa Caldera et décidons d’y passer la nuit, malgré la houle de nord-est qui agite New Life d’un bord sur l’autre.

Le lendemain matin, à peine réveillés nous levons l’ancre pour nous rendre dans un mouillage moins rouleur. Le soleil dans le dos cette fois-ci nous facilite la tâche, nous déjeunons en route et ancrons à Cayo de Herradura. Quelques bateaux s’y trouvent déjà, effectivement le mouillage est plus calme. A peine sommes nous arrivés que petit mousse et moi sautons à l’eau, ah quel bien ça fait ! Nous sommes le samedi matin. Dans l’après-midi, nous voyons débarquer des dizaines de yacht à moteur, tous équipés de scooter de mer et d’annexes rapides. Un hélicoptère nous survole et se pose sur la plage, puis un second….La plage se remplit et nous apprendrons que Cayo de Herradura est un endroit très fréquenté des vénézuéliens venus de Puerto La Cruz ou Caracas pour le week-end. On a de la peine à croire nos yeux… venir à la plage en hélico…. Et pourquoi pas ! Dimanche soir tout le monde rentre et l’île retrouve sa plénitude.

Les trois jours que nous passerons sur l’île seront riches en baignades, balades, recherches de coquillages, sans oublier la rencontre avec les pêcheurs. En nous rendant au bout de l’île pour visiter le phare - qu’on n’a jamais vu allumé et qui est censé guider les navigateurs noctambules - les pêcheurs nous abordent, ils cherchent à savoir d’où nous venons ou nous allons et comment les navigations se déroulent avec notre petit marin. Avant de nous séparer cet après-midi là, ils nous offrent une aile de raie. Dès le retour à bord, je sors mes livres de recettes et annonce le souper à l’équipage : raie au beurre noir, croutons et câpres, il va nous manquer du citron … tant pis, on fera sans et on se régalera quand même.

Puis c’est le départ pour 85 miles jusqu’aux Roques. La météo annonce un vent nord/nord-est 15/17 nœuds avec une mer de 1.5m. Cela a été vrai pour le départ, mais dans l’après-midi les vents se sont levés à 20/25 nœuds et la mer est devenue forte à très forte. Pour une fois on va faire de la voile, mais musclée la traversée et à une vitesse que nous étions loin d’imaginer, ce qui fait qu’à 03h00 du matin le capitaine a dû affaler la grand-voile, réduire le génois et sortir la trinquette (voile de gros temps) afin de ralentir New Life qui filait à plus de 6 nœuds et qui nous aurait fait arriver de nuit aux Roques, ce qui au vu de la cartographie, de la passe d’entrée La Boca de Sébastopol (La Bouche de Sébastopol) n’est vraiment pas envisageable sans visibilité.

06h00, ouf le soleil pointe à l’horizon et le jour se lève, nous distinguons les Roques. Se sont des îles également très basses sur l’eau et il nous faut encore nous approcher, la mer écume de toute part, on distingue mal la barrière de corail et la passe d’entrée. On pointe sur le phare et à la jumelle je tente de donner des indications précises au capitaine, ce qui avec cette houle est loin d’être simple. On est de plus en plus près des coraux et on ne distingue toujours pas l’entrée, large de 200 mètres pourtant - ce qui paraît énorme sur terre, mais avec une mer qui déferle pas évidente du tout. On s’approche encore et soudain, juste devant nous la Boca de Sébastopol s’ouvre, une vague nous pousse à l’intérieur et le terrain de jeux se calme aussitôt juste un clapot soulève le plan d’eau. C’était un bon coup d’adrénaline pour la Saint-Valentin. Eh oui nous sommes le 14 février et de celui-ci on s’en souviendra.

Nous lançons à nouveau le génois et continuons notre remontée sous voile à l’intérieur de la barrière de corail en zigzaguant entre les pâtés clairs et foncés jusqu'au mouillage de Francisquies. Nous mouillons dans un lagon tellement turquoise que les nuages eux-mêmes en sont teintés. Nous y resterons quelques jours en nous régalant à chaque instant des fonds marins. Nous passons des heures dans l’eau à explorer le lagon et ses habitants.



