dimanche, 18 décembre 2011

De Deltaville à Véro Beach + voeux 2011

Salut à tous,



Ne dites rien ! Je sais l’annonce de la vente de New life a en surpris plus d’uns, mais voilà dans la vie il y a des pages qui se tournent, sans que le livre ne se termine pour autant. Nous allons continuer à partager avec vous notre quotidien, nos aventures puisqu’elles continueront jusqu’à la vente de notre « home sweet home » flottante.



Aucun souci avec les vols retour, une nuit au motel, nos amis Gigi et Lulu sur place le lendemain pour nous ramener, sous une pluie battante, de Richmond à Deltaville où nous avons retrouvé New Life.



Pour commencer il a fallu retrousser les manches, dégager l’entrée et nettoyer le bateau qui, stocké sous des arbres, en a profité pour se couvrir d’aiguilles de pins, de pives et de branchages. Il faut dire qu’en juillet avec le passage d’Irène, il a quelque peu venté dans la région. Mais bon mieux vaut le retrouver dans cet état que parterre vous en conviendrez. Une fois le pont dégagé nous constatons que New Life était habité durant notre absence, un petit lit douillet a été installé entre le rail d’écoute et le roof.










Ce n’est pas la première fois que des parents bien intentionnés trouvent à bord le confort nécessaire pour donner naissance à leur progéniture. Rappelez-vous il y a quatre ans lorsque nous avions sorti le bateau ici même à Deltaville, la coque était couverte d’œufs de poissons. Il faut croire que New life n’est pas seulement chaleureux pour nous.


Laissons tomber le sentimentalisme et activons-nous à la tâche car il y a du pain sur la planche. Si nous voulons remettre le bateau à l’eau avant les grands froids - nous arrivons bientôt à fin octobre - il n’est pas question de tarder. Les silent-blocs du moteur doivent être changés (encore une fois !), les précédents n’étant pas adaptés à notre moteur, ils étaient fait pour un moteur Z-drive. Voilà ce que c’est de faire confiance à des personnes qui se prétendent « professionnels » et qui vendraient n’importent quoi pour être débarrassés d’un produit stocké depuis longtemps en magasin sans qu’il ne trouve acquéreur. Du coup lorsqu’on tient un pigeon on lui refile à prix fort l’article qu’il souhaite, même s’il n’est pas adapté. Cela dit, et nous l’avons appris à nos dépens, le représentant Volvo sur le port au Marin, n’est pas la personne qu’il vous faut. On ne va pas revenir sur une vieille histoire martiniquaise puisque depuis nous avons racheté des nouveaux coussinets pour notre moteur et qu’il faut maintenant les changer.



Les jours de soleil Thierry en profite pour meuler et repeindre le balcon avant, qui en avait grand besoin.






Quant aux jours de pluie on trie, on débarrasse, on allège.




Au chantier il n’y a pas grand monde, mais surtout pas d’enfant, alors après l’école Marvin s’occupe, il bricole avec nous ou crée de petites figurines en terre glaise qu’il vend 1$ pièce, histoire de se faire un peu d’argent de poche.










Il s’agit maintenant de poncer l’ancien antifouling et de refaire une nouvelle « culotte » protectrice afin que New Life glisse sur l’eau tel un poisson sans qu’aucune algue ne freine sa progression. Nous ne sommes pas d’une grande aide à Thierry dans ces moments-là. Marvin et moi en profitons pour nous balader à vélo à travers la campagne et aller faire des courses. Le premier magasin se trouve à 3km, un bel exercice donc pour aller chercher du pain.










Le moment que tout le monde redoute c’est lorsque la grue se positionne, cherche le bon angle pour soulever le bateau afin qu’il ne pique pas trop du nez ou en arrière, le rabaisse change la position des sangles, recommence jusqu’à ce qu’il se balance bien équilibré pour la sortie du chantier afin qu’il retrouve son élément naturel. Une fois dans l’eau, nous lançons le moteur, il ne vibre plus, l’arbre d’hélice ne frappe plus, c’est GAGNE !



