lundi, 4 juillet 2011

de Titusville à Deltaville, sortie de l'eau et retour en CH



Salut à tous,

Afin de ne pas revenir en arrière de Titusville pour sortir en mer par l’inlet de Cap Canaveral, nous continuons un bout par l’Intercoastal Waterway (ICW).

Nous croisons quelques pêcheurs au travail, les crevettiers sortent en mer alors que les plus petites embarcations relèvent les « crab pots » casiers à crabes qui jalonnent notre route.








Les crabes bleus du coin sont bien connus pour la saveur particulière qu’ils donnent à la soupe. On s’en relèverait la nuit.






L’essentiel de la navigation se fait au moteur dans l’ICW, mais bien entendu sur les tronçons qui le permettent, nous larguons le génois pour autant que le vent soit portant, ce qui soulage non seulement la machine, mais également nos oreilles. En fin de journée, nous nous arrêtons où bon nous semble, il n’y a très peu de restrictions le long de l’intercoastal. Il faut juste veiller à trouver un endroit suffisamment large pour ne pas gêner le trafic fluvial qui travaille 24/24 H. Je vous assure que lorsqu’un de ces monstres est en mouvement on ne cherche en aucun cas à rivaliser avec sa puissance et son inertie sur l’eau.







Le Lion Bridge, un des plus beaux ponts de l’ICW nous ouvre les portes de la ville de St-Augustine, magnifiquement conservée et qui retrace toute l’histoire coloniale de la Floride.







L’ancrage étant de tenue moyenne, les bateaux dérapent facilement à la renverse. Effectivement le courant dû à la marée pouvant atteindre 4 nœuds vu la proximité de l’inlet, il est recommandé de prendre une des bouées mises en place par St-Augustine Municipal Marina au Sud ou au Nord du Pont du Lion. 20$/nuit avec accès aux facilités de la marina ne nous semble pas disproportionné pour avoir l’esprit tranquille.



Le Castillo de San Marcos semble faire l’unanimité à bord, c’est donc parti pour un plongeon dans l’histoire coloniale de la Floride qui est tout à fait différente de celle des autres parties des Etats-Unis.





La couronne d’Espagne a vu en St-Augustine un endroit stratégique puisque les galions chargés des richesses d’Amérique du Sud transitaient par là vu la proximité du Gulf Stream. En 1565 l’Espagne y installe une colonie qui défendait un des seuls ports utilisables dans cette région de la côte Atlantique. Les 9 forts primitifs en bois n’ont malheureusement pas suffit à protéger la ville des attaques françaises et anglaises qui la convoitaient pour les mêmes raisons que les espagnols.


En 1668 les pirates ont saccagé « San Augustin », 60 colons ont été tués dans cette attaque, mais peu de temps après des ingénieurs et des équipes de travail espagnols ont commencé à construire des murs massifs en coquina pour mieux protéger la ville que ne le faisaient les forts en bois d’autrefois. Tout au long des luttes entre les empires la forteresse San Marcos a survécu à plusieurs sièges grâce à ces fameux murs en coquina qui « avalaient » les balles. Une trouvaille pour l’époque puisque cet amalgame de sable et de coquillages, solide comme du roc arrêtait les boulets, quant aux balles, comme je le disais, elles disparaissaient dans l’épaisseur des murs, sans les traverser.






Lorsque la ville de La Havana est tombée aux mains des anglais en 1762 l’Espagne, qui voulait regagner cette ville, a cédé toute la Floride à l’Angleterre. Une période donc faite les révolutions, d’échanges, de Traités. Le Traité de Paris lui, a mis fin à la Révolution américaine et rétrocédé la Floride à l’Espagne.


Petit à petit les américains s’installent en Floride. En 1821 l’Espagne signe au autre Traité permettant aux citoyens américains de s’y installer sans que le sang ne soit versé, multipliant ainsi l’arrivée de nouveaux colons sur ce territoire. Mais voilà, l’homme étant ce qu’il est, la cohabitation avec les Indiens Séminoles devient difficile, ces derniers se trouvent persécutés, chassés et de plus en plus dépourvus de leur territoire.



