vendredi, 19 décembre 2008

Deltaville (inverseur, suite et fin) 20.12.08

Salut à tous,

Mardi 24 novembre nous recevons enfin l’inverseur en retour. Lorsque nous ouvrons le paquet, on n’en croit pas nos yeux, il est en mille pièces, complètement démonté, même ce qui n’était pas nécessaire l’a été.



Il faudra des heures et des heures de remontage pour le nouvel atelier qui s’en occupera. Ce qui nous soucie le plus, c’est que, normalement celui qui démonte une telle mécanique, doit la remonter, il est important que les pièces soient numérotées et remises dans le bon ordre au remontage, afin qu’il n’y ait aucun jeu entre elles. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge.

Cet après-midi même, l’inverseur repart chez Chesapeake Cove à Deltaville, un concessionnaire Volvo entre autres et - à ce qu’il paraît - serait hyper compétent pour la reconstruction d’inverseurs. Le lendemain nous avons déjà des nouvelles ; elles ne sont pas bonnes bien sûr. Le kit de réparation de certaines pièces, les heures de remontage - qui, comme ce n’est pas eux qui l’on démonté va prendre deux ou trois fois plus de temps - représenteraient pratiquement le prix d’un inverseur neuf, cela sans surprise au remontage on s’entend bien. De plus certaines pièces ne seraient pas accessibles sans un outil spécial, qui reste introuvable, même chez les professionnels de la marque, Volvo ne le fournissant pas. Laissez-nous rire ! Thierry le moral sous les talons a vraiment l’impression qu’on se « fou de nous ».

Face à une telle incompétence, nous prenons la décision de commander un inverseur neuf. Le hic c’est de trouver pile poil le même afin d’éviter de changer la flasque à l’arrière du moteur, le tourteau, les accouplements souple et dur, voire l’arbre d’hélice. On nous propose un ZF, qui serait une copie conforme de notre Hurth, puisque que ZF a racheté, il y a bien longtemps de cela, Hurth. On est donc sauvé, quoique…, la démultiplication ne serait pas la même mais on nous assure que cela ne changera rien et que cette démultiplication serait même mieux appropriée à notre bateau. Nous passons donc la commande, il ne nous reste plus qu’à attendre.

Jeudi 26 novembre c’est le fameux Thanksgiving (le jour de l’action de grâce), un jour férié important ici aux USA, dans certaines familles, ce jour est même plus important que Noël. L’origine et la signification de cette fête diffèrent entre les USA et le Canada.

Les toutes premières « Actions de grâce » furent des fêtes de la moisson afin de remercier Dieu pour des récoltes abondantes. Elle ont donc toujours lieu à la fin de l’automne, après la rentrée des récoltes abondantes.

Selon d’autres sources, tout aurait commencé en 1620 quand les pèlerins puritains britanniques embarqués à bord du Mayflower, font escale à Plymouth (Massachussets). L’hiver rude et les difficultés dues aux manques d’installation et de nourriture décimèrent près de la moitié des pèlerins. Au printemps 1621 un indien surnommé Squanto,



et sa tribu visitèrent les nouveaux arrivants et les aidèrent en partageant leur savoir-faire en matière de pêche de chasse et de culture des terres.

Pour leur exprimer, ainsi qu’à Dieu, leur infinie gratitude, un banquet fut organisé à la fin de l’automne. Squanto et 90 autres indiens de la tribu furent conviés à la fête qui dura 3 jours. Deux ans plus tard, un nouveau festin est organisé à Plymouth. Thanksgiving était devenue une coutume qui est à présent fêtée par tous les Etats-Unis. Très vite on oublia l’intention originale et on ne conserva que sa signification religieuse.

