samedi, 6 juin 2009

des BVI à Saint-Martin (SXM), le 6 juin 2009

Salut à tous,

Départ donc des BVI ce lundi 18 mai avec des vents annoncés NE, virant SE dans la soirée et pour la journée de mardi. On devrait rallier Saint-Martin, distant de 80 miles, en quelques bords.

Pour commencer nous tirons un bord au 150° pratiquement jusqu’à la hauteur de Saba pensant trouver des vents virant au SE pour remonter sur St-Martin (SXM) sur un seul autre grand bord. Que néni…. les vents ne virant pas, nous tirons donc un autre bord au 30° jusqu’à la hauteur de l’île de Sombrero, ou presque. Puis nous virons encore une fois et suivons une course au 150° jusqu’à une vingtaine de miles d’Anguilla, puis le capitaine veut virer encore une fois, moi, je pète un câble en lui demandant s’il veut continuer ses va-et-vient encore longtemps. On est parti lundi matin pour 80 miles, il est mercredi matin, on a parcouru 150 miles et on n’est toujours pas à destination. Je sais, je sais c’est la vie en bateau, mais là on ne gagne pratiquement plus de terrain, alors pourquoi insister. Du coup on plante le moteur et on dirige l’étrave de New Life directement sur SXM, avec des vents n’ayant toujours pas tournés, donc dans le nez ! Bref on y arrive enfin mercredi à 13h30 après avoir parcourus environs 168 miles ! Nous constaterons à nos dépens que les vents SE tant attendus n’arriveront que 24heures après notre arrivée, les prévisions étaient donc justes pour une fois, mais pas au bon moment !

Nous ancrons dans la baie de Marigot et allons faire nos formalités d’entrée qui sont, d’un flou total, quant au paiement de la taxe due. Plusieurs de nos amis nous avaient avertis qu’il y avait une grosse polémique quant au bien-fondé de cette taxe dans la baie de Marigot en précisant que le lagon intérieur, était gratuit. Suivant leurs conseils, nous refusons d’acquitter, cette soi-disant taxe de mouillage, sous l’œil contrarié de l’officier du port qui est toutefois incapable de nous fournir la preuve écrite qu’elle est due, malgré ses dires oraux, tenant ses instructions directement de la Préfecture, etc.

Je lui poli le poil en lui promettant de nous rendre dans le lagon, à la prochaine ouverture du pont sachant pertinemment qu’on ne bougera pas le bateau. En effet, dans le lagon, l’eau y est sale, les moustiques attaquent dès la tombée de la nuit, quelques hauts-fonds ne nous laissent pas suffisamment d’eau pour éviter correctement en cas de vent tournant. Nous n’avons donc aucune envie d’aller nous y planter. L’officier quelque peu énervé par notre « résistance », nous promet un contrôle des autorités. Faites donc messieurs !



Sur le chemin du retour, nous consultons d’autres bateaux amarrés dans la baie de Marigot. Tous confirment la polémique en cours en nous disant que nous avons bien fait de refuser et précisent qu’ici pratiquement tout le monde agit de la sorte lorsqu’ils sont au courant de la politique locale.

Une fois passées ces tracasseries administratives, nous pouvons nous relaxer, sauter par-dessus bord pour une baignade bien méritée dans la baie qui, contrairement au lagon, nous offre une eau turquoise. Nous appelons ensuite Anita et Jean-Claude, amis que nous avions quitté au Portugal en 2004. Un souci d’adresses électroniques nous avait fait perdre le contact durant un an ou deux. Anita, toujours perspicace, avait lancé un avis de recherche nous concernant sur STW (Sail The World) et appelé Martine (sœur de Thierry) en Suisse pour retrouver notre trace. A nouveau en contact, nous avions appris qu’ils s’étaient installés à SXM. Quoi de plus normal donc de s’y retrouver en partageant un verre ce soir.

Un peu plus tard, une annexe nous aborde,…on n’en croit pas nos yeux… : Paty, Olivier et Joy, nos amis suisses qui avaient construits eux aussi sur les rives lémaniques Iron, leur « enclume en acier » débarquent. Nous sommes partis à quelques mois d’intervalle, il y a 7 ans, mais nous ne nous sommes jamais vus sur l’eau, nos destinations n’étant pas les mêmes. Joy et Marvin sont de la même année, ils ont trois semaines de différence. Quelle joie de les revoir ici, alors qu’on les croyait à Ste-Lucie.