Nous devons encore remettre les voiles à poste et terminer quelques bricoles avant de pouvoir larguer les amarres. Comme le week-end d’halloween arrive, nous allons rester encore un jour ou deux à Deltaville, surtout que maintenant Marvin s’est trouvé un petit copain et qu’ils ne se quittent plus. Nathan et lui passent leur après-midi à taquiner le goujon, à jouer les équilibristes sur leur bicyclette, à s’inventer des cabanes dans les roseaux, ne revenant au bateau couverts de boue, que pour emporter quelques biscuits qu’ils mangeront dans leurs cachettes secrètes.










Halloween, c’est quelque chose ici aux USA, croyez-moi ce ne sont pas uniquement les enfants qui s’amusent. Le musée maritime de Deltaville est situé aux abords d’un bois, l’endroit idéal pour qu’à la nuit tombée fantômes, sorcières et créatures nocturnes fassent leur apparition en attendant le visiteur courageux qui, malgré le froid, osera s’y aventurer en prononçant son fameux « treats or tricks ». Marvin a ramené 4 kg de bonbons…. Bonjour les caries !








Pour nous remettre de nos émotions et nous réchauffer un peu, nous terminons la soirée devant une bonne soupe de légumes et un verre de vin en compagnie de nos amis Marianne et Bernard, Marvin exhibant fièrement une partie de ses bonbons.









Le 6 novembre nous sommes enfin prêts, la météo est favorable avec des vents NE 15 nœuds, nous larguons les amarres et quittons Deltaville pour Norfolk. Il fait frisquet sur l’eau ce matin 6°C, mais nous sommes parés pour parcourir au portant les 48 miles qui nous séparent de la plus grande base navale américaine en Atlantique nord.









Le lendemain matin, nous devons attendre que le brouillard se dissipe pour lever l’ancre et continuer notre route par l’Intracoastal Waterway (ICW).









Une enfilade de ponts à passer avant de nous retrouver devant l’écluse de Great Bridge où une vingtaine de bateaux attendent son ouverture. Derrière nous une dizaine d’autres arrivent. Nous avons l’impression d’être sur l’autoroute en plein mois de juillet dans la cohue des vacanciers partant vers le sud.







Très peu pour nous, même si le trajet par la Virginia Cut est plus court, nous décidons de quitter cette cohue et d’emprunter le vieux canal à travers le fameux Dismal Swamp. Lorsque nous l’avions emprunté il y a 4 ans, c’était en plein été où les incendies de forêt faisaient d’énormes dégâts. Sur une partie du trajet nous avions dû porter des bandanas mouillés autour du nez pour pouvoir respirer correctement. Nous passons la première écluse qui nous élève à la hauteur du Dismal swamp.









Cette fois-ci nous sommes en automne, nous pouvons pleinement profiter de la quiétude des lieux tout en admirant au passage les feuillus habillés d’ocre pour la saison.








Nous sommes une poignée de bateaux, toutes nationalités confondues, amarrés à couple ce soir au ponton du Visitor Center. Les bavardages vont bon train et des 7 bateaux - contre 30 de l’autre côté - personne ne regrette d’avoir choisi la route du Dismal.









Thierry reste à bord au cas où d’autres bateaux arriveraient afin de les aider à s’appuyer sur notre flan tribord. Nous allons nous balader avec Marvin dans les bois de l’autre côté de la rive en passant par l’éco-musée du Dismal qui nous rend attentif sur son histoire, sur la faune locale - que nous découvrons malheureusement empaillée - ainsi que sur tout l’éco système du canal.