Si depuis l’époque des pèlerins évangéliques, l’Action de grâce est, pour les américains, une manière de remercier Dieu de la qualité providentielle du Nouveau Monde et d’une bonne entente avec les populations indigènes, pour quelques groupes amérindiens, ce jour représente la destruction de leur continent et le point de départ des guerres indiennes. En 1676, le gouverneur de Charlestown (Massachusetts) profita même de ce jour pour célébrer une victoire sur les amérindiens. Depuis les années 1970, des manifestations sont organisées en mémoire des indiens natifs.

Quelque soit l’origine et la signification que l’on donne à ce jour, Thanksgiving restera pour les américains, une occasion de se réunir devant un énorme et frugal festin, de le partager en famille ou avec des amis. Quand au repas en lui-même, il est difficile de l’imaginer sans dinde, canneberges ou citrouilles, tous trois originaires d’Amérique, aliments qui étaient présents lors du premier banquet.

Rush (un travailleur du chantier) et son amie Lilly,



nous invitent à partager cette journée en compagnie de Liz et Chris, nos amis canadiens, qui vivent également sur le chantier. Pour ne pas manquer à la tradition, le repas se compose entre autres de dinde, de tarte à la courge, de confiture de canneberge, de patates douces, de purée de pommes-de-terre et comme cela ne suffit pas, il y a également du gratin d’épinards, du jambon au four, de la salade de pâtes aux crevettes, des olives et cornichons sucrés, du beurre de cacahouète et divers pains de mie ainsi que de la tarte aux noix de pécans avec crème fraîche.

Vous en avez une indigestion ?

Il a été difficile de quitter la maison de Rush et Lilly. Oh, rassurez-vous pas à cause de la nourriture mais de partir les mains vides. Trois petites boules de poils de quelques mois, adorables comme tout, tentaient de nous séduire. Quant à Cherokee, elle n’a pas quitté Marvin de la journée.



Le lendemain de Thanksgiving une soupe légère aura permis à nos estomacs de reprendre une taille normale en leur donnant un peu de répit.

Tout fonctionnera au ralenti pour cette fin de semaine, certaines entreprises faisant le pont jusqu’à lundi, aucune chance d’avoir des nouvelles de l’inverseur d’ici-là.

Nous tuons le temps en faisant de belles balades dans les bois ou aux alentours,



malgré le froid, nous allons même jouer sur la plage.




Nous commençons à connaître chaque brin d’herbe de Deltaville ! En tombant sur ce panneau,



nous nous sommes demandés ce qui allait nous arriver en poursuivant notre chemin. Rassurez-vous, nous sommes toujours là et n’avons pas été arrêtés, ni persécutés.

Ce pays est un paradoxe tant par la gentillesse, la disponibilité de certaines personnes, la qualité bonne ou mauvaise de ses services, que par ses interdictions, ses tabous et ses lois.

Comme la météo n’est plus toujours au beau fixe et que les jours de froid et de pluie sont fréquents, nous avons investi dans une nouvelle antenne pour capter les réseaux wifis disponibles tout en restant bien au chaud à l’intérieur et éviter de sortir dans le cockpit avec l’ordinateur. Radio Labs en a une excellente, la RV Marine. OK, pas vraiment bon marché, mais utile, elle capte un réseau à plus de 1,5 miles (3 km).


Nous apprenons, lors d’un téléphone à Martine d’excellentes nouvelles du CNED. Marvin a passé avec succès ses trois premières évaluations. Il doit travailler plus attentivement certains sujets, mais dans l’ensemble ses résultats sont acquis et son travail soigné et réfléchi. C’est un réel soulagement car je me faisais un sang d’encre.

Prendre en charge la scolarité de son enfant ce n’est pas une mince affaire c’est vrai. Il faut tenter de trouver un équilibre entre le rôle de maman et celui de la maîtresse, surtout lorsque l’enfant sait sur quelles ficelles tirer lorsqu’il veut faire céder l’une ou l’autre. Au vu du programme, je dois avouer qu’au début j’ai quelque peu paniqué en me demandant où et comment allait-on trouver 25 heures par semaine pour le suivre, allier la vie à bord et la navigation. Ce n’est pas comme si l’enfant se rend tous les matins à l’école, qu’une personne extérieure s’occupe de sa scolarité vous laissant une matinée entière pour les activités du bord. Non, non, non, il est là et bien là et ne demande qu’un moment d’inattention de la « maîtresse en herbe » pour en tirer profit.