De nouvelles découvertes nous attendent et nous partons pour Noronsquis un lagon en forme de fer à cheval à seulement 6 miles. On est seuls au mouillage, la barrière de corail est à quelques mètres, nous laissons tomber l’école pour ce matin car nous ne résistons pas plus d’une minute à l’envie de chausser nos palmes et partir voir les fonds. A peine dans l’eau, une tortue vient nous accueillir, plus loin se sont d’énormes poissons-perroquets noirs, des diodons, des girelles à têtes bleues ou jaunes, des poissons-papillons, flûtes, des ludjia, des coffres, des castagnoles, etc. qui nous attendent. De retour à bord, nous sortons les livres pour savoir quelles sont les espèces encore inconnues à nos yeux et apprendre le nom des différents coraux. Aujourd’hui c’était l’école aquatique… une autre façon d’apprendre pour notre petit mousse et pour nous également. Le lunch et c’est reparti pour la baignade. Le capitaine quant à lui monte au mât pour contrôler le gréément et prendre quelques photos.



Une tortue nous accompagne jusqu’à la sortie du lagon lorsque nous quittons Noronsquis pour nous rendre à Sarqui, une autre île, un autre mouillage. Il faut dire que ce n’est pas ce qui manque aux Roques, les lagons étant tous les un plus beaux que les autres, notre choix d’aller sur celui-ci plutôt que sur celui-là est dicté par la protection qu’il offre au vu des conditions météo. L’îlot Sarqui est une longue plage de sable blanc sur fond turquoise. Deux bateaux sont déjà sur place, puis Zen des copains rencontrés à Cumana se pointe à l’horizon. On se retrouve et on passe quelques jours ensemble. Le temps est couvert et pluvieux. Génial nous nous remplissons les réservoirs, les douches solaires. La lessive s’accumulant, j’en profite pour laver un peu.

Entre les averses, le soleil perce fort, de ce fait la mangrove entourant la plage dégage une forte odeur de goémon. Nous décidons de lever l’ancre et de nous rendre à Carénéro à 1h00 de navigation seulement. Dans ce mouillage, bien protégé, il y a plus de monde, 15 bateaux s’y tiennent à l’abri et attendent une météo plus propice.

Nous retrouvons quelques connaissances, mais nous regrettons le manque d’enfant. En effet, les enfants se font de plus en plus rares. Marvin couché, nous nous posons mille et une questions sur la suite de notre programme, plus à l’ouest retrouverons-nous des familles naviguant comme nous? Il semblerait que pratiquement tous les gens que nous croisons se rendent à Panama et passent le canal pour le Pacifique, ce qui n’est pas vraiment nos plans, et l’école du petit mousse, il y a des jours où tout roule et d’autres où c’est un vrai casse-tête chinois, surtout lorsqu’il décide de mettre les pieds devant, il faut s’armer de beaucoup de patience. Que de questions !

Plus tard nous retrouvons Zen au mouillage de Cayo de Agua. Nous passons à nouveau quelques jours supers ensemble avant que nos routes se séparent, eux allant à l’est, nous à l’ouest. Chacun sait qu’un jour la vie fera qu’on se retrouvera. Cayo de Agua devient intenable avec la houle qui entre dans le mouillage, nous décidons donc de quitter Los Roques pour Los Aves distantes de 34 miles.

C’est parti, cap au 280° vent 20/25 nœuds avec des rafales à 30 nœuds, à nouveau musclée la nav. du jour, mais on est au portant, c'est-à-dire avec le vent pile poil dans le dos, ce qui devrait rendre le voyage plus agréable. Illusion, illusion, une fois sortis de l’abri des îles, la mer est houleuse et croisée. Bébek Tutu (le nom de notre pilote automatique) ne tient pas la barre, c’est le capitaine qui prend la relève en synchro avec la houle qui soulève et couche le bateau. Décidemment ces îles se mérite. New Life marche bien et je dois avouer que depuis que le capitaine a décidé de le mettre au grand largue (vent ¾ arrière) et de tirer deux bords pour arriver aux Aves, les mouvements du bateau sont plus agréables. La houle finit par avoir le dessus de l’énergie de notre petit mousse qui se laisse glisser dans les bras de Morphée pour un bon clopet.

Nous passons la pointe sud de Ave de Barlovento 7h00 après notre départ, accueillis par des centaines d’oiseaux, des fous de bassan curieux se mettent à notre hauteur pour nous souhaiter la bienvenue. Ils ont envie de se poser sur les panneaux solaires, mais l’éolienne les en dissuade. Nous jetons l’ancre et décidons que la découverte de l’ile se fera demain, nous contentant d’observer le va et vient incessant des oiseaux construisant leurs nids. Puis une dispute éclate entre deux frégates et un pauvre petit fou à qui elles ne laissent aucun répit. Le spectacle se termine devant l’apéro et un beau couché de soleil. Personne ne demande son reste après le souper et nous tombons dans un sommeil profond.

