samedi, 12 juillet 2008

L'IntraCostal Waterway (ICW) Beaufort à Norfolk, du 12 juillet 2008

Salut à tous,

Partis de Beaufort 14 juin 08, nous avons commencé notre remontée par l’ICW (IntraCoastal Waterway.



L’ICW peut paraître bien large par endroit, mais il n’est pas exclu d’y trouver des bancs de sable au milieu. Fort heureusement le balisage est irréprochable, le tirant d’air sous les ponts signalé à chaque fois ; aucun souci donc pour se laisser guider par le courant, suivant les balises tout en admirant la nature.



Oriental sera l’étape suivante ; une petite ville paisible où nous profitons de nous dégourdir les jambes tout comme les écureuils qui gambadent de toute part.



Chaque soir au couché de soleil, les pêcheurs de crevettes sortent, nous gratifiant d’un beau spectacle.



Des amis américains Maroth et Janice du bateau Antidote, nous avaient parlé d’un« petit coin de Suisse » aux US. Nous décidons donc de remonter la Neuse River depuis Oriental, jusqu’à New Bern. La ville est construite au confluent de la Neuse et de la Trent River. Elle a été découverte et nommée ainsi en 1710 par des colonisateurs suisses et allemands qui avaient à leur tête le Baron Christopher de Graffenried, de Berne, d’où son nom. L’origine du nom « bern » vient du mot allemand « bear » (ours) qui a la même signification en anglais. Vous ne serez donc pas étonnés de découvrir un peu partout en ville des ours, ainsi que le drapeau de Berne flottant un peu partout.



Il n’y a pas foule dans les rues du Conté de Craven, on a l’impression que tout fonctionne au ralenti. On tente de trouver un peu d’animation, on visite le musée des pompiers – qui fait partie des attractions locales - (nous sommes seuls), nous tentons les places de jeux pour notre moussaillon (4 enfants au grand maxi), nous continuons à déambuler dans la ville, en se demandant où sont passé les gens. Nous arrivons devant la pharmacie historique Caleb Bradham où a été concocté en 1898 le « Brad’s Drink », une mixture de sirop de coca, d’extrait de kola, et d’eau carbonique ce qui a donné naissance au Pepsi-Cola. A travers les siècles, nous découvrons l’histoire de ce soda. Rien de bien transcendant, mais bon il y avait 3 personnes dans la boutique ! Nous prenons un lunch en ville. Là encore, il y a dans le resto un autre couple et nous.

Dans un dépliant touristique, je vois pour ce soir (20.6.) au Tryon Palace concert RetroRock de 1800 à 2000, concert qui transportera son public paraît-il à travers les racines du rock en passant par Elvis et Buddy Holly. Super ce n’est pas trop tard, Marvin pourra nous accompagner, et on verra du monde. Hardi petit, en fin d’après-midi nous retournons à terre pour assister au concert et visiter par la même occasion le Tryon Palace, un château géorgien aux magnifiques jardins où les horticulteurs se sont inspirés des jardins de la reine en Angleterre. En nous approchant, nous entendons déjà des brides de musique… fifres et tambours… bizarre ! Une centaine de personnes réunies aux abords du Tryon Palace. Nous pensons à une soirée privée, pas du tout, on nous donne un programme en nous pointant où en est la soirée.

En entrant nous découvrons des gens en perruques, queues de pie, longues robes, des trappeurs habillés d’époque avec le produit de leur chasse sur les épaules. Tout ce petit monde écoute un discours. On nous regarde un peu bizarrement, nous sommes habillés à la mode 21ème siècle (tong et short). Nous pensons que c’est le début des festivités, je parcours discrètement le programme et m’aperçois que c’est une soirée remémorant l’histoire de la ville et ce au profit du Tryon Palace. Et notre concert rock alors ? Nous quittons cette assemblée discrètement.

Bon il est vendredi soir, il doit bien y avoir de l’animation quelque part dans New Bern. Nous retournons au Trent River Coffee où nous avions fait la connaissance de son tenancier, Ed Ruiz à qui nous demanderons de nous orienter. Bien nous a pris, puisque ce soir dans son établissement il y a une soirée irlandaise avec le groupe Silver Spire qui s’y produit. La musique irlandaise, c’est toujours sympa. Ed nous présente son tableau de consommations avec le « Tonight Special » il s’agit de café Costa Rica pur arabica, il y a aussi de l’expresso et du mocca. Voyant nos têtes, il s’empresse d’ajouter qu’il y a également du thé, si nous ne sommes pas amateurs de café. Nous commandons notre « special evening drink » et passons une bonne soirée. Ce sera bien la première fois que nous boirons du café en écoutant de la musique irlandaise !