Une nouvelle guerre éclate entre 1835 et 1841, beaucoup de Séminoles sont capturés dont Osceola, le plus grand chef de leur tribu. Plus de 300 d’entre eux sont enfermés, torturés, maltraités dans ce fort. Osceola est transféré au Nord, au Fort Moultrie alors que 20 de ses compagnons réussissent à s’échapper et à gagner les Everglades. Certains Séminoles se soumettent et servent dans l’armée américaine. Les autres sont envoyés sur le territoire qui constitue aujourd’hui l’Oklahoma.









Une vingtaine d’années de calme avant que la guerre civile n’éclate de 1860 et 1865 entre les Etats du Nord et ceux du Sud.






Durant cette guerre civile beaucoup d’indiens du sud-ouest et des grandes plaines sont également capturés et emprisonnés par l’armée américaine dans le Fort San Marcos. Le Capt. Richard Pratt, avait essayé de leur fournir une éducation au lieu de les punir. Ses efforts ont eu pour résultat une nouvelle politique des affaires indiennes et l’établissement de l’école indienne à Carlisle en Pennsylvanie.








Cet homme fervent défenseur de la cause indienne n’a malheureusement pas trouvé le même écho de la part d’autres généraux qui ne voyaient en eux qu’une vermine qu’il fallait se débarrasser ou parquer dans des réserves. No comment ! Nous connaissons tous cette page de l’histoire.




L’architecture des bâtiments,






… un galion qui croise au large, une copie de la Alhambra de Grenade, de magnifiques patios et balcons fleuris, dans les rues piétonnes, des artistes habillés comme à l’époque








… nous avons vraiment l’impression d’être en pays hispanique.




Déambulant dans les rues, nous tombons sur une ancienne école en bois. La plus vieille des Etats-Unis apparemment. Nous ne résistons pas à l’envie d’y faire un cliché en précisant à Marvin que l’école existe depuis la nuit des temps, qu’importe l’époque, les enfants devaient et doivent encore y aller. Il en est enchanté !










Qu’est-ce que des étudiants pourraient demander de mieux que d’être accueillis dans ce magnifique campus universitaire complètement restauré depuis 2004. Les études d’art, d’éducation sportive, business font la renommée du Flagler College depuis des années.







Pour terminer notre visite de St-Augustine, tous les navigateurs se réjouiront de découvrir le « Sailors Exchange » une véritable caverne d’Ali Baba pour ceux qui recherchent du matériel neuf ou d’occasion afin de réparer voire construire un bateau complet. Toutefois si vous ne souhaitez pas vous déplacer, vous pouvez les contacter via leur site www.sailors-exchange.com ils vous expédieront la marchandise où bon vous semble.







Nous quittons cette charmante petite ville pour Fernandina Beach. En traversant Georges River, le courant nous donne du fil à retordre, il atteint 4 à 5 nœuds dans cette étroite rivière, le bateau danse d’un bord sur l’autre. Au bout de la rivière, le Sister Creek Bridge qui ouvre sur appel. L’intendant, qui connaît bien les soucis que crée le courant dans les parages surtout quand un bateau est engagé dans ce goulet, nous précise que le pont sera ouvert à notre approche et qu’on aura qu’à laisser filer.





L’ICW serpente à travers des étendues marécageuses, ...







...le balisage est précis nous le suivons scrupuleusement car en dehors des bouées, la terre assèche.





Certains passages sont limites pour notre tirant d’eau de 1.80m, le sondeur marque souvent zéro. Nous nous échouons quelques fois même en respectant le balisage, mais arrivons, à coup de marche avant/arrière, en inclinant le bateau à le dégager.


Il me suffit d’écrire cela pour qu’à l’entrée de Fernandina Beach, nous montions sur un banc de « mud » (boue). On tente de balancer le bateau, de pousser le moteur, rien n’y fait, cette fois-ci nous sommes bien plantés, de plus la marée descend. Aucune autre solution que d’appeler Tow Boat US. Un service de remorquage ou dépannage totalement gratuit pour autant que vous ayez souscrit leur assurance. Franchement les 120$ demandés pour un an de couverture sont loin d’être excessifs quand on connaît le prix des interventions aux US. Je ne peux que vous recommander d’y souscrire dès votre arrivée. Tow Boat US ou Sea Tow la compagnie concurrente ne se contentent pas de vous tirer d’affaire dans l’ICW, ils interviennent également au large vous emmenant, si nécessaire les pièces souhaitées voire du carburant. Certains bateaux à moteur se trouvent à sec, qui le croirait ?