Pour vous éviter de penser que je suis atteinte d’Alzheimer, je ne récrirai pas toute l’histoire de ce magnifique canal si ce n’est qu’il ne faut pas oublier qu’il a été creusé à la seule force des bras d’esclaves, il y a plus de 200 ans. (Lire publication du juillet 2008)



Après dissipation des brumes matinales, nous nous surprenons à rêver d’une petite cabane à retaper en offrant des spécialités maisons, aux voyageurs de passage. Notre imaginaire nous entraîne à l’écluse suivante qui nous redescendra au niveau de la mer, Marvin cordage en mains apprenant le métier de batelier.








Elizabeth City, fidèle à sa tradition de « Harbour of Hospitality » nous accueille avec un apéritif vin/fromage et une rose pour les dames afin de souhaiter la bienvenue aux navigateurs de passage. Ce geste convivial nous permet en autre de découvrir l’historique de cette ville ainsi que de connaître tout ce dont elle met à notre disposition : 24 pontons gratuit pour 48heures (et croyez-moi personne ne vous en chassera si vous y restez plus longtemps). Sur simple appel téléphonique Farm Fresh supermarché viendra vous chercher en voiture et vous ramènera avec vos achats jusque devant votre bateau (3 navettes par jour). Le Fitness Warehouse vous offrira des douches chaudes pour la modique somme de 5$ et le Visitor Center se pliera en 4 pour satisfaire vos moindres besoin.







Quant aux enfants ils ne seront pas en reste avec le Port Discovery, une sorte de mini cité de la science où ils pourront non seulement s’habiller en médecin ou auxiliaire de la santé et promulguer des soins à des patients. Reconstituer un squelette mis en pièces par le groupe précédent. Devenir pilote d’avion en s’essayant sur un simulateur ou employé de piste avec casque, oreillettes et palette en mains afin de diriger l’avion selon le code adéquat jusqu’à sa porte. Ils y découvriront également la métamorphose d’une chenille en papillon, la vie des rats, la transformation de têtards en grenouilles, ainsi que mille et une autres expériences à réaliser sur place. Une jolie façon de faire de la science et de passer un après-midi pluvieux à l’abri.



Le mode de vie des Amérindiens, premiers habitants à avoir peuplé le coin, n’aura plus de secret pour nous, après notre visite au musée de l’Albermarle. Ce joli musée relate également l’histoire et le développement de la région.









Une exhibition totalement consacrée aux US Coast Guard a permis à Marvin de mesurer l’importance, le sérieux ainsi que les risques encourus par les sauveteurs, que ce soit comme ici en mer ou comme ceux que nous connaissons, en montagne. Il a pu se couler dans leur peau en endossant les différentes tenues mises à disposition, participer à divers exercices pratiques et sauver un nounours de la noyade en lui descendant depuis un hélicoptère le panier approprié.










Il y a 4 ans lorsque nous remontions la Pasquotank River jusqu’à Elizabeth City, nous avions été survolés par un Hercule C130 qui nous avait salué d’un battement d’ailes au passage. Depuis Marvin avait reçu et construit la maquette de cet avion qui, suspendue avec les autres au-dessus de sa couchette, le font rêver chaque soir.



En sortant du musée Marvin nous demande si on pense qu’il serait possible d’obtenir une signature d’un pilote de C130 sur son modèle réduit. Et bien bonhomme on va se renseigner.



Nous passons donc par le Visitor Center en leur faisant part du souhait de notre moussaillon. Charlotte et Danielle – qui se plieraient en 4 pour satisfaire le visiteur - trouvent l’idée fantastique, passent quelques coups de téléphone, demandent d’amener la maquette et verront ce qu’elles peuvent faire. Le lendemain Marvin récupérera son Hercule C130 non seulement signé, mais par le pilote qui nous avait survolé il y a 4 ans et qui se souvenait parfaitement avoir fait demi-tour avec son avion pour saluer un petit gars qui agitait les bras sur le pont d’un bateau suisse. C’est-y pas génial ?