Petit-déj., un peu d’école et c’est parti. Nous mettons l’annexe à l’eau et remontons dans la mangrove au moteur, nous laissant dériver avec le courant au retour afin de pouvoir observer les oiseaux de plus près, sans les déranger. Nous nous accrochons aux branches et faisons silence, les femelles couvent, les mâles ramènent des branches et la nourriture pour les petits déjà nés. Nous en repérons un grâce à ses petits cris aigus, réclamant à tue-tête son repas, il est revêtu d’un fin duvet blanc, il essaie ses ailes, pas encore très alertes. Nous éclatons de rire en le voyant. Puis papa et maman arrivent, ils nous observent car nous sommes à quelques mètres du nid, puis voyant qu’on ne leur veut aucun mal ils vaquent à leurs occupations en nous permettant de faire de magnifiques photos.


Il semblerait y avoir une fenêtre météo pour les jours à venir. Nous planifions donc de partir jeudi, de sortir le bateau des cailles de jour jusqu’à la pointe de l’île, d’y passer la journée et de naviguer de nuit jusqu’à Bonaire (53 miles). De cette manière le trajet sera plus court pour notre petit mousse qui à son réveil sera pratiquement arrivé. Jeudi matin nous apprenons par la BLU qu’une de nos connaissances arriverait dans l’après-midi de ce même jeudi. Comme cela fait plus d’un an qu’on ne sait vus, nous décidons de reporter notre départ à vendredi soir afin de passer la journée en leur compagnie. Les retrouvailles sont heureuses et les tchatches vont bon train.

Vendredi matin la météo semble toujours aussi clémente, nous déplaçons New Life comme prévu pour partir vers minuit. Nous profitons de la plage l’après-midi, bien que le ciel se couvre, la mer et le vent se lèvent. Au retour à bord, nous préparons le bateau et soupons tôt afin de nous reposer un peu avant la nuit à venir. Toute la soirée le vent n’a cessé d’augmenter et le mouillage devient vraiment inconfortable, nous enregistrons 30 à 35 nœuds de vent à l’anémomètre, il nous est impossible de retourner au calme dans le lagon à cause des cailles. Nous prenons notre mal en patience et passons une nuit ballotés d’un côté et de l’autre. A minuit nous décidons reporter notre départ, de retourner dans le lagon une fois le jour levé pour attendre la prochaine fenêtre météo qui apparemment n’est pas pour tout de suite. On se console comme on peut, ce soir (samedi 3 mars), il y a une éclipse de lune totale à 19h30 et les copains sont toujours là.

Dimanche 4, nous bougeons à nouveau New Life au bout de l’île pour partir sur Bonaire dans la nuit. La suite du récit se fera donc depuis là-bas. Nous vous laissons savourer celui-ci en attendant la suite.

Bisous à tous,
Les New life en balade.

samedi, 16 juin 2007

lettre de mars 2007

Salut à tous,

Dimanche 4 mars, comme nous vous l’avions annoncé dans le précédent message, New Life se balançait depuis le début de l’après midi au bout de l’île d’Ave Barlovento. Après un souper de lasagnes, un clopet, nous sommes prêts à lever l’ancre. 22h00, la lune est là, elle nous éclaire, nous partons donc pour Bonaire cap au 270° avec des vents portants, c’est-à-dire d’Est de 20 nœuds. Tant que nous sommes à l’abri des îles Aves Barlovento et Sotovento, la mer est calme et le début de la nuit se fait paisiblement. A minuit nous ne sommes plus sous la protection des îles, la mer devient à nouveau désagréable; mais faut croire qu’on commence à y prendre goût puisqu’on continue. La toile antiroulis est tendue au lit de notre petit mousse et Morphée a un œil sur ses rêves, donc aucun souci à avoir de ce côté-ci, tout roule….. c’est le cas de le dire !

Bébek Tutu (notre pilote) fait bien son travail ; il tient la barre sans se plaindre, le génois est tangoné, New Life avance à 4,5 nœuds, le cap et moi, bien que ballotés, en profitons pour sommeiller un peu à tour de rôle. Lundi 5, au levé du jour, nous entendons une petite voix nous appeler et « Maman, je suis réveillé, tu viens me dire bonjour et du sais quoi ? J’ai faim, tu peux préparer le petit-déj. ? » C’est reparti…

