samedi, 26 mars 2011

Sculpture de Chopin + trajet Curaçao/Cuba (déc.2010)

Salut à tous,


L’avantage avec internet c’est qu’on peut faire marche arrière toute. Maintenant que les choses se sont un peu calmées côté recherches nous concernant, que la majorité d’entre-vous est rassurée sur notre sort, revenons donc au point de départ pour le trajet Curaçao – Cuba en décembre dernier. Ensuite vous pourrez suivre par épisodes notre aventure cubaine.



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Une fois notre ami Jean-Michel rentré au pays, nous terminons quelques bricoles à Curaçao et préparons le bateau pour un départ imminent vers la Jamaïque et Cuba où en janvier nous accueillerons ma maman (grand-maman bricole) pour ses vacances.



Ca c’est le trajet souhaité, mais comme de bien entendu nos projets sont soumis aux caprices de Dame météo, nous ne pouvons pas partir à la fin novembre comme prévu. Des vents soutenus N/NE à 20/25 nœuds (pile poil dans le nez) et une mer forte nous empêchent de faire route. Nous avons encore du temps devant nous et attendons donc la bonne fenêtre météo. On en reparlera plus tard de cette bonne fenêtre météo !



En attendant nos amis polonais Patricja et Mik demandent à Thierry de les assister dans le sauvetage de la tête de Chopin. Une sculpture réalisée en terre glaise par Jolanta Pawlak, artiste polonaise reconnue, qui disposait d’un modèle vivant unique : Mik – aux traits et lignes de visage particulièrement proches de ceux de Chopin. Cette oeuvre servira de moule pour réaliser par la suite un bronze du musicien.





Jolanta qui devait s’absenter pour quelques semaines de Curaçao a confié ce premier projet à nos amis afin qu’ils en prennent soin. Chaque semaine donc ils vont l’humidifier pour éviter que la terre ne sèche ou que le moule ne se dégrade. Mais le séjour de Jolanta se prolonge et elle leur demande d’envoyer la sculpture aux Etats-Unis.



Oui mais,…. il est impossible d’expédier la tête telle quelle. Une œuvre en terre ne survivrait pas au transport se brisant en mille pièces inutilisables. De plus la douane ne la laisserait jamais passer ne sachant ce qu’elle contient à l’intérieur, son poids est le troisième facteur qui ne permet pas un simple transport.



L’idée est donc de réaliser un autre moule de la tête, mais en époxy – d’où l’intervention nécessaire de Thierry – de l’envoyer ensuite en plusieurs parties aux Etats-Unis, pour que Jolanta puisse reconstituer à nouveau son œuvre sur la base de traits originaux. C’est un sacré chalenge. Pat, Mik et Thierry relèvent le défit.





Il est toutefois impossible de fibrer directement sur la terre. Patricja se renseigne auprès de l’artiste qui lui fait parvenir une gomme caoutchouc (espèce de pâte à modeler) qu’elle va appliquer comme première peau et sauver ainsi les détails,…





… ensuite l’époxy enveloppera cette pâte pour la maintenir en place, évitant qu’elle ne se déforme.





Une fois sec ce projet sera démoulé et les parties (4) pourront être envoyées sans risque de se briser ou de se déformer en route. Jolanta pourra ainsi travailler à nouveau la tête de Chopin qui suivra encore bien des procédés avant d’être coulée en bronze pour l’œuvre finale.







Ca paraît simple sur le papier, mais sauver cette sculpture était loin d’être une mince affaire. Maintenant que l’intervention du trio Pat, Mik et Thierry est terminée, je ne peux vous en dire plus pour l’instant, mais j’y reviendrai à Chopin car une fois le moule aux US, Jolanta ne manquera pas de nous en dire plus.



Nous gardons toujours un œil sur la météo qui semble clémente pour la fin de la semaine à venir. Mettons donc toutes les chances de notre côté, faisons les derniers achats en produits frais au marché vénézuélien de Willemstad, …







...faisons notre sortie, douane, immigration au cas où cette fenêtre météo se maintiendrait. Un dernier Happy Hours pour dire au revoir aux amis et ça y est, nous quittons Spanish Water, avec un programme légèrement modifié puisque nous ne nous arrêterons plus en Jamaïque – faute de temps – mais ferons route directe sur Cuba en espérant y arriver avant Noël afin que le Père Noël puisse passer à bord.