La bonne humeur est de la partie pour ces retrouvailles. En plus nous apprenons qu’une bonne partie de l’équipe qui était à Port Camargue lors de nos départs sont également là, certains prêts pour la transat retour via les Açores, d’autres installés ici.



Quant à notre ami Patrick, qui s’était occupé de notre gréement en Suisse, nous apprenons qu’il est en ce moment en France, ne revenant que fin juin. Malheureusement, nous ne serons plus dans les parages à cette date, voulant continuer notre descente vers le sud. La saison cyclonique débute le 15 mai officiellement, ici le 1er juin, nous ne voulons donc pas trop trainer, New Life étant prêt en permanence à faire feu en cas de dégradation de la météo.

Le lendemain, après les supers retrouvailles de la veille, nous faisons un saut au supermarché US Import. Là c’est l’euphorie, des fromages français, du saucisson sec, du pâté de campagne, des cornichons que l’on peut enfin appeler cornichons et qui ne sont pas sucrés, de la baguette et un coup de rouge. Non non, c’est trop à la fois ! Lorsque nous arrêtons au rayon charcuterie pour passer commande, Marvin « bave » tellement devant l’étalage que la vendeuse - qui se demande de quelle planète nous débarquons - lui coupe deux tranches de saucissons sec, à consommer de suite. Inutile de préciser que le repas de midi est avalé avec plus d’une heure d’avance !



Dans l’après-midi, nous retrouvons les Margotons à terre pour la glace des enfants. Joy et Marvin ne se lâcheront pas d’une semelle,…



… au retour nous embarquons, Alexandre, un petit gars du même âge sur un autre bateau, pour une baignade de santé à l’arrière d’Iron.



En fin de journée, rendez-vous chez Anita et Jean-Claude, qui sont installés dans un petit coin douillet au bord de la plage avec vue sur le mouillage. Jean-Claude a sorti le Pastis en guise de bienvenue, Anita nous a cuisiné un succulent colombo, histoire de nous mettre au diapason avec les saveurs locales. Les enfants ? ils ont été gavés - avec le concours de Jean-Claude – de crème chantilly pour le dessert.



Dans les rues de Marigot ça bouge, ça circule, ça grouille, les terrasses nous invitent à nous arrêter devant un verre, tout le monde discute avec son voisin échangeant les derniers potins. On a l’impression de faire partie du décor alors qu’il n’y a que deux jours que nous sommes là. C’est incroyable, ça vit on en avait presque perdu l’habitude aux USA !

L’île est multiraciale, chacun se côtoie, travaille ensemble, s’accepte, malgré de gros soucis de délinquance grandissant jour après jour. Les agressions se multiplient apparemment, surtout le soir, dans Marigot vaut mieux garder un œil, même de jour et ne pas se balader, appareil de photo en mains comme je viens de le faire. Ce conseil me vient d’un commerçant pakistanais à qui j’achète une bricole. A mieux regarder, on croise en effet, en ville beaucoup de policiers armés, chiens muselés, en patrouille, afin de dissuader quiconque ayant des idées rebelles. Cette recrudescence d’agressions, de délinquance, il y en a un peu partout dans le monde à l’heure actuelle, alors on ne va pas en faire une fixation.

Sur une terrasse au bord de l’eau, nous retrouvons toute l’équipe.



* * * *


Revenons un peu en arrière, sur l’histoire du peuplement de SXM. Bien avant l’arrivée de Christophe Colomb dans les îles des caraïbes, le plus ancien peuplement humain de SXM a été découvert à l’Etant Rouge, aux Terres Basses où vivaient des groupes de chasseurs, pêcheurs et cueilleurs qui se nourrissaient essentiellement de coquillages. Ces premiers occupants sont relayés par deux nouveaux groupes de cultures, les indiens Saladoïdes : les Arawaks (Huecans et les Cédrosans). Les Huecans reconnus par leurs céramiques constituées de poterie non peintes, décorées par des incisions hachurées et lignes courbes étaient des terriens et vivaient d’agriculture. Pour les Cédrosans, leurs céramiques peintes en blanc et rouge étaient plus raffinées et comportaient des anses. Ce peuple paisible a sans doute émigré de l’Amérique du Sud, de la région du delta de l’Orénoque, du Vénézuéla.

