mercredi, 25 mars 2009

de Palm Beach aux Abacos (Bahamas), le 25 mars 2009

Salut à tous,

Attendant la bonne météo, nous passons encore une semaine à Palm Beach. La plage, nous réserve parfois de sympathiques rencontres,



… parfois de moins bonnes, comme ces Portugese Man-of-War.



Marvin en garde un très mauvais souvenir, donc inutile de préciser qu’aujourd’hui, il ne mettra pas un orteil dans l’eau et fera très attention en marchant sur le sable car il y en a des dizaines d’échouées.

Au bout d’un ponton face au bateau, Jane vient pêcher chaque jour pour son chien Bentley. Dans sa jeunesse Jane était « chasseuse de trésors ». Elle a travaillé pour Mel Fischer, le chercheur le plus connu de la Floride et des Bahamas pour avoir découvert entre autres, l’Atocha. Malheureusement dans sa folle aventure à la découverte des épaves, il perdra son fils et sa belle-fille en plongée. Mel n’acceptera jamais leur disparition, il abusera de l’alcool et de la drogue jusqu’à devenir une épave lui-même. Lorsque Jane a vu que nous avions à bord un livre consacré à la vie de Mel notamment : Les chasseurs de trésors du Gulf Stream, on ne l’arrêtera plus de conter des anecdotes et ses exploits sous-marins.



Une annexe passe avec deux moussaillons à bord. Nous sommes trois sur le pont à faire de grands signes afin de les attirer sur New Life. C’est comme ça que nous ferons la connaissance de Tricia, Barry et leurs enfants. OK, un peu petits pour Marvin (18 mois et 3 ans et demi) mais ça fera l’affaire pour partager quelques jeux ensembles.

Vendredi, nous remontons au nord du Lake Worth (oh ce n’est qu’à 3 miles) afin de nous rapprocher du Publix pour racheter quelques produits frais avant le départ. En effet, une fenêtre météo se présente pour le week-end et la semaine à venir. Nous planifions donc un passage de nuit dimanche sur les Bahamas, ce qui nous ferait arriver à Memory rock, sur le banc, au lever du jour lundi et nous permettrait de continuer tranquillement jusqu’au mouillage dans la journée. Les vents annoncés sont Est-Sud-Est, virant au Sud-Est avec une mer de 2 pieds, voire moins. C’est l’idéal.

En mouillant l’ancre, je trouve que le guindeau ne réagit pas comme d’habitude, il patine, fait un drôle de bruit. L’ancre accrochée, Thierry vérifie le guindeau et c’est,….. comment dire ?
La « m.... » !
Il le démonte complètement pour s’apercevoir que l’axe est usé, que la goupille entraînant les pignons n’existe plus !
Oh non, ce n’est pas le moment, la météo est là, le bateau et nous sommes prêts à partir… mais sans guindeau en état de fonction, difficile d’ancrer !



Il faudra toute l’ingéniosité de Thierry pour trouver une solution. Il refera, avec les moyens du bord, une clavette en inox - ayant perdu tout espoir de trouver le bon modèle aux USA - et remontera le guindeau en un temps record. Quant à la capacité des américains pour la réparation, elle ne nous a même pas effleuré l’esprit. De toute manière on nous aurait répondu: Il faut racheter un nouveau guindeau, celui-ci n’étant pas réparable. Vive le pays de la consommation à l’état pur !

Gen et Maureen de Irish Eyes que nous avions rencontrés à Titusville sont là aussi. Nous passerons la soirée en leur compagnie en partageant un excellent stew de poulet que Maureen avait préparé.

Samedi nous retournons au mouillage de Blue Heron Bridge, Jane organisant un barbecue ce soir. Nous convions Barry et sa famille aux festivités. Marvin ne sera pas qu’entre adultes pour une fois, Melody et lui pourront courir dans le jardin et faire une partie de cache-cache.



On est en plein préparatifs pour le départ de ce soir, le dinghi est remonté sur le pont, le gouvernail du pilote abaissé, le filet contenant fruits et légumes tendu au-dessus de la table du carré, loquets mis aux portes, on est fin prêts. Barry passe prendre Marvin dans l’après-midi pour une chasse aux trésors sur Peanuts Island.