Nous passons le reste de la journée à Fernandina. Malgré des risques d’orage, la météo pour les jours à venir est bonne. Nous allons donc rallier Beaufort (NC) par l’extérieur. L’intercoastal à travers la Georgie se languit dans des marécages, sans grand intérêt, si ce n’est les oiseaux et la vie sauvage qui le peuplent.



Le dinghi est attaché sur le pont, tout est rangé, prêt pour un long bord de 3 jours sous voiles. Les spis d’une régate colorent d’horizon, la mer est d’huile, il y a du monde sur l’eau, c’est tout simplement délicieux de se laisser glisser, sans le ronronnement continu du moteur.

Dans l’après-midi le ciel se couvre un peu, rien de bien méchant. Nous entendons tonner alentours, les nuages à terre s’amalgament de plus en plus, nous sommes toujours bien tranquilles au soleil appréciant cette plénitude. Sur la côte ça devient sérieux, ça gronde fort, un orage éclate, puis deux. Gentiment notre beau soleil disparaît et de gros nuages apparaissent. Je crois que nous aussi on va y avoir droit me dit Thierry, vaudrait mieux sortir les cirés.







En un temps recors, il fait pratiquement nuit, des éclairs zèbrent le ciel, un orage nous passe sur l’arrière, trois gouttes de pluie, rien de plus. Ce n’est pas terrible, ça se rapproche rapidement. Thierry a juste le temps de fermer son ciré, de me dire waou t’as vu ce nuage comme il roule, cette fois c’est pour….



Sa phrase reste en suspend le bateau s’est couché sur babord, la première barre de flèche dans l’eau. Grand-voile et génois sont à poste. Marvin hurle, il vient de se prendre ses caisses à jouets sur la tête. Pendant un temps qui nous paraît interminable, nous voyons gicler les poulies de renvoi du génois, le support de la bouée fer à cheval éclate, la bouée part à la dérive, le tendeur de la filière s’arrache, ce qui la laisse pendre lamentablement, les écoutes sont en lambeaux, la bande anti-UV déchirée du génois longe la coque, les pavillons n’existent plus. Puis un bruit assourdissant à l’intérieur, c’est la caisse à outils qui explose sous le poids des outils, les crochets ont lâché. Si ça continue, c’est le contenu de mes armoires, conserves, plats, vaisselle qui jonchera le sol avec des briques de verres partout…





Je croise les doigts pour qu’on se redresse en criant à Marvin de prendre tous les coussins à sa disposition, de se protéger la tête en s’enfilant sous le triangle avant pour qu’il bénéficie d’un meilleur abri. Tout à coup notre petit bonhomme hurle : « maman, il y a de l’eau qui arrive dans la cuisine, j’ai peur, qu’est-ce qui se passe ? » - On est couché, le bateau ne se redresse pas et je ne peux pas descendre pour l’instant, protèges-toi un max.

Tout à coup une accalmie de quelques secondes permet à New Life de se redresser. Thierry enroule tant bien que mal le génois, saute sur le pont pour affaler ce qui reste de la grand-voile déchirée. Je dévale la descente pour rassurer notre moussaillon. Rebelotte New Life se couche sous une nouvelle rafale mais se remet sur pied immédiatement les voiles étant ferlées, il y a moins de prise au vent. Les avis de détresse pleuvent sur la VHF, les Coast Guard, Tow Boat, Sea Tow, tout le monde est débordé, c’est la panique sur l’eau. Des bateaux sont drossés à la côte, d’autres ont démâté, un chien a passé par-dessus bord. Nous avons de la « chance », nous sommes au large et avons de l’eau à courir.

La mer n’a pas eu le temps de se lever, à peine 20 minutes plus tard, les nuages disparaissent comme par enchantement, le soleil, même pas un tantinet timide, brille de tous feux dans un ciel bleu azur. Le coup de vent et l’orage sont passés, on n’en parle plus, enfin…


Maintenant il faut réconforter moussaillon qui est dans tous ses états, éponger et ranger ce qui peut l’être, se rapprocher du prochain inlet, pour nous remettre de ces émotions, voiles déchirées, on ne peut de toute manière pas continuer par l’extérieur. L’entrée de St-Simon est praticable, elle est à 30 miles, nous lançons le moteur. Il est 20h. lorsque nous ancrons dans Fédérica River.