640 miles au compteur. La météo annoncée pour les deux premiers jours : vent de 15 à 20 nœuds ENE - par le travers en ce qui nous concerne - une mer de 2 à 3 pieds, puis pour le week-end les conditions devraient être encore plus calmes, le vent tombe à 10/15 nœuds et la mer s’aplatit. Lundi et mardi, un peu plus musclé avec une mer de 4/6 pieds et un vent toujours ENE 20/25 nœuds. Cette fenêtre est inespérée.





C’est parti donc ! Le 15 décembre à 10:30 avec un ultime appel général en VHF pour un dernier bye-bye à toute la communauté de Spanish Water. Une averse salue notre départ. Première étape Piscadera à quelques miles pour caréner - dans de l’eau plus claire - la coque et l’hélice du bateau. Le temps que Thierry prépare le matériel, je saute dans l’annexe et me rend au centre de plongée à l’entrée de la baie pour un petit coup de gonflette dans nos bouteilles qui sont vides.



Oui mais…. Impossible de les remplir avant le lendemain. Qu’à cela ne tienne :


- Puis-je louer une bouteille du club pour 2 heures maxi ?

Non, non, il me faut votre licence.

- J’ai effectivement une licence, mais elle est au bateau. Je vous la ramène quand je vous retourne la bouteille.

Il vous faut plonger dans le cadre du club.

- Non, ce n’est pas une plongée d’agrément et admirer les petits poissons, c’est pour caréner.

Il faut qu’un moniteur du club soit présent,

- Je suis moniteur de plongée.

Qui va plonger ?

- Mon mari… merde j’ai parlé trop vite.

Ah dans ce cas, il faut qu’il se présente avec sa licence.

- OK, pardon je plonge, mon mari m’assistera.

Il faut remplir des formulaires complets, y compris sur votre état de santé et faire un dépôt avec votre carte de crédit.

- Elle est au bateau.

Je change de ton car ça commence à me gonfler, c’est le cas de le dire !

- Ecoutez tout est à bord, nous sommes ancrés dans la baie plus haut. Nous avons un souci de moteur (prétexte bidon), nous sommes en route pour Cuba, il me faut juste une bouteille que je vous ramène dans 1 ou 2 h. pour tenter une réparation. Je n’ai rien besoin d’autr que d'une boutteille pleine, le reste du matériel est à bord avec ma licence de plongée, je paie cash et c’est terminé.

- Ca vous va comme ça ?

Nous ferons une exception puisque vous avez un problème mécanique. »



Je vous jure il y a des fois où il faut savoir faire le poing dans sa poche. En retournant au bateau le moteur de l’annexe fait un « caca nerveux » et s’arrête tout bonnement. Le vent se lève et un énorme grain tombe. Je peste et rame tant bien que mal jusqu’au ponton du club. Il en tombe tellement que l’annexe est à moitié pleine d’eau en un rien de temps, bien entendu je n’ai pas d’écope. J’enrage, tire sur la corde de démarrage, bidouille le starter, l’ouverture de l’essence, l’évent, finalement le moteur repart sous l’œil hagard de trois gars restés sur le ponton les bras croisés.


" SVP Thierry ne pose aucune question, plonge, carène, on discutera après. Là je suis, comment dire ? Un peu énervéeIl faut ramener la bouteille dans une heure à peine ! »



Vu ma tête le capitaine n’insiste pas. Marvin quand à lui me tend un linge et me dit qu’il va chauffer de l’eau pour un thé. Je suis frigorifiée. Avec la pluie qui tombe, Thierry peut juste terminer le nettoyage de la coque avant que l’eau ne tourne couleur chocolat, sans plus aucune visibilité.



Je ramène la bouteille au club, prenant avec moi cette fois-ci carte de crédit, licence de plongée, carte d’assurance, papier du bateau, passeport, etc. La même personne derrière le guichet me dit :



C’est OK, je n’ai pas besoin de tout cela, il n’est même pas nécessaire de payer la location, je déchire les formulaires que vous avez précédemment remplis, c’est tout bon ! »


-Aurait-elle vu ou senti mon humeur ! Merci quand même.



On peut maintenant quitter Curaçao, il est presque 18 heures. Une fois hors de la baie nous hissons les voiles, nous laissant filer à 3,5 nœuds sous génois et grand-voile. Je prépare le souper, la tension retombe, on est loin.