Ce matin au lever du jour, ça pique lorsque nous quittons Elizabeth City, il fait 3° mais la couleur du ciel suffirait presque à nous réchauffer. Le front qui passe nous amène les vents souhaités pour descendre au portant la Pasquotank. Tout à coup, au milieu de cette rivière large de plusieurs miles Thierry aperçoit une tête émerger de l’eau. Complètement paniqué un jeune daim nage sans trop savoir où il va, loin de la rive il lutte contre le courant qui n’est pas loin de 4 nœuds. S’il continue de la sorte il va s’épuiser avant de pouvoir rejoindre la terre ferme.



Je lance un appel général sur canal 16 VHF afin que les bateaux qui suivent ne heurtent pas l’animal et je signale sa présence aux Coast Guard qui paraissent surpris de mon appel. Ils ne sortiront pas avec leur bateau pour le secourir. Ca doit être fréquent dans le coin des daims dans l’eau !









Nous n’avons pas la conscience tranquille en continuant notre chemin. Nous lançons le moteur, affalons les voiles et faisons demi-tour. Lorsqu’il nous aperçoit, le jeune daim s’approche mais n’arrive bien sûr pas à monter à bord. Il est proche de l’épuisement. Rapidement Thierry fait un lasso avec un cordage pour l’envoyer autour du coup de l’animal. Premier lancé, raté ! Refaisant un tour avec le bateau je lui coupe la route pendant que Thierry lance à nouveau, raté. Le daim s’éloigne encore plus exténué. Le capitaine reprend la barre, décidé de le repousser à terre, cela implique que nous sortions du canal balisé. Les fonds remontant rapidement, il garde un œil attentif sur le sondeur pendant que j’agite, à grands cris tout ce qui me passe sous la main pour effrayer l’animal afin qu’il nage dans la bonne direction. Marvin, réveillé par notre manège nous rejoint les yeux encore collés de sommeil. Vous faites quoi ?



Quand il comprend ce qui se passe il se demande s’il rêve. Des dauphins autour de nous il est habitué, mais un daim ça lui paraît quelque peu irréaliste. Il ne reste plus que 6cm sous la quille, si nous continuons nous allons nous échouer, nous ralentissons laissant « notre » jeune protégé continuer dans la bonne direction attiré qu’il est maintenant par l’odeur des pins sur le rivage. Il se retourne une dernière fois nous lançant un coup d’œil qui semble nous remercier de lui avoir sauvé la vie.



Soulagés de notre BA nous reprenons notre route. Le courant de marée s’opposant au vent dans l’Albermarle Sound creuse rapidement ces eaux intérieures rendant le reste de la journée quelque peu houleux. Marvin n’en demande pas moins, il peut sécher l’école.



Belhaven ne change décidemment pas, une petite ville aux rues désertes où rien ne se passe. Marvin a tout de même trouvé de quoi prendre quelques clichés.









L’étape de Broad Creek nous gratifie d’un beau couché et levé de soleil.







Seulement 7 miles à parcourir ce matin jusqu’à Oriental, qui est une de nos étapes favorite. C’est la quatrième fois que nous parcourons cette côte Est, à force des liens se tissent et nous nous réjouissons de retrouver certains amis et connaissances. En partant tôt nous avons des chances de trouver une place disponible au quai public.



Lorsque nous arrivons le ponton est toujours occupé mais un des bateaux nous lance que d’ici quelques heures il part. Nous décidons donc de nous poser en mouillant l’ancre et de reculer en bout de quai. Amarrage qui nous vaut la note maximale de la part des « screux-gneugneux » du Bean Coffee shop juste en face (lire publication de juillet 2008) pour en savoir plus sur cette belle manière d’accueillir le visiteur à Oriental. Il faut avouer que pour mettre en œuvre et réussir une telle manœuvre avec un joli vent latéral leur a fourni le spectacle qu’ils attendaient en dégustant leur café ce matin.