A 08h00 nous apercevons le phare au sud de Bonaire, encore quelques miles et nous serons à nouveau protégés de la houle par l’île. Une fois passée la pointe, de grandes pyramides blanches se dessinent l’horizon, en nous approchant, nous distinguons la rampe de chargement et des cargos qui attendent leur cargaison; ce sont les mines de sel de Bonaire, à voir la hauteur des pyramides, il n’y aura pas de pénurie ces prochaines années. A 12h00 nous prenons une bouée et rangeons New Life. Ici il est interdit d’ancrer afin de préserver faune et flore. L’eau est d’une limpidité non égalée jusqu’ici. On se croirait en piscine avec des poissons colorés tout autour du bateau qu’on aperçoit de la surface. Inutile de préciser qu’on n’attend vraiment pas longtemps pour chausser notre équipement. Dès les premiers coups de palmes on est surpris par la quantité de poissons, tortues, murènes et coraux en vie qu’on y découvre, c’est du jamais vu jusqu’ici.

Le lendemain matin est consacré aux formalités d’entrée, douane et immigration. On nous reçoit avec une cordialité incroyable, nous expliquant qu’à Bonaire tout est protégé, qu’ils font de gros efforts pour préserver l’environnement, nous indiquent les règles à respecter au mouillage, nous donnent toute sorte de dépliants indiquant notamment la situation des plus beaux sites de plongée, et nous souhaitent la bienvenue. En nous baladant dans les rues, nous avons l’impression que tout ici est aseptisé, mignon, tranquille. Un lunch et une bière sur une terrasse nous confirmeront la quiétude des lieux. Avant de rentrer à bord, nous passons par le supermarché, on y trouve de tout, comme en Europe, chacun de nous se fait plaisir en achetant ce qui lui manquait le plus. Ca nous change du tout au tout après 8 mois de Vénézuéla. Autre pays, autres découvertes !

Bonaire fait partie des Antilles néerlandaises, rattaché aux Pays-Bas, tout comme Curaçao, et Aruba, nos prochaines escales. La monnaie est le « NAf ; Nederlands Antilles guilder ». Le dollar est accepté partout également. Ici il est courant d’entendre les gens parler le hollandais, l’anglais, l’espagnol et le papamiento local, c’est une belle gymnastique pour l’esprit que de passer d’une langue à l’autre, tout comme de changer de monnaie à chaque fois que l’on ouvre son porte-monnaie. On paie en dollars, on nous rend en guilders ou vice-versa.

Nous consacrons tout notre temps en exploration sous-marine. Thierry et moi avons la chance de pouvoir faire de la plongée bouteille ensemble, Marvin ayant eu le « béguin » d’Anderson, une super baby-sitter de 13 ans sur Azul, un catamaran américain que nous avions rencontrés à plusieurs reprises déjà. Le plus difficile, c’est de le reprendre à notre bord en fin de journée, car avec Daniele (13ans) et Joshua (14 ans) les frères d’Anderson, il s’éclate.



(photo prise de la surface dans 4m de fond)

A Bonaire nous ne voyons pratiquement pas de plastique, les cabas du supermarché sont en papier, ils sont payant et se recyclent bien entendu. Ni papier, ni mégo, rien ne traîne parterre, tout le monde se discipline afin de poursuivre l’effort qui se fait ici. En ballade, nous tombons sur un musée où tout ce qui se jette et réutilisé, laissant libre court à l’imagination de l’artiste (Yenny), je vous laisse découvrir :




Nous prenons l’opportunité d’une fenêtre météo pour quitter Bonaire et de nous rendre à Curaçao où nous sommes attendu - depuis plus de 3 ans, c’est dire qu’on fini tous par se retrouver un jour et que le temps n’a plus vraiment d’importance - par d’autres « voileux » quittés en Angleterre en 2003, d’une part et par un gros yacht à moteur américain, d’autre part afin d’effectuer des travaux d’époxy sur le bateau. Un peu de beurre dans les épinards, nous larguons donc les amarres pour 33 miles séparant Bonaire de Curaçao.

Nous faisons une belle navigation, au portant, avec des vents de 15/20 nœuds et une mer plus ou moins calme, cap au 250° New Life se laisse glisser tranquillement, la ligne de pêche est à poste, comme toujours. Tout à coup, la ligne se déroule rapidement, ça y est une prise, mais quelle prise car …..nous perdons la ligne complète, capable de supporter 25 kg … et rapala… la prise devait être belle. Dès l’approche de Curaçao, nous sommes mis au parfum, survolés à plusieurs reprises par un avion faisant du rase motte, puis des hélicoptères des gardes-côtes nous prennent en photo, sécurité oblige, le Vénézuéla n’est distant que de 35 miles et ici on lutte contre la contrebande de tabac, d’alcool et surtout le trafic de drogue. Tout est contrôlé, photographié, répertorié. Le lendemain je m’occupe des papiers d’entrée à Curaçao, une fois la douane réglée, je me rends, à l’immigration, qui se trouve à l’opposé, 20 min. de marche (heureusement que Marvin est resté à son papa). Là on me dit qu’il faut également obtenir un permis pour l’ancrage dans les eaux de Curaçao, ce formulaire s’obtient aux autorités portuaires qui se trouvent juste à côté (ouf). Il leur faut les détails exacts concernant l’ancrage de New Life, dans quelles baies nous allons mouiller et combien de temps compte-t-on y rester. Comme nous avons du travail, nous nous rendrons en premier à Piscaderaa Bay, les amis attendront encore un peu.