La nuit est agréable malgré les grains qui passent avec leurs rafales. Le lendemain par contre c’est changement de programme nous ne bénéficions plus de la protection de l’île et la houle se fait sentir. Le vent est monté à 20/25 nœuds, la mer s’est creusée, 2,5 à 3 m. Cap au 330° avec ris dans la grand-voile et demi génois, on avance à 4.9 nœuds. La navigation, les quarts s’organisent on en a pour quelques jours jusqu’à Cuba de toute façon.




La fameuse fenêtre météo annoncée plus haut et tant attendue…. Eh bien elle n’a jamais existé ! Nous avons navigué en permanence dans une machine à laver à 20/25 nœuds, 30 sous grains, avec une mer houleuse venant par le travers de 2.50 à 3m, inondant tout sur son passage. Une de ces vagues vicieuses a même eu le culot de visiter l’intérieur de New Life en s’introduisant par la descente du cockpit. Nous n’avons rien pu faire pour l’éviter, tant elle nous a surpris. Il ne me reste plus qu’une chose à faire, éponger les paquets d’eau de mer dans un premier temps et à notre arrivée rincer tout à l’eau douce. Une traversée musclée donc.



Au matin du 19 décembre, nous sommes sous le vent de la République Dominicaine, protégés de la houle, la navigation est plus agréable, nous affalons la grand-voile, sommes sous génois seul, vent arrière, cap au 300° le bateau avance à 4.2 nœuds, quelques globicéphales nous saluent, nous pouvons reprendre un peu d’école car ces derniers jours c’était tout simplement impossible.



Je profite aussi de ce moment d’accalmie pour remettre un peu d’ordre dans le bateau. Au début d’après-midi le vent tombe complètement, mais l’horizon se charge, nous savons tous ce que cela veut dire. À 16H00 nous prenons un coup d’Ouest avec un gros grain qui nous pousse à l’Est. Cela n’arrange pas nos affaires. Nous sommes maintenant sous trinquette appuyant au moteur afin d’éviter trop de dérive. Quelques heures plus tard le vent tombe complètement, il reste la mer et ses résidus de houle.



Le 20, on fait joujou avec le vent qui décidemment aime les parties à cache-cache. Coucou je suis là, coucou je disparais. Affaler, lancer le moteur, stopper le moteur, remettre de la toile, etc. le capitaine ne trouve pas ce jeu très drôle. De plus lorsque la BLU diffuse le bulletin météo prévoyant le passage de deux fronts froids consécutifs à 24 heures, il est forcément d’humeur chagrine.


Il faut absolument atteindre l’Île à Vache (au large de la côte sud d’Haïti) pour se mettre à l’abri car on ne passera pas le Windward Passage (canal entre Haïti et Jamaïque) avec les fronts de face et une mer annoncée à 9/10 pieds (3/3.50m). Dans l’après-midi on sent déjà une baisse de la température, on est à 50 miles de l’Ile à Vache, moteur/grand-voile, on gagne du terrain. Dans la nuit le premier front passe, on se prend des rafales à 35 nœuds, on dérive à l’Est. La lune qui est pleine, est bien plus sympa, elle nous offre un magnifique spectacle ; une éclipse totale.









Au lever du jour le mardi 21 décembre, nous sommes à la hauteur de l’Ile à Vache (sous le vent d’Haïti),…









… que nous allons contourner pour nous abriter, attendre le passage du deuxième front et nous reposer un peu. On lutte à 0.8/1 nœud contre vent et houle qui nous poussent à la côte. Le moteur tourne à 3000 tours, mais rien n’y fait, on n’avance pas.



On a dû se prendre quelque chose dans l’hélice, ce n’est pas possible autrement se dit le capitaine. Il fait encore trop nuit pour y voir quelque chose, on continue à la vitesse d’un escargot. Lorsqu’il fait plus clair on aperçoit des dizaines de petites bouteilles en plastique, elles sont à moitié immergées, ce sont des casiers. M..de chez merde.., on comprend mieux notre lenteur en voyant, à un mètre sous le gouvernail, que nous traînons un long filin. Au bout de ce dernier, forcément un casier y est accroché. Pourvu qu’on ait rien cassé !