Etant bien installlés, passerelle à poste pour descendre par l’arrière, amarres croisées afin d’éviter que le bateau ne se mette de travers sous l’effet du vent ou au changement de marée, nous sommes tranquilles pour les deux jours qu’offre la ville à ce quai public. Lorsqu’une place se libère sur le côté, le manager d’Oriental Marina nous demande de nous y mettre car la longueur de notre bateau en bout de ponton semble créer quelques difficultés à ses clients, arrivant ou quittant sa marina à la barre de gros bateaux équipés d’hélices d’étrave, de un, voire deux moteurs. « ? » « fare enough » nous ne sommes pas contrariants, si on peut aider les « handicapés » des manettes c’est bien volontiers !



Thierry largue l’arrière pendant que je remonte l’ancre. Une fois cette dernière hors de l’eau et débarrassée de la vase un gros morceau de plastique y reste accroché. Là, je fais la connerie du siècle, j’attrape la gaffe et libère l’ancre de son encombrant débris qui a de la peine à couler. Lorsque je crie au capitaine, concentré sur sa manœuvre, de faire attention au plastique, il est trop tard. La pompe de refroidissement l’a aspiré, les alarmes se sont mises à sonner, nous avons tout brûlé impeller, pompe, thermostat. Le moteur est HS, m….. de chez m… !



Donc avant de retrouver nos amis Gigi et Lulu, Laura et Bill, Bernie ainsi que la charmante communauté d’Oriental, nous commençons par chercher un chantier capable de réparer la pompe ou, à tout le moins, de commander les pièces. Un gars du coin, Charly, ayant entendu nos conversations, nous propose spontanément de nous conduire en voiture dans les divers chantiers. Sailcraft Service, Inc. peut nous commander le kit de rechange, ainsi que remettre notre pompe en état, ce qui sera moins onéreux qu’une pompe neuve mais prendra quelques jours. Nous profitons de notre arrêt forcé pour commander une nouvelle batterie de démarrage du moteur qui commençait à fatiguer après 13 ans de bons et loyaux services.



En attendant, nous élargissons notre cercle de connaissances, tant de monde étant intéressé, non seulement par notre pavillon, mais également par notre style de vie. Il faut dire qu’avec le bateau Rotop amarré de l’autre côté du ponton, on sort un peu du conventionnel. Une petite Mia, tout sourire, a embelli leur équipage il y a 18 mois de cela. Ils naviguent également depuis des années, se chauffent au bois, le moteur de leur voilier tourne à l’huile de friture et ont tout autant de bazar que nous sur le pont. Forcément nos deux bateaux attirent l’œil tout en favorisant les contacts.








Cela dit, Marvin fait également sensation. Il fera la une du website d’Oriental grâce à sa passion pour les pierres précieuses et les gemmes qu’il cherche, accumule et classifie depuis des années suivant le pays visité. Bernie a été touché par la ferveur que mettait notre petit gars dans ses explications. Il l’a donc interviewé et écrit un bel article que je vous laisse découvrir dans www.towndock.net rubrique shipping news.



Une fois l’article paru, Marvin a reçu des visites de locaux voulant connaître ce petit passionné, chacun lui amenant des cadeaux afin d’enrichir sa collection ; une géode de cristal et d’agate, un bout d’améthyste, de pyrite, de cuivre, de tourmaline, d’aragonite ainsi que des morceaux de poterie indienne.









Notre petit bonhomme n’en revenait pas de recevoir tout cela suite à un simple « petit article » comme il nous a dit. Sa dernière remarque nous a bien fait rigoler : Finalement ce n’est pas si mal de causer !



Nos pièces étant arrivées, il est temps de remonter la pompe et de reprendre la route non sans avoir remercié Oriental de nous avoir accepté plus que le temps autorisé au quai public. Avant de larguer les amarres nous rencontrons furtivement U5 un bateau canadien avec trois enfants à bord. Ils arrivent, nous partons, mais nous nous promettons de nous retrouver à la prochaine escale.