Le lendemain, un gros orage nous fera quitter New Bern pour retourner à Oriental. Il est impossible de faire un tantinet d’approvisionnement à New Bern, les supermarchés sont à plus de 5 miles à l’extérieur, il n’y a pas de transport public, avec la chaleur (104°F = 40°C et l’humidité ambiante + de 82 %), nous n’avons aucune envie de marcher si loin.

Une nouvelle journée à Oriental avec une énorme glace pour Marvin et un peu d’approvisionnement, en précisant pour la petite histoire, qu’il est impossible d’acheter du vin le dimanche au supermarché, il refuse la vente de ce nectar le jour du Seigneur, c’est ainsi dans toute la Caroline du Nord, tout comme il est interdit de consommer de l’alcool sur la voie publique, quel que soit le jour de la semaine.



Le lendemain nous levons l’ancre, pour une étape de 43 miles jusqu’à Belhaven (beau port). La Palmico River est large sur une partie du trajet, nous en profitons pour faire un peu de voile, les vents étant favorables. Quelques heures après notre départ, le ciel s’assombrit, le vent monte, on sort les cirés, on prend un déluge sur la tête avec coup de tonnerre et éclairs, la visibilité sous le grain est mauvaise, on ne voit pas à 1 mile. Les Coast Guard lancent régulièrement à la VHF des avis spéciaux concernant les conditions météos ce qui fait qu’il n’y a aucune surprise et qu’on sait exactement ce qui va arriver, où et à quelle vitesse l’orage se déplace. Une fois l’orage passé, le soleil pointe à nouveau son nez, la chaleur devient épouvantable. Nous continuons en remontant la Pungo River au moteur cette fois-ci puisque plus étroite.

Nous pensions faire cette étape en deux fois, en nous arrêtant dans une crique sauvage sur le trajet. Les deux baies où nous projetions d’y passer la nuit étaient remplies de petites bouées, ne sachant pas si c’était des filets ou des casiers, nous avons préféré continuer. Nous sommes arrivés à Belhaven vers les 20h00. Dès notre arrivée, nous mettons les pieds sous la table, un poulet cuisiné sur le trajet n’attendait plus qu’à être mangé. Au mouillage nous retrouvons nos amis Gigi et Lulu de Roi Soleil.

Je profite de la laverie de Belhaven pour faire une grosse lessive (lavage/séchage 4US$).Les supermarchés ici aussi sont à quelques miles, il nous faut trouver un moyen pour faire des courses car là encore aucun transport en commun. La solution on l’a trouvée : croyez-vous qu’on fasse un peu tache au parking ?



Pour 5 US$ nous avons loué cette petite voiture de golf en se disant que : l’aventure c’est l’aventure, non ? On a bien rigolé avec Marvin en sortant du supermarché, avec le caddie remplit à ras bord. Comment allons-nous caser tout ça dans « coffre ». ? Il n’y a pas de coffre ! Thierry a un peu râlé, mais a fini par se joindre à l’humeur générale une fois que tout était en place, bien ficelé. Nous avons repris la route et sommes rentrés tout « guillerets ».



Belhaven est réputé pour son défilé et son feu d’artifice du 4 juillet (Independance Day). Pour cela il nous faudrait y rester une douzaine de jours supplémentaires. Pas grand chose à faire de plus ici, nous décidons de lever l’ancre et de continuer notre route. Au réveil le lendemain, on se croirait en Bretagne en automne.



Nous différons notre départ d’une journée. Jeudi 26 nous suivons la Pungo River sous génois et moteur jusqu’au canal d’Alligator River. Le capitaine est en permanence à la barre. Impossible de solliciter l’aide de notre pilote, électrique ou aérien dans les canaux. Il contrôle à tout moment le sondeur pour être sûr qu’il reste dans le lit de la rivière.



On croise parfois des barges,…



… qu’il nous faut éviter en serrant le plus possible les berges.