Il faut tenter de se dégager. Je prends la barre pendant que Thierry envoie l’ancre à grappin sur l’arrière pour remonter ce bout. Je ne peux pas l’aider, si ce n’est de garder au mieux le cap – ouf Marvin est encore dans les bras de Morphée - ralentir le moteur lorsqu’il me le demande. Je l’entends derrière moi, s’énerver, pester, jurer. Tout à coup : Je l’ai ce salaud ! Je tente un œil à l’arrière, regarde ton compas et où tu vas me crie-t-il en revenant dans le cockpit. New Life reprend de la vitesse, on ne traîne plus le « monstre », il est à bord.







Il nous faudra tout de même trouver un abri, plonger, constater les dégâts - s’il y en a – dégager le bout pris dans l’hélice ? Dans le gouvernail ? Bloqué sous la quille ? Le casier est à bord, mais son extrémité est toujours accrochée quelque part sous le bateau. Une chose est sûre on ne pourra pas faire de marche arrière avec le moteur pour assurer l’ancre au mouillage sous peine d’aggraver la situation. Pour l’instant on se concentre pour éviter les autres casiers, il y en a partout, signalés parfois d’un simple pet ou un minuscule flotteur. Avec le jour qui se lève, il est très difficile de les distinguer. Marvin qui émerge en se demandant ce que fait ce casier à bord nous prête volontiers ses yeux pour dénicher les intrus à fleur d’eau. Au bout d’un moment :



" Eh maman, il y avait de la langouste ou du crabe dans le casier ?


-Non, il était vide.

Flut zut et crotte ! »


Nous contournons l’île et trouvons un abri devant un petit village de pêcheurs.







Un peu de repos, un bon petit-déj., il est temps d’aller constater les dégâts. Avant de sortir tout l’équipement de plongée, je me mets à l’eau avec moussaillon, qui avait envie d’une baignade, chaussant palmes, masque et tuba. Je fais le tour du bateau : Rien dans l’hélice, rien sur le gouvernail ; quel soulagement ! Je continue mon inspection remarquant que le filin du casier s’est coincé dans une anode. Je m’empresse de le signaler à Thierry qui attend avec impatience sur le pont. Je pense pouvoir le couper en apnée, pas besoin de sortir tout l’attirail de plongée (de toute manière les bouteilles sont toujours vides).



Pendant que Thierry me prépare un couteau bien aiguisé, je continue mon inspection, Marvin qui est heureux comme un poisson dans l’eau, à mes côtés. Sous la ligne de flottaison du côté babord, il n’y a plus aucune trace d’antifouling, des coups sont marqués dans la peinture, je sors ma tête de l’eau et vois que la coque elle aussi est toute griffée, marquée, abîmée. Thierry vient voir et comprend maintenant d’où venaient les bruits entendus durant la nuit. C’était notre croc d’ancre qui, dans la tourmente, avait passé par-dessus bord frappant sans relâche contre l’étrave. Il y aura de la peinture en perspective !




Dans la journée le deuxième front passe. Il nous faut partir juste derrière, avant le prochain qui est annoncé à 72heures. On le sait déjà, la mer sera encore houleuse, mais il faut tenter de passer si on veut que le Père Noël ait des chances de nous trouver à Cuba, car pour Marvin, il est impossible qu’il dépose des paquets en pleine mer. Sa lettre n’ayant pu être postée à temps, il ne sait pas ce qu’il va bien pouvoir lui apporter cette année.



Ce mardi 21 décembre, à 17H00 donc – bien que lessivés, c’est le cas de le dire – nous repartons gardant 6 yeux attentifs sur les pets signalant les casiers alentours. Cap au 300° une fois hors de la baie du mouillage, on attaque le Windward Passage avec des vents N. 5 à 10 nœuds, une vitesse de 3.3 nœuds.


A 01h00 du matin le vent tombe, la mer se calme, cap au 324°, notre vitesse est réduite à 1,5 nœuds. On plante le moteur ne voulant pas traîner vu ce qui est annoncé. Au petit matin, toujours sans vent, on longe la côte Est d’Haïti en se disant qu’un fois le Cap de Tiburon passé, le vent finira bien par se lever. Notre moussaillon commence à comptabiliser les caps, ce dernier il le passera au moteur.







Dans la journée, les conditions changent, le vent tant attendu est enfin là. On fait route vers les Formigas banks avec un cap au 325°. Ces bancs peu profonds, à 70 miles de la côte, attirent les pêcheurs haïtiens qui s’embarquent pour plusieurs jours/nuits, quelques soit les conditions météo, sur de frêles embarcations, pour ramener le produit de leur pêche au pays. Nous en avons croisés qui luttaient, contre une mer bien formée, avec des voiles de fortune. Le métier de marin pêcheur est loin d’être facile pour ces gens.