Nous commençons tout de même à trouver un rythme malgré des jours meilleurs que d’autres. Nous survolons certains sujets dans les livres et tentons de les lui faire acquérir autrement qu’assis derrière ses cahiers. De cette manière Marvin n’a pas l’impression d’être à l’école et ça nous laisse un peu plus de liberté. Il est peut-être aussi plus facile en ce moment de tenir le rythme vu notre « sédentarité temporaire » à Deltaville ! On verra ce qu’il adviendra lorsque nous serons dans de beaux lagons aux eaux turquoises, sous un soleil de plomb.

Il faut que je vous parle aussi de mes péripéties pour tenter de changer des euros ou des francs suisses en dollars. Oh ça va très être court rassurez-vous : C’est impossible ! Eh oui, j’ai fait 6 banques différentes entre Deltaville, Gloucester et Kilmarnock. A chaque fois, la même réponse, il faut être client de la banque et ça va prendre une semaine pour les aller/retour car l’argent étranger doit être envoyé dans une autre succursale pour vérification, il pourrait s’agir de faux. Entre nous soi-dit, la monnaie la plus contrefaite dans le monde est bien le dollar !

Ah ! Il y a autre chose que des dollars sur terre ? J’avais l’impression de descendre d’une autre planète avec mon argent. - Qu’à cela ne tienne ouvrez-moi un compte, puisqu’il faut être client pour l’opération de change, ensuite je le refermerai et le tour sera joué.. Ça paraît simple, non ? Eh eh, nous sommes aux Etats-Unis….Impossible également, nous devons prendre des renseignements à votre sujet, le compte doit rester ouvert trois mois minimum et vous devez être présente pour le boucler, sans compter les frais que cela occasionnerait. Bref, j’ai laissé tomber. VIVE L’AMERIQUE !

Sur ce, notre nouvel inverseur arrive.
Vous savez quoi ? Ce n’est pas le même. Y a des jours meilleurs !

L’accouplement (le tourteau) que nous avons est femelle, celui de l’inverseur doit être mâle (comme notre ancien), afin que l’harmonie du couple soit respectée et que les deux pièces s’emboîtent correctement. Eh bien la sortie du nouvel inverseur est femelle. Oh, nous sommes larges d’esprit, nous comprenons ce genre d’accouplement, mais en mécanique, ça ne fonctionne pas comme ça ! En plus les trous de fixation sont décalés de 2,5 mm.

Au point où nous en sommes, nous allons changer l’accouplement.
Ça en devient désolant !

Il faudra 4 jours pour que l’accouplement souple arrive. Quant au dur, il nous faut encore attendre, ça va prendre du temps, il faut le fabriquer. Ça n’existe pas sur le marché avec le bon diamètre !

Je sais, je sais, vous croyez que je rallonge mon histoire pour vous donner quelque chose à lire durant vos longues soirées d’hiver. Eh bien non c’est la pure vérité, je l’abrège même.

Une fois cette pièce en possession de Schroeder, il faudra qu’elle passe entre les mains d’un autre atelier, afin d’y introduire la clavette et tourner le tourteau au diamètre de notre arbre d’hélice qui est de 25 mm. Le premier atelier qui confectionne la pièce complète n’est pas capable d’y introduire cette clavette et ne sait ou ne peut pas tourner du métrique.

Métrique ? Vous avez dit métrique ? Quel est ce mot, d’où est-ce que ça vient ?
Vous pensez que nous allons au devant de problèmes ?