A Beaufort (Caroline du Nord), nous baignons dans le domaine de la piraterie puisque le vaisseau Queen Anne’s Revenge, d’Edward Teach, plus connu sous le nom de Blackbeard a été localisé en 1996 à quelques miles de l’inlet de Beaufort. D’importantes fouilles archéologiques on été entreprises pour remonter ce trésor enfouit depuis 1718 date de son naufrage. Les premières pièces de l’ex-célèbre frégate « La Concorde » utilisée en 1711 comme négrier avant que Blackbeard ne s’en empare en 1717 pour écumer les côtes de la Caroline, reposent aujourd’hui au Musée Maritime de Beaufort. Nous ne pouvions pas louper cette exposition qui, non seulement relate la flibuste d’autrefois, mais nous en apprend beaucoup sur les procédés de conservation des pièces une fois extraites du milieu marin où elles reposaient depuis des années.








Sur la route le Santa Maria nous double, des connaissances de Curaçao. Leur mât est déposé sur le pont, tout le côté tribord du bateau est enfoncé, les hublots à l’arrière sont rafistolés de bois. Ne croyez pas qu’il a été victime d’un acte de piraterie, non non rien de cela, c’est l’ouragan Irène qui ne l’a pas épargné cet été comme nous l’apprendra Mathias, très philosophe en nous disant à la VHF si notre bateau avait été en fibre nous n’aurions plus de bateau, alors il nous faudra retrousser les manches pour redresser, changer et souder de nouvelles tôles, mais notre maison flotte toujours !



A camp Lejeune nous retrouvons U5 et avons le temps de faire connaissance avec Nancy, Martin, Marie-Catherine (11), Loïc (9) et Anaïs (4) leurs trois enfants. Les mousses échafaudent déjà des plans, sautent dans l’annexe et font des navettes entre U5 et New Life chacun voulant montrer à l’autre son habitat et ses jeux. C’est décidé nous ferons route ensemble.



Wrightville était l’étape que les enfants attendaient avec impatience, Marvin nous disant tout au long du trajet : marcher sur une plage avec du sable qui me passe entre les orteils, ça me manque. Au couché du soleil, il nous sera impossible de les déloger de cette plage. Du sable en veux-tu en voilà, de la tête aux pieds, ils y en ont partout. Par chance, un robinet au ponton à dinghy nous permet de rincer notre équipe qui ne prête aucune attention à la fraîcheur de la nuit.








Puis nous passons deux jours à Southport pour laisser passer un gros front et soigner les rhumes qui se sont installés après la précédente étape plage. Aucun doute, nous approchons des fêtes, les mélodies Jingle Bells ou Merry Xmas, ding ding dong, enchantent les rues, les maisons, boutiques, parcs publics, se parant pour l’occasion.







Le pêcheur patient quant à lui, attend que le soleil disparaisse à l’horizon pour sortir avec son chalut dans la noirceur et le silence de la nuit, afin de ramener au petit matin des tonnes de crevettes qui enrichiront nos menus de fêtes.






Le front passé, nous quittons la compagnie d’U5 et de Mascaret, un autre bateau canadien avec trois enfants également, arrivés dans l’intervalle. La météo est favorable pour les prochaines 48 heures, nous faisons une étape à l’extérieur jusqu’à Charleston, histoire de dépoussiérer nos voiles et de soulager nos oreilles du bruit du moteur.



Une fois hors du chenal balisé, nous hissons les voiles, stoppons le moteur et laissons glisser, les dauphins saluant notre retour en mer en jouant avec l’étrave. Nous sommes vent arrière, allure que « Bébék Tutu » notre pilote aérien n’apprécie guère, il nous faut donc barrer, mais qu’importe, nous retrouvons les sensations du large, l’horizon loin devant ….. Nous soupons plus tôt que d’habitude afin de profiter des dernières lueurs du jour. Puis les quarts de la nuit s’installent Marvin restant un peu avec nous pour voir les premières étoiles s’allumer avant de s’installer devant un DVD, bien au chaud sous sa couette. En général je prends le premier quart ne réveillant le capitaine que si un doute s’installe où s’il faut changer de bord et faire des manœuvres sur le pont.