Le jeudi 23 décembre notre position à 03 :40 du matin est : 19°29’10 N / 75°30’16 O, nous sommes à 35 miles de Santiago de Cuba. Nous annonçons la bonne nouvelle à notre petit mousse à son réveil qui nous répondra par un énorme OUF le Père Noël pourra passer ! On se regarde avec le capitaine et éclatons de rire pour nous c’est plutôt OUF le Windward Passage est derrière et le calvaire est bientôt terminé. A chacun ses préoccupations !



A l’approche des côtes cubaines le vent du nord s’amplifie, les sommets de la Sierra Maestra dominant la côte. C’est sous grand-voile bordée, le moteur à 3200 tours, le capitaine à la barre que nous faisons face aux éléments pile poil dans le nez afin d’arriver à destination et limiter la dérive encore une fois.





Le phare de la Punta Gorda, le Castillo del Morro, les balises d’entrée du chenal sont la garantie de notre arrivée imminente. Le Castillo del Morro protégeait à l’époque la ville de Santiago des attaques espagnoles et ennemies. Lorsque nous hissons les couleurs cubaines, ce n’est pas un coup de canon qui nous accueille, mais un appel VHF de la Guardia Frontera et de la marina qui nous souhaitent la bienvenue à Cuba en demandant notre identification. Une fois dans le chenal la mer s’aplanit et il nous suffit de suivre le balisage.











Nous n’avons pas l’autorisation d’entrer dans la marina pour l’instant, il faut attendre l’arrivée de tous les officiels avant d’être autorisés à se mettre au quai, on jette donc l’ancre. On en profite pour se faire un bon café, remettre un peu d’ordre et faire le bilan : 640 miles en 8 jours avec un arrêt forcé à l’Ile à Vache ; allez ce n’est pas trop mal, on est satisfait d’être à destination !





2 heures plus tard, les officiels sont là, nous pouvons aller au quai afin d’établir toutes les formalités d’entrée. Le défilé commence : les premières personnes à monter à bord sont le médecin et l’inspecteur « moustiques », vaporisateur en main. Blouse blanche oblige, le médecin nous pose les questions d’usage quant à notre bonne ou mauvaise santé, vaccination, etc. L’inspecteur « moustiques » attendant que l’interrogatoire médical se termine pour descendre à l’intérieur, bombe à la main et faire la chasse aux moustiques ou rats qui auraient pu nous accompagner durant cette traversée. Des formulaires sont remplis, coût de l’opération : docteur 8 CUC, inspecteur moustiques 5 CUC. On paie en $, nous n’avons encore aucune monnaie locale.





Puis c’est le tour du vétérinaire et de l’inspecteur des fruits et légumes. Le fait que nous n’avons aucun animal à bord, simplifie la tâche du vétérinaire, qui nous demande du coup si nous n’aurions pas deux clés USB à lui offrir. Une pour lui et une pour son compagnon ! L’inspecteur de fruits et légumes, quant à lui passe à la lampe de poche riz, pâte, farine, les oignons, la seule et unique pomme restant de Curaçao, pommes de terre, etc. Tout est en ordre de leur côté, les formulaires sont remplis, coût de l’opération : vétérinaire 5 CUC, inspecteur des fruits et légumes gratuit.





Vient le tour de la douane, 3 personnes montent à bord. Inspection des papiers du bateau, du matériel de navigation, VHF, radar, BLU, GPS, fusées de détresse, possession ou non d’armes. Ils m’expliquent que tout l’électronique de navigation devrait être scellé, mais comme ils n’ont plus de bande adhésive pour ce faire, ils nous font confiance sur le fait que nous ne vendrons rien en territoire cubain. Coût de l’opération : 20 CUC, que nous pourrons acquitter plus tard lorsque nous serons en possession d’argent cubain.




Au tour de l’immigration maintenant, c’est une dame qui contrôle nos passeports et nous établit un visa d’entrée « volant » sur le territoire cubain (aucun tampon n’est apposé sur les passeport) durée de 30 jours, qui seront renouvelables pour 30 jours supplémentaires (moyennant finance bien entendu). Coût de l’opération : 15 CUC par passeport, soit 45 CUC que nous pourrons acquitter en même temps que notre taxe de séjour à la marina (prix de la marina 0.45 CUC/pied/jour). En passant elle nous demande si nous ne pourrions pas lui faire cadeau d’un bon savon ou d’une crème corporelle.