Thierry regrette de ne pas avoir son tour mécanique et son atelier sous la main. Le problème serait réglé depuis longtemps. Les professionnels et les bricoleurs de chez nous jugeront aisément des compétences des professionnels américains !

On est ici depuis fin octobre. On peut dire que les jours passent mais ne se ressemblent guère, que ce soit côté météo où l’on passe de températures descendant en dessous de zéro à des températures estivales comme il y a quatre jours où l’on se promenait en T-shirt.

Côté mécanique, je vous en ai suffisamment parlé. Liz, Red et Frédy du bateau Shiver sont de retour à bord. Ça n’a pas duré plus d’une minute pour que Marvin et Frédy se retrouvent et fassent à nouveaux les « folos ». Ils partent demain, mais nous tenterons de les retrouver plus bas afin de passer Noël ensemble pour autant que New Life puisse continuer à temps.



Depuis le 1er décembre, New Life est décoré,
notre moussaillon ouvre ses calendriers de l’Avent. Dans l’un une petite surprise pour chaque jour, dans l’autre il redécouvre des images qu’il avait dessinées lors d’un bricolage. Il attend le Père Noël avec impatience en se demandant par où il pourra bien passer pour déposer ses cadeaux, notre cheminée étant bien trop étroite pour le laisser descendre.



Mercredi 17 décembre, le nouveau tourteau arrive, il repart directement à l’atelier mécanique pour que le tourneur le fraise au diamètre de l’arbre, soit 25 mm en faisant la rainure pour la clavette.

Jeudi 18 dans l’après-midi, le tourneur ramène le tourteau, il se perd dans ses explications quant aux problèmes rencontrés pour l’usiner correctement. Il précise qu’il faudra recourir au marteau pour le mettre en place, il sera serré sur l’arbre. Ça promet !

Thierry et Bobby ne perdent pas de temps, ils fixent le tourteau, mais comme il est différent de l’original, l’arbre d’hélice se trouve trop court de 4 cm, impossible donc de le raccorder à l’inverseur. Pour couronner le tout, boulons et écrous de serrage ne correspondent pas aux filetages. Nous trouvons les fournisseurs parfaits. Par vous ?

Afin d’éviter de prolonger notre séjour à Deltaville, il faut trouver le moyen maintenant de ne pas changer l’arbre. La rage passée, Thierry a la solution, comme à chaque fois. On pourrait gagner ces 4 cm en enlevant l’anode d’arbre d’hélice, posée cet été lors du carénage. Pour ce faire, il faut ressortir New Life. Une fois le bateau hors de l’eau, l’anode ôtée ils peuvent avancer l’arbre pour l’assemblage et aligner le tout. Ça y est enfin !
Les essais sont programmés au lendemain.

Vendredi 19, nous attendons avec impatience la marée de l’après-midi pour faire les essais. Depuis ce matin, il pleut à verse, nous sortons tout de même, il faut qu’on soit fixé, un front doit passer en fin de journée et samedi avec des rafales de vent à 25/30 nœuds. Bobby nous accompagne pour cette sortie. Le moteur est lancé à différentes vitesses, l’inverseur ne siffle pas, ne patine plus, il fonctionne correctement et comme par enchantement le soleil pointe son nez, juste cinq minutes, en signe de VICTOIRE.

Nous retournons au port tout sourire, reste maintenant à régler la douloureuse. Quel beau cadeau de Noël ! En détaillant la note, je constate que la place d’amarrage du bateau, depuis le 30 octobre, n’a pas été facturée, je questionne Jeff à ce sujet, qui me dit que nous avons eu assez d’ennuis et de contretemps, du fait qu’on leur ait donné du boulot, il ne nous la facture pas. Vous en connaissez beaucoup des chantiers qui feraient ça ? Merci encore une fois au chantier Schroeder que je ne peux que recommander à ceux qui passeront dans le coin.

Avec nos meilleures pensées.
Les New Life en balade

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