Bien des années plus tard, 1493-1648, les espagnols rapportent que l’île était déserte à leur arrivée mais qu’elle était le refuge de nombreux pirates Anglais, Hollandais, Irlandais et Français qui croisaient dans la mer Caraïbe. Christophe Colomb quant à lui n’a foulé le sol de SXM que lors de son deuxième voyage en 1493. Le peuplement espagnol ne dura que dix ans (1638-1648), ensuite ils l’abandonnèrent. SXM restait donc occupée par les Français et les Hollandais que se la partagèrent le 23 mars 1648 par la signature du Traité de Partage. Malgré la signature de ce traité, SXM était convoitée, de part et d’autre – tout comme les îles alentours - les guerres se succédèrent donc jusqu’en 1764, opposant toujours les mêmes colonisateurs : anglais, français, hollandais et espagnols.

Une fois le calme revenu et l’appartenance de SXM établie, chacun développa ses cultures, sel, coton, indigo, sucre, tabac. La canne à sucre avait plus de succès côté français, en 1784 on comptait 23 sucreries, ainsi que 22 jardins d’indigo. Le sel lui était plutôt côté hollandais. Les premiers habitants Amérindiens avait déjà surnommé SXM : Soualiga la « Terre de sel ». Les hollandais étaient essentiellement attirés par cette île du sel pour leur industrie du hareng. Le sel était utilisé dans l’industrie du beurre, du fromage et pour saler les vivres lors des longues traversées en mer. L’île contenait 3 grandes salines capables de produire 400 chargements de navire de sel par an. Le plus grand marais salant fut situé dans la Grande saline de Great Bay (Philisburg) et les premiers colons hollandais s’y établirent pour ramasser le sel pendant 2 ans de 1631 à 1633 le sel était très demandé en Hollande et en 1631 plus de 90 navires y chargèrent du sel. Lorsque les colons français ont remarqué l’abondance des expéditions de sel côté hollandais, ils ont eux aussi regroupé et envoyé, par Great Bay, leurs productions de tabac, de sucre et d’indigo. Toutes ces exploitations dépendaient exclusivement des besoins des pays coloniaux européens.

L’histoire de cette île continue bien entendu avec l’esclavage, son abolition en 1848, son peuplement par différentes nations y trouvant une terre d’accueil et d’avenir jusqu’à en devenir l’actuelle St-Martin, qui vit essentiellement du tourisme que ce soit côté français ou hollandais.


* * * *


Nous pouvons partir à la découverte de l’intérieur de l’île grâce à Anita et à Jean-Claude qui nous laissent une voiture pour le week-end.




En passant par l’aéroport de Juliana (côté hollandais), nous sommes impressionnés par la proximité plage - piste d’atterrissage !



Pour le fun ou pour s’emplir les poumons de kérosène, certains s’accrochent au grillage afin de vivre en direct un « décollage » quelconque !



Pour le midi, nous nous arrêtons sur la plage du Galion afin que les enfants profitent d’une bonne baignade avant le repas.



Nous reprenons la route en nous retrouvant, sans nous en rendre compte, sur la côte Nord de l’île. Il faut dire qu’avec ses 55km2 (côté français) et 38km2 (côté hollandais) on a vite fait le tour. A Grand-Case (côté français), il y a également un aéroport, plus petit, mais avec la même proximité puisque les avions cette fois-ci font du rase motte avec les toitures. L’ambiance « gros village » et la bonhommie des Saint-Martinois nous plaît bien. Sur le chemin du retour nous prenons la décision d’y revenir avec les bateaux.

Cet ancien moulin à sel, nous rappelle les vestiges d’un passé pas si lointain que ça.



Joy et Marvin ne se quittent plus. Ce soir la puce, plus gaillarde que notre moussaillon décide de dormir sur New Life. On débarrasse l’espace jeux de la cabine avant et on les installe bien confortablement pour leur première nuit en « amoureux ».



C’est côte-à-côte qu’Iron et New Life rejoindront Grand-Case le lendemain.



Après l’école - c’est la dernière ligne droite, les dernières évaluations avant les vacances d’été - nous partons en exploration sous-marine au Rocher créole qui est une réserve sous-marine très populaire. Des bouées sont mises à disposition afin d’éviter d’endommager les fonds et le corail en fleur. Il nous faut garder un œil attentif sur les enfants qui, sans se soucier des scooters ou annexes qui passent, s’en vont à gauche et à droite, nageant au-dessus des bulles des plongeurs pour les éclater.



De retour au bateau, Thierry sort le matériel de plongée pour changer l’anode en bout de l’arbre d’hélice. Comme il lui reste de l’air dans la bouteille après son travail, il propose d’emmener Marvin avec lui sur le deuxième détendeur, jusqu’au pied de l’échelle, afin qu’il ait la sensation d’être sous l’eau tout en pouvant respirer tranquillement. Notre bonhomme, attentif à nos explications trouve ça génial et ne veut plus s’arrêter. Il est encore trop tôt pour le prendre en plongée bouteille avec nous, les poumons d’un enfant n’étant pas complètement formés avant l’âge de dix ans, nous pouvons toutefois commencer à l’habituer au matériel sur des profondeurs d’un ou deux mètres, afin qu’il soit à l’aise le moment venu.