Et ce n’est pas fini, nous avons droit maintenant à un nouveau contrôle de la douane, mais avec un gentil toutou, qui snife comme un fou à l’intérieur de New Life à la recherche de drogue éventuelle. De ce sympathique défilé, ce sera le seul qui se laissera prendre en photo et ne réclamera même pas une croquette.












J’ai encore un formulaire et une facture de 30 CUC émanant du Centre provincial de l’hygiène que j’ai dû acquitter, mais je dois avouer sincèrement que je ne sais plus à quoi ou à qui elle correspond, j’ai un peu perdu le fil avec tout ce monde ! Peut-être à l’inspecteur fruits et légumes ?



La table à carte et jonchée de formulaires, de paperasse, de bulletins de quittance, mais ça y est c’est terminé, on a vu tout le monde - bien sympathique il faut le dire - et notre entrée à Cuba est officielle.



On peut vaquer librement, enfin…. presque. Il nous est toutefois interdit d’utiliser notre annexe pour aller visiter la baie, au Château del Morro, se baigner à l’entrée où les eaux sont plus claires que dans la baie, interdit de faire entrer un cubain dans la marina. Quand je parle de marina, il faut s’entendre, c’est un gros quai en ciment où les bateaux s’amarrent tant bien que mal aux bites, lorsqu’il y en a une, les piliers du quai ne demandant pas mieux que de griffer la coque si vous n’y mettez pas suffisamment de défenses pour la protéger. Une planche (si vous en avez une ou en trouvez une) entre les pare battages serait plus appropriée.




N’imaginez donc surtout pas une belle marina luxueuse : - Eh nous sommes à Cuba ! Ils font avec les moyens et les possibilités qu’ils ont. Il y a 4 autres bateaux à quai dont deux habités, Salzberg 2, Heinrich et Lisa, allemands et Rebel, Ivo et Finneke, hollandais, un bateau italien et un belge, les propriétaires n’étant pas à bord.









A peine avons-nous le temps de faire connaissance avec nos voisins que nous entendons :




« Demain soir on va fêter Noël maman, il faut ranger, décorer le bateau, faire la crèche, faire des biscuits, allez on s’y met ! Cette année je vais faire la crèche avec mes Playmobiles, OK ? »


Notre petit bonhomme est excité comme une puce et ne tient plus en place. Comme il n’a pas pu envoyer sa lettre au Père Noël, il espère tout de même qu’il passera, New Life doit donc être prêt pour l’accueillir. Je range le bateau et sors les décorations pendant que Thierry rince le pont, qui brille sous les cristaux de sel. Marvin crée sa crèche. En fin de journée le bateau est prêt.








Le 24 nous allons en ville (14 km) pour faire du change, des emplettes et vous rassurer tous quant à notre arrivée à Cuba. Ça c’est ce qui était prévu. On apprendra très vite qu’à Cuba il faut se concentrer sur une chose à la fois, qu’il faut oublier les programmes chargés et établis d’avance. Premièrement, le « goua-goua » (bus local) est censé passer vers le 07 :45, nous l’attendrons 2 heures !







Arrivés en ville, la priorité c’est la banque. Eh oui sans CUC on ne va pas très loin, comme partout d’ailleurs. L’établissement est bondé. Comme j’ai appris mes leçons, je lance :



" Quien el ultimo per la caja ? » (quel est le dernier pour la caisse ?).




Une personne lève la main, je serai donc derrière elle. Vu le monde, on n’est pas encore sorti de l’auberge ! Je m’étais mise à rêver lorsqu’on vient me taper sur l’épaule en me disant que c’est à mon tour : 1h.30 plus tard. Je peux donc vous assurer que l’ordre de passage est strictement respecté, la preuve.






La prochaine épreuve c’est de trouver internet : Il y a 2 centres de communication en ville, nous jetons notre dévolu sur un. Même question : Quien el ultimo….? Même schéma. Une heure plus tard j’ai ma carte d’utilisation d’un ordinateur (1h/6 CUC). J’arrive devant l’ordinateur, j’introduis mon code et… ? Rien. Je me renseigne auprès d’une responsable qui me dit gentiment :



« Ah oui, il n’y a pas de connexion en ce moment !