Bébek Tutu a pris du service, tout est calme à l’intérieur, une jolie brise nous pousse, je me laisse bercer en admirant la lune s’élever dans le ciel, seul le souffle occasionnel des dauphins me tient compagnie dans cet univers paisible. A 2heures du matin je réveille Thierry pour son quart qu’il prendra jusqu’au lever du jour, heureuse de sombrer dans mes rêves. Pour quitter sa couchette au milieu de la nuit, enfiler les polaires, gants, bonnets, bottes, il faut au minimum un thé chaud et une barre de chocolat, ce que le cap ne manque pas d’emmener avec lui lorsqu’il me relaie. Brrrr il fait froid me dira-t-il alors que moi, c’est plutôt Hum c’est agréable une couchette chaude. Au lever du jour nous inversons à nouveau les rôles. Quelque soit la météo ou les conditions de navigation notre moussaillon ne quittera les bras de Morphée que lorsque son estomac le lui dictera avec un maman j’ai faim.



Le lendemain en début d’après-midi nous arrivons en vue de l’inlet de Charleston que nous remontons péniblement, nous sommes contre la marée descendante. Un catamaran qui nous est familier nous double. C’est à grands cris et à grands sauts sur le pont que Cole, Cooper et Marvin se retrouvent. Nous avions rencontrés Tribe au printemps lorsqu’ils faisaient route vers le nord. Les enfants avaient passé d’excellents moments ensemble et avaient gardé le contact via internet. Les jeux du printemps reprennent là où ils s’étaient arrêtés.










Un prochain front est annoncé, la baie de Charleston n’est pas bien protégée par vent du Nord, le fort courant de marée dû à la proximité de l’inlet influence les bateaux qui tournent sur 360°. Nous levons donc l’ancre avant que la météo ne se dégrade et continuons notre route alors que Tribe et son équipage s’en vont en marina, ils ont des réparations à faire. On se retrouvera plus bas.



Nous nous abritons en remontant Mosquitos Creek au ponton de B&B Seafood. Lorsque Joe et Wicky arrivent avec Seabreeze, nous ne serons que trois voiliers dans ce petit coin perdu au milieu de nulle part où seules une lignée de boîtes aux lettres et des chevaux au champ dévoilent des habitations dans les parages, la première route étant à 34 miles. Au bureau du B&B Seafood, qui n’est qu’autre qu’une minuscule épicerie où - l’on peut boire un café ou partager une bière avec les pêcheurs pour autant que ce ne soit dimanche (eh oui, l’époque de la prohibition est loin, mais certains Etats appliquent encore la loi de la non vente ou consommation d’alcool le jour du Seigneur) - on peut également acheter de la crevette fraîche. Inutile de préciser le menu du soir.






Une fois le front passé, nous reprenons la route pour Beaufort, mais au Sud Caroline cette fois-ci. Lady Island Marina offre la gratuité pour deux heures sur leurs pontons, afin de se rendre au Publix qui est à 10 min. de marche je précise. Lorsqu’un supermarché est si proche, il faut profiter pour avitailler à nouveau, sinon le long de l’ICW c’est un peu galère. Les magasins sont à l’extérieur des endroits que nous traversons, les services de bus publics sont rares voire inexistants puisque l’américain ne se déplace qu’en voiture où qu’il aille, drive-in pour la pharmacie, la banque, la poste, les fast-food, le fleuriste, cinéma, etc. Un jour il faudra que je prenne des photos de tous ces Drive-In, c’est impressionnant. Donc en marchant le long des routes, on est parfois pris pour des extra-terrestres avec nos sacs d’approvisionnement sur le dos et régulièrement une auto s’arrête en nous offrant de nous ramener.