Les petits lolos de Grand-Case nous tendent la main. Les ribs à 4$ et la cuisse de poulet à 2$ ne vont pas nous ruiner, alors que demander de plus. Anita et Jean-Claude montent de Marigot et se joignent à nous pour une soirée où la « déconne » est à l’honneur.



Nous sommes déjà le 4 juin, si nous voulons visiter d’autres îles sur la descente, il faut envisager de bouger. Nous retournons donc sur Marigot pour refaire un avitaillement, la lessive et poster les évaluations CNED qui sont enfin terminées. Paty se rend à la poste avec ces dernières, pour une opération simple au départ puisqu’il s’agit d’un envoi de Saint-Martin (côté français) en France. Opération qui devient vite au cauchemar.

Arrivée devant le guichet après plus de 2 heures de queue, on lui dit qu’il est impossible de poster ces plis sans avoir une adresse à SXM. Les enveloppes bullées ne peuvent pas partir comme courrier normal, mais doivent être envoyées comme colis, avec une déclaration de douane. OK, Paty indique donc qu’il s’agit d’évaluations scolaires pour nos enfants, qu’une cassette pour les exercices oraux est jointe à l’enveloppe précisant que le CNED est un organisme scolaire français, qu’un envoi « France (SXM) »-France ne devrait poser aucun problème. Rien n’y fait, l’employée postale ne veut rien savoir, ni expédier les enveloppes sans une adresse sur SXM. Cette dernière mentionne que nous sommes des SDF puisque vivant sur un bateau, étrangers de surcroît et de passage. En plus dit-t-elle, la poste et le CNED sont des organismes français, fait pour des français et non pour des étrangers. Bref c’est un dialogue de sourd ou des propos racistes ; je vous laisse juge.

Paty, après avoir tout tenté, sort de la poste, à bout de nerfs, elle se rend à la capitainerie du port en expliquant son problème, leur demandant l’autorisation d’utiliser leur adresse pour l’envoi. Aucun souci de ce côté-là. Elle retourne gaillardement à la poste, refusant cette fois-ci de refaire deux heures de queue. La directrice de la poste la prend dans un bureau à part et lui dit que c’est vraiment à titre exceptionnel qu’elle accepte les plis. Qui plus est sa signature sur la déclaration de douane faite pour l’envoi Echenard est totalement illégale, mais qu’elle enverra quand même les colis ! Je n’avais jamais entendu une chose pareille, heureusement qu’il y a des postes moins compliquées dans le monde.

Une fois nos préparatifs terminés, nous sommes prêts à faire feu, sauf que la météo veut nous garder encore un peu à SXM. Les alizés sont forts, un grand risque d’orage est annoncé pour cette fin de semaine. Lundi ou mardi devraient être meilleurs, alors attendons. Les enfants quant à eux sont des plus heureux puisque nous allons faire un bout de chemin avec Iron.

En attendant, puisque le temps est tristounet, nous grimpons au Fort Louis, édifié en 1789 pour la protection de la ville.



De là, nous bénéficions d’une vue imprenable sur Marigot, le mouillage de la baie et le lagon intérieur s’étendant jusqu’à la partie hollandaise.



Les papas, à leur manière, font revivre les exploits de l’époque à Joy et à Marvin qui avalent leurs récits avec le plus grand intérêt.



Sur le chemin du retour, nous retrouvons juste une plaque indiquant qu’il y avait là ce magnifique four à pain qui alimentait toute la garnison du fort et qui a été détruit au profit de la nouvelle Préfecture de police. Dommage !



Voilà pour ce qui est de notre séjour à SXM, nous allons quitter la joyeuse compagnie d’Anita et Jean-Claude à regret, mais la vie en va ainsi et qui sait, le monde est vaste, les plans fait pour être changés et comme on dit chez nous : il n’y a que les montagnes qui ne se retrouvent pas.



Avec nos meilleures pensées
Les New Life en balade

2 commentaires:

Anonyme a dit…

et alors... le Canada ??? Enfin tout va bien pour vous c'est super!
Bisous, agla et JP

Anonyme a dit…

Super ces retrouvailles ! Ils sont chou x vos deux moussaillons !
Big bisou à vous tous !
Michèle et Jacky