Quand la connexion sera rétablie ?

- No save, peut-être dans une heure, peut-être demain, no save ! »


Je ne perds pas patience, il y a un autre centre internet ou on peut aussi se rendre à l’hôtel El Casa Granda. Comme on passe d’abord devant l’hôtel, on s’y arrête. Après m’être renseignée sur la qualité de la ligne aujourd’hui, on me répond :



«Oui nous avons une connexion qui fonctionne mais pas il vous faut acheter une carte spécifique de l’hôtel. »



Puisque j’ai déjà une carte, autant se diriger vers le second centre de communication et visiter un peu la ville en même temps, non ?



Une fois sur place, j’évite l’heure de queue pour acheter la carte et n’attends qu’une vingtaine de minutes pour accéder à un ordinateur, mais ce dernier n’accepte pas les clés USB. J’avais préparé un joli texte pour vous tous, mais voilà, impossible de l’envoyer, donc vous contenterez de celui que j’ai retapé à la va-vite sur un clavier d’une lenteur exceptionnelle.




Il est déjà 14h00 - que le temps passe vite – nous allons croquer une assiette et faire quelques courses pour le souper. Quelques courses ? Vous comprendrez plus tard ce que veulent dire ces deux mots. Nous rentrons en taxi à Punta Gorda, aucune envie d’attendre encore le « goua-goua».


Une fois à bord, il nous faut attaquer les biscuits et le souper du réveillon. Côté biscuits, j’ai de l’aide…











… quant au menu de ce soir, ce sera gratin de bananes, accompagné d’une saucisse fumée, achetée à Curaçao. Marvin nous demandera pourquoi la nuit du 24 au 25 est la plus longue de l’année. Mais voyons, il faut bien laisser le temps au Père Noël de faire sa tournée.



Le 25 au matin c’est un énorme cri de joie qui nous réveille. Il a passé, même que je n’ai pas réussi à envoyer ma lettre, super, venez voir.







C’est le plus heureux des moussaillons que nous avons aujourd’hui, il est transporté du monde Lego au monde Star Wars, au fur et à mesure qu’il découvre les cadeaux faits à distance par ses grands-parents, tati, tonton, ceux de papa, maman et celui du Père Noël. Il n’a pas reçu ma lettre et il m’envoie quand même un cadeau. OK je lui avais commandé ce Bionicle en 2009, il s’est juste trompé d’un an, mais ça ne fait rien, il est génial il ne m’a pas oublié !



Nous avons quelques jours devant nous, avant les vacances de ma maman au début janvier. Nous en profitons donc pour mettre en ordre le bateau, Thierry s’occupant de la peinture de l’anti-dérapant sur le pont et de réparer quelques bricoles.



A chaque escapade en ville, nous découvrons un peu plus de Santiago et commençons à nous repérer côté «shopping ». J’y reviendrai.



Quant à Nouvel An, nous le passerons tranquillement en partageant l’apéro avec Lisa et Heinrich, nos voisins allemands de Salzberg 2, les seuls autres clients de la « marina » puisque les hollandais ont largué les amarres. César le capitaine du port nous offrant à chacun une bouteille de vin pour la nouvelle année.



C’est sur cette note que je vous quitte pour aujourd’hui. Le prochain volet sera consacré à Santiago et ses environs, au ravitaillement et achats, à nos premières rencontres, découvertes, émotions, aux retrouvailles avec des amis suisses passant les fêtes de fin d’année sur cette île et aux vacances de maman.




A bientôt donc pour la suite...



Avec nos meilleures pensées,


Les New Life en badade

1 commentaire:

Anne et Jocelyn a dit…

Nous aussi on s inquietait un peu de voir le blog si longtemps muet...mais on se doutait bien que .......ah la Vie de Marins c'est pas toujours aussi facile qu'on le penserait ! On a ete bien content de suivre vos nouvelles aventures et vous savoir de nouveau naviguant ! Tous les copains qui ont traverse vers le jamaique ou cuba se sont tous aussi fait secoues, c est pas une route facile. Nous sommes en carenage en NZ, remettons a l'eau le 27 avril et des qu une fenetre meteo se preqsente mi mai nous mettons le cap sur les Fidji puis le Vanuatu. Bises a vous trois, au plaisir de lire la suite de vos aventures, Anne et Jocelyn