Une fois au fond de la baie, une odeur pestilentielle nous saisi les narines. Une raffinerie de pétrole se trouve non loin et nous sommes dans sa ligne directe…. Les vents soufflant d’Est on en respire ses vapeurs. Le capitaine décide de se donner à plein temps dans le travail afin qu’il soit liquidé le plus rapidement possible, Marvin ayant attrapé un refroidissement durant le trajet Bonaire/Curaçao, sa toux ne va pas s’arranger avec ces odeurs. Marvin et moi passons trois jours enfermés, fière et odeurs obligent ! Les réparations époxy terminées, nous n’hésitons pas une seconde à lever l’ancre jusqu’à l’entrée de la baie qui n’est plus dans la ligne de la raffinerie. Le lendemain matin, avant de nous rendre à Spanish water (à l’est) où se trouvent nos amis, Dale le propriétaire du yacht à moteur nous rend visite et nous demande – vu l’excellent travail que Thierry lui a fourni - s’il ne veut pas lui faire d’autres travaux dont tout l’antidérapant de son bateau. C’est un gros boulot, mais en plus du beurre dans les épinards ce boulot paierait largement le carénage dont New Life a grand besoin. Tout au long de notre périple à chaque fois qu’un travail s’est présenté, on l’a fait, c’est juste dommage que celui-ci se trouvait dans un si mauvais endroit. Thierry fera les trajets jusqu’à la marina chaque jour et que je resterai avec notre petit mousse à l’entrée de la baie jusqu’à ce qu’il se sente mieux.

Puis après deux bonnes semaines – tout fini par arriver à qui sait attendre – on lève enfin l’ancre de cet endroit sordide. Nous nous rendons à Spanish water où nous retrouvons nos amis et avons juste le temps de visiter Willemstad avant d’attaquer le carénage de New Life.

La ville de Willemstad est une véritable cité européenne, des boutiques, des bijouteries, des magasins, des musées, de petits cafés où il fait bon s’arrêter prendre un verre et voir le monde passer, des places de jeux pour notre petit matelot qui en redemande, un marché flottant où l’on trouve sur des lunchas venant du Vénézuéla toute sorte de fruits, légumes et poissons bien sûr. La ville est séparée en deux par un bras de mer qui remonte jusque dans ses entrailles. Un pont flottant – le plus grand et le plus long du monde – nous fait passer d’une rive sur l’autre. Lorsqu’il est ouvert pour laisser monter un cargo jusqu’à la raffinerie, un service de ferry gratuit rallie Otrobanda à Punda. Le soir les spots diffusants leur lumière colorée sur les forts qui se situent de chaque côté du bras de mer, le pont et les façades éclairés donnent à la ville un aspect chaleureux. Nous prenons le temps de nous balader et de profiter d’un petit resto avec nos amis. En y réfléchissant, ça fait plus de huit mois qu’on n’était sorti le soir en ville en toute sécurité.

En achetant un journal local, je lis que la raffinerie de pétrole tue plus de 40 personnes par an – ce qui est énorme pour une île de 61 km de long et entre 5 et 14 km de large - qu’elle mériterait d’être modernisée, ses installations étant obsolètes ou à tout le moins que sa production soit diminuée. Tout cela coûte évidemment cher, ce n’est certainement pas demain que des améliorations seront entreprises ! Encore une fois, le pouvoir de l’argent prime sur la santé des gens. Nous avons vraiment l’impression que c’est le même refrain partout, c’est choquant d’autant plus que Bonaire qui n’est qu’à 33 miles a une toute autre vision.

Je vais m’arrêter là pour vous laisser souffler un peu après un si long récit. New life sortira de l’eau pour le carénage le 6 avril, nous nous sommes donc armés de pinceaux, peinture et tout le « tralala » pour attaquer les travaux sur le bateau. La prochaine lettre aux amis sortira dans un mois.

Amicalement à tous,
Les New life en balade