Une assiette de pâtes fera l’affaire pour le souper. En prenant l’apéro (Coca pour le capitaine, un rhum pour le second et un jus de fruit pour le mousse) nous analysons la situation et constatons les dégâts. Au bas mot un vent de 60 nœuds a balayé la mer bien avant que l’orage n’éclate. En bons suisses que nous sommes, nous n’avons pas réduit à temps la voilure (y’a pas le feu au lac !). On s’est fait avoir comme des débutants, par chance la mer n’a pas eu le temps de se lever, sans quoi nous aurions eu plus de dégâts. C’est la première fois en 9 ans qu’on se fait avoir de la sorte, on en assume l’entière responsabilité, nous avons négligé les caprices de Dame météo. Mea culpa.


Le lendemain, nous continuons notre route par l’ICW. A Beaufort (Caroline du Sud) nous retrouvons Tiplouf (F) et Le Second (Can). Marvin est tout content de revoir, bien que nous n’ayons pas le même rythme de nav., les copains de St-Augustine qui se dirigent eux aussi vers le Nord.






Nous décidons de nous poser quelques jours à Charleston, que nous n’avions pas visitée lors de notre précédent passage, il y a 3 ans et demi. Le système de bus gratuit mis en place par l’Office du tourisme nous permet de découvrir cette ville notée pour la beauté de ses jardins et son architecture.












Charles Town, une simple colonie fondée en 1670 par les anglais en l’honneur de leur roi est devenue au siècle suivant une ville commerciale importante et un grand centre de la Traite des noirs dans les années 1730.





Un demi-siècle plus tôt la région accueillit également, à une vingtaine de kilomètres au nord, le long de la rivière Santee, de nombreux Huguenots chassés par la révocation de l’édit de Nantes. Au fil des ans différentes colonies s’installent dans cette ville où le commerce est florissant.





En avril 1861 Charleston s’est révoltée contre le gouvernement américain suite au bombardement du Fort Sumter, événement qui est un des premiers épisodes violents de la guerre de sécession. Ayant déjà été baignés à St-Augustine par cette page de l’histoire lors de notre visite au Fort Marcos, nous délaissons Fort Sumter.





Par contre nous ne pouvons que saluer le courage des 8 hommes qui ont embarqué dans le H.L. Hunley en 1863, sous-marin à propulsion manuelle uniquement et qui sont allés, armés de torpilles, couler la flotte ennemie qui bloquait l’entrée du port. Il fallait oser monter à bord de cet engin qui est considéré aujourd’hui comme un des pionniers l’histoire sous-marine.













Le 31 août 1886 un autre événement marqua durablement les esprits, un séisme de magnitude 6.5 à 7 détruisit une grande partie de la ville et fit de nombreuses victimes.










Aucune trace de ce passé douloureux à notre époque. Au contraire, de magnifiques parcs où les fontaines font la joie des enfants, nous invitent à la détente tout en appréciant le travail de ferronnerie qui honore cette ville depuis le 18ème siècle.











Dès son plus jeune âge, marteau et enclume en mains, Philip Simmons, a dessiné et forgé de magnifiques œuvres. Il y a consacré sa vie et a été le premier artiste noir à être reconnu et renommé pour son travail de forge. A sa mort à 97 ans, une fondation a été crée afin de préserver son art qui fait aujourd’hui la fierté de Charleston.













Le pionnier de l’histoire des sous-marins oui, mais lorsque nous apprenons qu’à Patriots Point, nous pouvons monter à bord du sous-marin USS Clamagore et du porte-avion USS Yorktown, ni une ni deux nous sautons dans le water-taxi pour nous y rendre.











Le USS Clamagore SS-343, sous-marin à propulsion diesel a officié durant la Deuxième Guerre Mondiale en Méditerranée et en Atlantique. Initialement construit en catégorie « classe Balao », il subit sa première transformation afin d’améliorer ses performances et passer en « classe Guppy II » ; terme utilisé par la Navy pour des bâtiments équipés des dernières technologies. Au début des années 60 le Clamagore est modifié encore une fois pour faire face au progrès. Il passe en « classe Guppy III » et sera le dernier sous-marin à propulsion thermique utilisé avant l’introduction du nucléaire. Actif durant la guerre froide (1947-1989) entre l’Union soviétique et les USA, il sillonnait en 1962, les eaux cubaines. En 1975, fatigué et dépassé par la technologie nucléaire, il prend sa retraite à Philadelphie. Six ans plus tard, il rejoindra Patriots Point Museum et fera la joie de ses visiteurs.