On soupe, je range la cambuse, je me sens fiévreuse, mal partout, les jambes qui flageolent. Le capitaine hésite à partir vu mon état. Pas question, on est prêt, on y va. 1930 on lève l’ancre, le guindeau fonctionne, c’est parti. La mer est belle, le soir tombe, la lune se lève. Marvin quant à lui se prépare à passer sa nuit, bercé bien au chaud dans son lit. Son papa lui promet de l’eau claire au réveil.

Je ne reste pas longtemps dans le cockpit à tenir compagnie au capitaine. Il prend le premier quart je vais dormir pour faire tomber la fièvre. En fait, Thierry restera de quart toute la nuit, je suis incapable de le relayer, j’ai un poing dans le dos, me mets à tousser, la fièvre ne tombe pas, une belle bronchite s’annonce. J’étais déjà sous antibiotiques il y a une semaine pour une angine, c’est la suite je suppose. Bref, ce n’est pas grave la pharmacie de bord est bien achalandée.

Pour la traversée du Gulf Stream, qui fait environ 30 miles de large entre Palm Beach et Memory rock distants de 51 miles, le courant de plus 3 nœuds porte au Nord, Thierry a dû suivre un cap magnétique au 128° afin de pouvoir garder une route fond au 67°. Avec le courant et le vent, le bateau n’avançait guère plus qu’à 2.5 nœuds sous grand-voile et moteur. Il a donc changé de tactique en prenant un cap plus à l’Est, se laissant déporter sur une route fond de 50°, du fait que le courant est plus puissant au milieu. Il a pu rattraper la dérive dans la dernière partie du Gulf Stream puisque le flux est moins fort ce qui a amené New Life, deux miles au Sud de Memory Rock, à 0830 lundi matin. Thierry a joué avec son expérience de la Manche pour arriver à destination car naviguer dans le Gulf Stream n’a rien à voir avec une simple croisière dans les Caraïbes.

Le passage sur le banc est impressionnant au départ car l’eau est si claire qu’on a l’impression de toucher le fond à tout instant. Le sondeur marque pourtant 2.3 m, ce qui fait que nous avons 4.10 m, d’eau. sous la quille.



Un des « boulots » de notre mousse c’est d’hisser les couleurs du pays visité.



On arrive à Mangrove Cay, notre premier mouillage aux Bahamas à 1500 lundi après-midi. Marvin ne résiste pas à la tentation.



Le lendemain nous poursuivons notre route dans cet aquarium jusqu’à Great Sale. Les fonds sont superbes mais la vie n’y est pas, quelques algues, éponges, étoiles de mer par-ci par-là, mais aucun poisson, rien du tout.



La plage à Great Sale n’est pas franchement propice à la ballade, de grosses roches empêchent d’y accéder avec l’annexe. Nous la longeons en marchant dans l’eau et apercevons un poisson chauve-souris qui est une espèce rare. Docile, il se laissera observer.



Sur le trajet Great Sale – Pensacola, un dauphin solitaire viendra jouer avec l’étrave du bateau en nous faisant un petit clin d’œil. Nous sommes étonnés de le voir là, puisqu’il n’y a aucune vie sur le banc. Ravagé par les cyclones ? Trop peu de fond ? Eau trop chaude ? Que s’est-il passé ? Le banc semble mort, on se pose mille questions.


A Pensacola nous allons faire une partie de frisbee sur la plage. Là encore aucun coquillage sur le sable, rien. Bizarre !

Pensacola – Manjack, nous pouvons faire un peu de voile ce matin. Ça repose un peu les oreilles. Il faut dire que depuis notre départ de Palm Beach, nous avons fait tous les jours du moteur ou du moteur-voile. Les vents n’étaient pas assez soutenus ou de face ! Alors on apprécie cette matinée sous voiles.

A Manjack nous retrouvons nos amis Gigi et Lulu de Roi Soleil, Marianne et Bernard de Maïlys. Comme à chaque fois les retrouvailles sont chaleureuses, les aventures de chacun agréables à écouter et à conter.