Marvin quant à lui ne coupe pas à sa corvée quotidienne : l’école. Pas d’excuse ici pour dire que le bateau gite ou que le temps est trop mauvais.



Toutefois on fait quelques pauses pour observer sur le balisage les nids des Osprey, le faucon local. Les petits, nés au printemps ont déjà une bonne taille, mais les parents sont encore là pour veiller sur eux.


Le long du canal d’Alligator River, nous ne pouvons que constater les cicatrices laissées par le passage de cyclones ou de tornades.



D’un côté de la rive, la nature est bien verte et les arbres en vie,



de l’autre tout a été rasé.



Nous nous arrêtons pour la nuit à la sortie de ce canal, au milieu de nulle part, « Deep pointe, mes deux hommes s’occupent à pêcher le crabe, avec un coup de poulet attaché à un long fil. Une fois bien accrochées à l’appât, ces petites bestioles ne lâchent prise qu’une fois hors de l’eau. Là il faut être rapides et bien entraînés – ce que nous ne sommes pas encore – car elles se débattent et retombent à l’eau, notre épuisette n’est en plus pas assez grande, ils perdent leurs prises à la grande déception de Marvin qui se voyait déjà les décortiquer pour le souper. La prochaine fois peut-être.

Le lendemain, plus de 50 miles à parcourir, alors debout avec le lever du soleil,


pour continuer sur Alligator River, jusqu'à son pont tournant cette fois-ci,


et remonter le Pasquotank River jusqu’à Elizabeth City. Quant à Roi Soleil, ils suivront la Virginia Cut, on se retrouvera plus tard.
Elizabeth City est désignée Welcome Harbour (Port de bienvenue).



La ville offre notamment 14 places gratuites pour 48h00, un petit bouquet de roses et un verre de vin, afin de souhaiter la bienvenue aux plaisanciers de passage, Incroyable.

Côté Riverside, il y a la plus grande base de Coast Guard de la région. Plusieurs avions nous survolent, à chaque fois, nous recevons un petit salut des ailes.



Sur le waterfront, beaucoup d’animation surtout le samedi avec un marché fruits et légumes, et un marché artisanal où nous rencontrerons notamment un artiste qui redonne vie à du bois flotté,



nous faisons de sympathiques rencontres, Marvin trouvant quelques copines (eh oui) pour jouer au foot. Il a, à nouveau de la peine à faire le premier pas, ça fait plus d’un mois qu’il est resté dans mes jupons ; bien que je n’en porte plus depuis longtemps !



Un nouveau front froid arrive et avons écoulé notre temps admis gratuitement aux pontons de la ville. Nous demandons à Siam (Harbour master) si moyennant paiement nous pouvons étendre notre séjour en attendant que le front passe. Aucun souci, vous pouvez rester ici le temps que vous souhaiter, sans payer quoi que ce soit, il n’y a de toute manière personne (1 ou 2 bateaux de passage), ce n’est pas la pleine saison, en plus votre petit bonhomme met un peu de vie dans le coin. Il faut dire que Marvin, qui peut aller-venir comme bon lui semble, n’arrête pas de faire le singe, de sortir trottinette, ballon de foot et autres, il n’a pas une minute, une fois l’école terminée bien sûr. En plus il vient de recevoir d’un voisin un énorme cerf-volant en forme de bateau de pirate (2m de long). Sur le gazon bien dégagé du waterfront c’est un régal de le faire aller. Je me demande parfois qui a le plus de plaisir : papa ou Marvin ?

Pour le shopping, il suffit de téléphoner à Farm Fresh qui se situe dans un môle commercial à 5 miles du port, en voiture ils viennent chercher les plaisanciers, leur laissant le temps de faire leurs achats avant de les ramener au port. Tous cela gratuitement. Au musée d’Albemarle nous apprendrons notamment l’histoire de la ville, du Dismal Swamp et de son canal que nous emprunterons pour rejoindre le Chesapeake en quittant Elizabeth City.

En passant le front froid nous a apporté un bon coup de vent, un peu de pluie, de beaux éclairs et coups de tonnerre. Une fois le front derrière, ne voulant pas abuser de l’hospitalité, nous quittons cette petite ville charmante. Bill et Pat des « recycleurs » du coin nous offrent, en apprenant notre itinéraire, trois tapettes à mouches car il paraît qu’on en aura besoin en traversant le Dismal Swamp canal !