Mais le clou de la journée pour Marvin et Thierry c’est le USS Yorktown (CV-10). Ce porte-avion a débuté sa vie sous le nom de Bon Homme Richard en décembre 1941, il a été rebaptisé suite à la défaite du Yorktown (CV-5) dans la bataille de Midway en juin 1942. En avril 1943 il rejoint la flotte dans le Pacifique participant activement à la défensive américaine. Spécialisé dans les luttes anti sous-marins ce porte-avion a reçu 11 étoiles de bataille dans la Deuxième Guerre Mondiale et 4 dans celle du Vietnam.





Nous débutons notre visite par les ponts inférieurs où les avions sont entreposés,…








…puis découvrons la salle des machines où les mécaniciens recevaient les ordres des ponts supérieurs avec un peu plus de sérieux que ne le fait notre moussaillon. La boulangerie, cuisine, salle d’opération, salle de détente, cordonnerie, prison (ceux qui y ont séjourné trop longtemps se sont retrouvés quelque peu squelettiques) le dentiste, l’infirmerie, coiffeur, les dortoirs, ateliers, etc., une véritable ville flottante qui soutenait les 3'400 officiers et marins nécessaires au maintient et aux opérations des avions de combat.






Il est question maintenant de suivre un briefing, de se rendre sur le pont…





… d’où une fois assermentés, il suffit de prendre en main sa mission et de la mener à bien avec devoir, courage et sacrifice. Boof, très peu pour moi, mais les déserteurs et pacifistes sont vites repérés !







Et ce n’est pas tout car lorsque les américains reproduisent ce genre de scénario, ils en remettent une couche. Nous voilà parachutés en pleine base navale, perdus au Sud du Vietnam.







Vous comprendrez facilement qu’après avoir baigné une journée complète dans cet univers hostile, un petit remontant visuel me fait le plus grand bien.










Nous consacrons la journée suivante à la réparation de notre grand-voile et du génois déchirés avant de ressortir de Charleston pour rejoindre Beaufort (Caroline du Nord) par l’extérieur en contournant le Cap Fear. La mer est belle, un vent de SE nous pousse, la navigation agréable, des dauphins jouent à l’étrave, tout cela nous réconcilie avec la Grande Bleue.





Arrivés à Beaufort (NC) de nuit, nous ancrons en face de la marina et repartons dès l’ouverture du pont le lendemain pour nous arrêter à 4 miles de là, chez Bock Marine. Dans ce chantier nous bénéficions d’une voiture de courtoisie, ce qui rend aisé l’approvisionnement pour la suite de la remontée ainsi que la recherche de nos silent-blocks (coussins qui absorbent les vibrations du moteur).








Ah oui, j’avais oublié de vous mentionner ce détail. Faites un petit retour en arrière de quelques mois et rappelez-vous… ;



Thierry avait entre autres changé, au chantier à Curaçao, les fameux silent-blocks, qui nous ennuyaient depuis un bon bout de temps déjà, l’arbre d’hélice avait également été réaligné avec le moteur. Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à la mise à l’eau du bateau. Là ça a été la grosse déception, le moteur à bas régime, vibrait encore plus qu’avant les travaux !





Cela fait maintenant plus de 6 mois qu’à chaque fois que le moteur est lancé, les nerfs du capitaine sont mis à rude épreuve. Il serre les dents quand il entend l’arbre d’hélice taper dans le tube d’étambot à bas régime. Nous sommes à proximité de Jarret base où la société Covington est installée. Nous connaissons les compétences de cet importateur Volvo et n’hésitons pas à aller le trouver en lui exposant notre soucis qui paraît simple à ses yeux. Les silent-blocks vendus en Martinique ne correspondent pas aux originaux, ils sont trop mous. Je précise tout de même que revendeur martiniquais nous a assuré, numéro de référence à l’appui, que ces silent-blocks étaient ceux qu’il nous fallait.