L’étape de Beaufort (SC) à Fernandina se fera par l’extérieur pour éviter les milles méandres peu profonds de la Géorgie qui ne manqueront pas de nous créer des soucis avec notre tirant d’eau de 1.80m. Cap donc au 212° sur la Floride avec des vents annoncés NE 15/20 nœuds c’est parti pour 24 heures de large.



Une fois dehors du chenal, les vents ne sont pas encore établis, les voiles se gonflent à peine, la mer est déjà houleuse, nous avançons moteur/voiles, ce qui fait râler le capitaine. Arrivés à quelques miles de Fernandina le lendemain au lever du jour, les vents annoncés la veille se lèvent enfin avec 24 heures de retard. La météo n’étant pas une science exacte on ne peut en vouloir à personne !



Rien de bien extra en ce dimanche à Fernandina. Une balade dans des rues désertes où Marvin se mesure aux pirates du coin avant de déguster une énorme glace. Lorsqu’il voit un propulseur dans vitrine, il s’interroge sur sa leçon d’histoire « La vie des chasseurs de rennes » et l’utilisation que les indiens d’Amérique en on fait de cette arme. Il faudra envoyer cette photo à mes copains de classe maman, c’est trop cool de voir un vrai propulseur.








Le lendemain, lorsque nous reprenons par l’ICW une décoration dans une propriété me surprend. Alors que Sophie la girafe fait la une des journaux et de l’actualité du fait que ce jouet populaire serait cancérigène pour les enfants, cet américain l’affiche fièrement dans son jardin, grandeur nature, comme un pied de nez aux nouvelles de ce monde. A-t-il des actions dans cette fabrique de jouets ou est-ce juste pour être en contradiction avec les actualités ? Allez savoir !







Cela fait déjà une semaine que, chaque jour, Marvin ouvre son petit chausson du calendrier de l’Avent et compte les jours jusqu’au 24.









A St-Augustine, les rues regorgent de cadeaux, de musique, de décorations. Nous nous retrouvons avec le joyeux équipage de Mascaret et terminons la soirée à bord devant une platée de spaghetti et en dégustant une spécialité canadienne, des bouchées cochonnes. Elisa, Romane, Victor et Marvin ont les yeux pétillants de bonheur après avoir été envoûtés par les chants de Noël que diffusent des haut-parleurs dans la ville, MERRY CHRISTMAS HO HO HO !









Nous ne pouvons rallier Titusville en un jour depuis St-Augustine, nous nous arrêtons donc à Rockhouse Creek où nous profitons d’aller nous dégourdir les jambes sur les immenses dunes de sable de Ponce de Léon, en recherchant les empreintes laissées par les animaux tout en espérant trouver des dents de requins fossilisées.








Arrivés à Titusville, le capitaine pique sa crise, la zone de mouillage est repoussée à perpète, remplacée par, au minimum, une cinquantaine de bouées payantes. Comme s’il pouvait y avoir 50 bateaux à la fois à Titusville ! C’est fou ce que le choses peuvent changer en 6 mois lorsqu’il s’agit d’empocher quelques deniers. La seule chose que la marina va récolter en agissant de la sorte, c’est qu’aucun bateau ne va passer plus d’une nuit ou deux, à la bouée puisque la baie n’est pas bien protégée, ils continueront leur chemin sans laisser plus qu’il n’en faut pour le ponton à dinghy, la douche, oublieront la petite échoppe de la marina, cela sans parler à longue échéance du manque à gagner pour les commerçants du coin. A facilités égales les bateaux chercheront un endroit mieux abrité pour de long séjour. Ce que nous faisons d’ailleurs en nous dirigeant sur Vero Beach pour y passer les fêtes de fin d’année en compagnie d’U5.



Voili, voilà, pour cette longue lecture juste avant les fêtes. Nous vous souhaitons à tous un JOYEUX NOEL 2011, une BONNE ET HEUREUSE ANNE 2012 et une EXCELLENTE SANTE en espérant que vos REVES LES PLUS FOUS deviennent UNE REALITE.







Avec nos meilleures pensées,


Les New Life en balade