La Pasquotank River continue, sinueuse et étroite, on peut en admirer sa beauté en profitant du chant des oiseaux, parfois on se dit qu’un moteur électrique ça ne serait pas plus mal côté silence.



Puis nous entrons dans le fameux Dismal Swamp Canal. Nous restons bien au milieu, notre tirant d’eau est pratiquement le même que celui indiqué sur les cartes. Il nous faut donc garder un œil permanant sur le sondeur, sans oublier de lever la tête de temps en temps, les arbres passant à quelques centimètres du mât.



Le Dismal Swamp est un refuge naturel pour la vie sauvage de plus de 109'000 acres de forêts et terres humides. Il abrite notamment quantité d’oiseaux, papillons, insectes. Il y a encore des opossums, renards roux, ratons laveurs, chats sauvages, cerfs, et ours noirs qui habitent cette forêt. Quant aux amphibiens et reptiles, ils sont bien présents. Inutile de préciser que ce n’est pas uniquement la couleur chocolat de l’eau qui nous a dissuadés de la baignade. Quant aux tapettes à mouches elles se sont avérées très utiles contre l’agressivité des mouches jaunes.

L’aventure humaine du Dismal a débuté il y a plus de 13'000 ans, avec les indiens, premiers natifs de l’Amérique qui s’y étaient installés, vivant de chasse et de pêche, jusqu’à ce qu’on les dissémine. Bien des années plus tard, en 1665 William Drummond, gouverneur de la Caroline du Nord a découvert, au cœur de cette forêt un lac, qui porte encore aujourd’hui son nom. C’est notamment sur ce lac que l’on peut profiter d’une grande colonie d’oies sauvages du Canada, d’oiseaux et de petits mammifères. Malheureusement, nous n’avons pas pu nous y rendre pour les admirer, ce tronçon de canal étant fermé pour cause d’incendie. Ça fait plus d’un mois que le Dismal Swamp est en feu, sans que personne ne puisse le maîtriser, la forêt brûlant par ses racines.

En 1763, George Washington, lors d’une visite dans le Swamp, a décidé de créer la Dismal Swamp Land Company, dont il s’est déclaré propriétaire, bien entendu, et d’y faire creuser un canal reliant la Caroline du Nord à la Virginie, à travers la forêt afin d’y faciliter le transport du coton, du bois ainsi que les échanges commerciaux en développant l’agriculture. En premier lieu c’est une ligne de chemin de fer qui a été creusée à travers la forêt,



puis le Dismal Swamp canal a été excavé, uniquement à la force des bras des esclaves. On imagine sans peine le boulot et l’énergie qu’il a fallu dépenser pour traverser ces milliers d’hectares de forêt sauvage, c’est un véritable délire.

Sur le canal, il y a deux écluses et ponts qui s’ouvrent en coordination à heures fixes. Ne pouvant faire les deux écluses le même jour, nous passons la première, celle de South Mills et restons la nuit au centre de bienvenue pour visiteurs.
En fait ce centre est une aire d’autoroute, partagée par deux mondes différents, puisque le canal longe sur une petite partie la voie rapide. Le contraste entre automobilistes et navigateurs est intéressant; il y a ceux qui se rendent d’un endroit à l’autre le plus rapidement possible, les autres qui se baladent au fil de l’eau, au rythme de la nature.

Le lendemain, avant de continuer notre route, nous visitons le petit musée du canal, qui nous apprendra beaucoup sur l’écosystème, la faune et la flore du canal, qui sera le thème du jour pour l’école.

La seconde partie du canal est moins drôle, nous devons passer à travers un épais mur de fumée, due aux incendies dans la forêt.



Nous nous protégeons en portant des bandanas humides pour éviter de nous intoxiquer.


Les mouches jaunes quant à elles envahissent l’intérieur du bateau cherchant un refuge hors de cette fumée. Nous ne passerons pas la deuxième nuit comme prévu à Deep Creek afin de prolonger notre balade dans le canal la fumée s’étendant jusqu’à cet endroit, Nous passerons donc pont et écluse,
continuerons notre route en lançant un dernier coup d’œil à la nature,



avant de pénétrer dans un autre monde : Le Chesapeake, plus exactement l’entrée à Norfolk.



La suite c’est pour bientôt. Avec nos meilleures pensées.

Les New Life en balade