Un gentil sourire pointe au coin de la bouche de notre interlocuteur, il disparaît un bref instant et revient avec deux manuels de pièces détachées Volvo en mains. Mêmes numéros de référence ; un correspond aux moteurs Z-drive, l’autre pour des moteurs disposant d’un arbre d’hélice. « Voilà le soucis que vous avez nous dit-il on vous a vendu des silent-blocks pour un moteur Z-drive ! ».




Je me passerai donc d’écrire ici le vocabulaire utilisé par Thierry lorsqu’il apprend que pour 680 euros on nous avait vendu en Martinique les fausses pièces. Aucune autre solution que d’en commander des nouveaux. 430 dollars, livraison à 24 heures. Cherchez l’erreur ! 680€ en Martinique pour du matériel stocké qu’il fallait à tout prix vendre contre 430$ aux US pour du matériel adéquat, livraison en un temps recors. C’est simple, il y a les « enfoirés incompétents » qui n’ont strictement rien à faire qu’un plaisancier passe dans le coin, sachant qu’il ne reviendra pas de si tôt pour réclamer et il y a les autres qui prennent la peine d’écouter en s’investissant pour satisfaire le client. Malheureusement la première catégorie est de plus en plus fréquente !




En tout cas nous ne recommandons pas - et nous ne sommes pas les seuls - le dealer Volvo qui a pignon sur le port au Marin. Complètement incompétent et hors de prix. Ce dernier point on le savait déjà, mais lorsqu’il n’y a pas d’autre solution, on essaie de faire confiance. ET BIEN NON définitivement NON, c’est l’importateur à éviter à tout prix.






… on ressort donc écharpes et polaires.








A Oriental, nous prenons la dernière place disponible au petit ponton public, libre d’accès pour 48 heures, ce qui donne l’occasion aux « screux-gneugneux » du Coffee Shop de brandir un carton numérique notant d’un 5 notre amarrage en applaudissant. La note 6 est certainement réservée aux bateaux silencieux, sans le « tap tap tap » d’un arbre d’hélice qui cogne !






Cette petite communauté nous accueille chaleureusement, beaucoup sont intéressés en voyant notre pavillon et le bateau. « D’où venez-vous ? Ah ça, ce n’est pas un bateau de week-end ! Avez-vous traversé l’Atlantique avec un si petit bateau ? Depuis combien de temps naviguez-vous ? Un enfant à bord ? Vie, scolarisation, socialisation, comment faites-vous pour vivre ? Et Cuba c’était comment ? Nous américains, on ne peut pas encore y aller…etc. ».





Les gens défilent, tout au long de la journée. Ceux qui ont vécu une expérience similaire nous la font partager. Nous en faisons rêver d’autres. Laura, en quelques coups de crayon nous offre un dessin de l’étrave de New life qu’elle trouvait intéressante. Jerry et Louise penseront que notre pavillon américain est quelque peu effiloché pour ce Memorial week-end nous en déposeront un nouveau sur la table du cockpit alors que nous sommes allés faire quelques pas. Toute la ville est conviée à un mariage dans l’après-midi, nous sommes également invités à partager les festivités.









La webcam installée par la ville donne l’occasion à Marvin de faire le singe sur un pilier de manière à ce que nos familles suivent nos faits et gestes toutes les 10 min. fréquence à laquelle les photos sont prises.




Quelques originalités que nous découvrons en nous baladant alentours. Bonne idée que de recycler son viel hors-bord en boîte aux lettres, par contre l’architecte qui a construit la petite maison rose doit avoir rencontré des problèmes lors de son calcul de niveau.








Voilà deux jours que nous « papotons », il est temps de céder la place à un autre navigateur afin qu’il profite lui aussi de l’accueil de la charmante communauté d’Oriental.



Belhaven notre prochaine étape pour une nuit. Puis Aligator River où nous ancrons dans un bras de cette rivière Little Aligator où le calme et le silence règnent. Nous lançons un barbecue pour le souper et,…








… une fois la cambuse rangée nous nous installons pour une soirée DVD. Vers 21 heures nous sommes contraints de nous mettre à l’intérieur, l’écran attirant un peu trop de petits insectes. Nous fermons les hublots afin que ces bestioles ne nous suivent pas.