Nous faisons part de notre étonnement de ne voir aucune vie sur le banc à Lulu et Gigi qui sont des habitués des Bahamas : En fait, les poissons, les langoustes et autres sont de l’autre côté des îles, sur la côte au vent, elle est plus découpée, la mer plus houleuse puisque toute la mer des Caraïbes s’y engouffre dans les passes, elle est plus oxygénée que sur le banc, sous le vent des îles. Il attire toutefois notre attention qu’ici aux Bahamas on ne mange pas n’importe quel poisson à cause du grand risque de Ciguatera. La taille de ces derniers ne doit pas dépasser la longueur de l’avant-bras et qu’on devrait se passer de toute manière de manger du barracuda. Il est vrai que depuis la Guadeloupe aux îles du nord de la Caraïbe ce risque est très présent.

La Ciguatera est une intoxication alimentaire consécutive à la consommation de poissons de récif, comme le poisson perroquet ou certains poissons chasseurs comme le barracuda. Ces espèces notamment sont en parfait état de fraîcheur et habituellement comestibles, rendus toxiques par la présence de toxine ayant pour origine une micro-algue d’un diamètre de 60 microns colonisant les coraux morts, vaut mieux ne pas les consommer. Ce phénomène de bio-écologie marine, connu depuis des siècles, sévit de manière endémique dans la plupart des écosystèmes coralliens. Cette micro-algue est broutée par les petits poissons. Ceux-ci sont alors mangés par des prédateurs qui sont ensuite mangés eux-mêmes par des poissons plus gros, puis encore plus gros, etc. Le dernier de la chaîne accumule toutes les toxines des autres. Certaines espèces connues comme « poissons-chasseurs » sont donc à éviter à tout prix.

Les premiers symptômes de la maladie, communément appelée la « gratte » apparaissent 2 à 12 heures après le repas : picotements autour des lèvres et du nez, fourmillement des mains et des pieds, sensation de brûlure au contact de l’eau froide, démangeaisons, maux de tête. Des symptômes gastro-intestinaux, cardio-vasculaires ou musculaires et articulaires ont également été observés.

Le traitement de la Ciguatera reste actuellement symptomatique (vitamines, aspirine, calcium, éventuellement antihistaminique). Le mannitol, par voie intraveineuse, est un traitement possible pour les cas graves, sous surveillance clinique.

A lire tout ça, il va sans dire que nous nous passerons de manger certains poissons dans la région.

Nous passons quelques jours à Manjack, explorant l’île de Leslie et Bill, des amis de Gigi et Lulu, qui en ont acheté une partie, il y a quelques années et s’y sont installés.



Une jolie balade d’une vingtaine de minutes, grâce au sentier défriché par Bill et Leslie, nous emmène sur la côte au vent de l’île, face à l’Océan Atlantique.



Nous partons aussi explorer la mangrove en annexe.



A notre retour, on s’arrête sur la plage de Crab Cay où nous ferons une surprenante rencontre. Pas peureux pour un sou, ce petit cochon sauvage partagera la baignade de Marvin.



Il est temps de regagner New Life, car ce soir tout le monde se retrouve sur Bobato, la bateau de Charly qui nous invite pour l’apéro afin d’assister au lancement tant attendu de la navette Discovery.



Ce ne sera pas aussi spectaculaire que si nous étions restés à Titusville, mais on ne pouvait pas attendre un mois pour assister au décollage sur place. On a tout de même vu, dans un ciel nuageux, la luminosité provoquée par les busters et un bout de la trajectoire de la navette avant qu’elle ne disparaisse. Marvin qui s’était fait tout un cinéma a été un peu déçu. C’est quand même incroyable que d’ici on ait pu apercevoir quelque chose. Une fois de retour à bord, on a branché internet pour suivre en différé le compte à rebours et son décollage, sur l’écran de l’ordi.

Voilà, demain nous allons à Green Turtle, pour faire notre entrée officielle et payer le Cruising permit qui s’élève à 300$ pour les bateaux de plus de 35 pieds et de 150$ pour ceux qui ont une longueur inférieure. Ouf nous faisons partie de cette dernière catégorie.

On vous en dira plus, tout bientôt.



Avec nos meilleures pensées
Les New Life en balade

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