A la fin de ce film de science-fiction où la ville de New York était attaquée par des insectes géants venus d’une autre planète, c’est le cauchemar à bord, nous cherchons partout d’où peut provenir ce bourdonnement continu, le film est pourtant bien terminé. La lueur du briquet pour la dernière cigarette du capitaine nous fait comprendre notre douleur. Nous nageons en plein délire, des milliers d’insectes sont agglutinés dans le cockpit, attirés par les lampes solaires. Je tente une photo, mais la seule lueur du flash me fait immédiatement regretter cette prise de vue. On referme tout et on se planque.









Levée la première le lendemain matin, j’ouvre en sortant avec précaution, espérant que nos visiteurs aient trouvé refuge ailleurs. Oh non ! Le pont en est recouvert, le cockpit noir. Je les ramasse à la ramassoire, mais dès que je les dérange et les passe par dessus bord, ils reviennent en force se collant partout. J’en ai dans les cheveux, sur la peau, ils cherchent à s’infiltrer par les trous de nez, yeux, oreilles. Je me secoue comme un chien, saute à l’intérieur et vais réveiller le capitaine en lui disant qu’il nous faut dégager d’ici au plus vite en lui précisant toutefois, qu’il ne faut en aucun cas gesticuler pour éviter que ce petit monde ne s’énerve. On se croirait en plein Hitchcok.







Même avec le vent, le soleil et nos efforts pour tenter nous en débarrasser, ces bestioles ne partiront que lorsque bon leur semble en nous laissant un pont non plus blanc, mais vert de leurs souillures.





Coinjock, Pungo River, Greatbridge où nous passons le pont et l’écluse en compagnie de quelques oies et d’un gros pousseur.







Arrivés à Norfolk et Portsmouth, paysage industriel et surtout militaire, nous sommes devant la plus grande base navale active de l’Atlantique. C’est bon, j’ai déjà donné à Charleston !













Nous passons la journée à Portsmouth et repartons le soir même pour Deltaville. Le vent est encore SE cette nuit, demain il sera N. On préfère donc parcourir les 45 miles restant de nuit au portant - malgré le gros trafic fluvial de cette partie du Chesapeake - que de jour au moteur avec le vent dans le nez.




En doublant le phare du Wolf Trap, le vent tourne N, nous affalons et continuons au moteur pour les 15 miles qu’il nous reste à parcourir.



A Deltaville, nous retrouvons avec plaisir Liz et Chris de Zulia, Peter et Annette de Two Loose, Gigi et Lulu de Roi Soleil, Sam et Nancy de Reflection etc. Nous faisons la tournée des chantiers Jeff Schroeder ayant quitté celui qu’il tenait ici pour en reprendre un autre à Urbana. Chesapeake Boat Works répond à nos attentes, New Life est mis au sec pour travaux, le balcon avant démonté, le moteur éventré, levé, l’arbre d’hélice sorti, la caisse de légos à l’ombre sous le bateau.











Il fait une chaleur épouvantable ces jours, entre 40° et 42°. En fin de journée un plongeon dans la piscine juste à côté du chantier est le bienvenu pour autant qu’il n’y ait pas d’orage, ce qui est fréquent en cette saison. Il fait pratiquement nuit à 16 heures, la dépression passe apportant son averse - juste pour ennuyer celui qui fait de la peinture ou de l’epoxy - et le soleil revient vingt minutes après comme si de rien n’était.




Changer les silent-blocks, faire les travaux et continuer notre route vers le Canada ou rentrer au pays pour l’été ? C’est une discussion journalière ou bien entendu le capitaine et la pitaine ne sont pas d’accord. Un courriel finit par nous mettre sur la même longueur d’onde, du boulot il y en a en pagaille en Suisse et un ami aurait besoin des services de Thierry pour la réfection de sa toiture.






Je planche donc sur internet pour trouver des billets d’avion qui, une fois réservés, nous laissent quelques jours pour boucler nos bagages, enlever tout ce qui a une prise au vent sur le pont et préparer le bateau pour son long séjour à terre.




Vous l’aurez donc compris, nous sommes donc de retour au pays. Réjouissez-vous cette fois-ci nous ne passons pas en coup de vent, mais nous y restons quatre mois, nous aurons donc bien le temps de vous voir tous.



Avec nos meilleures pensées


Les New Life en balade